Dans sa conférence intitulée «Le non-alignement : pour une diplomatie tunisienne multilatérale et souveraine», donnée, vendredi 21 août à l’hôtel Alhambra thalasso-Hammamet, le diplomate et écrivain Mezri Haddad est revenu sur la question de la souveraineté nationale qui fait, durant ces dernières années, l’objet d’une “destruction massive”, dit-il. Pour l’ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, qui revient après onze ans d’exil volontaire en France, "notre situation actuelle est la conséquence de dix ans de voyoucratie”.
Le philosophe qui a exprimé son indignation quant aux tentatives incessantes d'ingérence des Américains dans les affaires de la Tunisie, a considéré que “la diplomatie tunisienne a connu trois âges : l'âge d’or, l’âge de bronze et l’âge de pierre”. Ce dernier a été marqué, selon Haddad, par la décadence. La Tunisie a perdu, dit-il, son indépendance en janvier 2011.
Par ailleurs, l’ancien diplomate a souligné lors de sa conférence enrichie par une brève contribution de l’écrivain et historien Moncef Gouja, que “le monde de la globalisation est en voie de disparition. Il a disparu même”. Pour lui, on est en train d'assister à la naissance d’ “un monde multipolaire, équitable et juste”.
S’adressant à tous ceux qui “nous donnent des leçons sur la démocratie”, Haddad a indiqué dans son discours, auquel a assisté l’ambassadeur de Chine, Zhang Jianguo, que “la démocratie c’est le pouvoir et le contre-pouvoir, ceci dit, il faut qu’il y ait une puissance et une contre-puissance”. Il en est de même pour les rapports diplomatiques internationaux.
De son côté, Taïeb Zahar président du Forum international de Réalités, qui a animé le débat, a indiqué, dans son allocution introductive, que “la grande majorité des tunisiens revendique l'indépendance de nos choix en politique étrangère. Choix clairement définis par le père fondateur Habib Bourguiba. Choix qui ont fait de la Tunisie un pays non-aligné”.
Le directeur de publication de Réalités a souligné également devant une assistance nombreuse et intéressée qu'“aujourd'hui il faut avoir à l'esprit que la géopolitique mondiale a changé”. "Le monde, selon Taïeb Zahar, se transforme à une vitesse sans précédent”. Il s’agit d’un “monde caractérisé par l’émergence de centres de pouvoir et de sphères d’influence formels ou informels multiples, la montée en puissance de centres financiers régionaux, la disparition des monopoles de puissance de certains Etats donnant naissance à un Nouvel Ordre Mondial", dixit Zahar.