Aux commandes de l’équipe de France de 1976 à 1984, il a offert aux Bleus leur premier titre international lors du championnat d’Europe de football organisé en France. Il est mort le 26 mars, à l’âge de 87 ans.
Il est celui qui a ramené l’équipe de France dans l’élite du football mondial et offert aux Bleus leur premier titre international lors du championnat d’Europe de football organisé en France en 1984. Michel Hidalgo est mort le 26 mars, à l’âge de 87 ans. Il s’est éteint chez lui à Marseille, « naturellement, d’épuisement », selon sa famille contactée par la Franceinfo.
Joueur, dirigeant, sélectionneur, il a été un personnage incontournable du football français et aura marqué de son empreinte tous les grands succès qui ont façonné son histoire.
Joueur dans la mythique équipe de Reims, puis à Monaco, où il a terminé sa très honnête carrière, c’est surtout comme sélectionneur des Bleus, poste qu’il a occupé de 1976 à 1984, que le natif de Leffrinckoucke (Nord) le 22 mars 1933 a écrit sa légende.
Chef d’orchestre d’une génération exceptionnelle, incarnée par le « carré magique » Platini-Giresse-Tigana-Fernandez, il a mis fin à la traversée du désert du football français, douze ans d’absence au plus haut niveau, et surtout permis à la France d’inscrire pour la première fois son nom au palmarès d’une compétition internationale.
La victoire des « romantiques »
« Demain matin, ça sera peut-être difficile… Mais c’est une sorte de roman, et il y a cette histoire d’amour qui se termine avec une belle fin. » Pour son dernier match à la tête des Bleus, Michel Hidalgo ne pouvait effectivement espérer plus bel épilogue que ce succès à domicile face à l’Espagne et ce but de Michel Platini, inscrit avec l’aide bienveillante d’Arconada.
L’image du sélectionneur porté en triomphe par ses joueurs sur la pelouse du Parc des Princes n’effacera pas le souvenir de la tragique demi-finale face à l’Allemagne, à Séville, deux ans plus tôt, lors de la Coupe du monde 1982.
Mais elle marque la victoire des « romantiques », dont Michel Hidalgo fut l’incarnation, apôtre d’un football joyeux et offensif. « Je n’ai jamais parlé à mes joueurs de résultat. Jamais ! Je leur ai toujours dit de penser au jeu, les résultats viennent alors d’eux-mêmes, expliquait-il pour résumer sa philosophie. J’ai été joueur, entraîneur puis spectateur, j’ai toujours eu ces idées. Et tant pis si je passe pour un poète ou un ringard ! »
« Il était un rêveur, dira de lui Michel Platini dans un entretien au journal suisse Le Temps. Michel Hidalgo lui-même a su s’affranchir du système pour créer une équipe avec des joueurs qui comprenaient le même football que lui. »
Défenseur du droit des footballeurs
Un football appris dans les rues de Mondeville, dans le Calvados – où toute la famille avait suivi le père, ouvrier métallurgiste – avant de débuter sa carrière professionnelle au Havre. Mais un football véritablement révélé sous les ordres d’Albert Batteux, entraîneur de la grande équipe de Reims que Michel Hidalgo rejoindra à seulement 21 ans, et où il évoluera de 1954 à 1957.
Le plus souvent remplaçant, il disputera toutefois la finale de la première Coupe d’Europe des champions en 1956 contre le Real Madrid, et marquera même le troisième but rémois (défaite 3-4).
Il contribuera ensuite à l’émergence de Monaco sur la scène footballistique en remportant deux coupes de France (1960 et 1963) et deux championnats de France (1961 et 1963), avant de mettre un terme à sa carrière de joueur en 1966.
Michel Hidalgo aura aussi œuvré à la défense du droit des footballeurs : président de l’Union nationale des footballeurs professionnels pendant cinq ans (1964-1971), il est aussi à l’origine de la création de la FIFPro (1966), le syndicat international des footballeurs professionnels.
« Le milieu politique n’était pas le mien »
Il a aussi été le malheureux acteur de l’un des événements les plus insolites de l’histoire du football français. Le 23 mai 1978, veille du départ de l’Equipe de France pour l’Argentine, où elle doit disputer une Coupe du monde qui débute huit jours plus tard, il échappe à une tentative d’enlèvement en désarmant lui-même ses agresseurs, de piètres malfrats, qui reprochaient aux Bleus de cautionner la dictature militaire de Jorge Videla.
Après son triomphe de l’Euro 1984, Michel Hidalgo deviendra un homme très demandé. Il refusera un poste d’entraîneur au Real Madrid, mais aussi une offre de François Mitterrand pour devenir ministre des sports. « Ce milieu politique n’était pas le mien, je ne me sentais pas légitime », expliquera-t-il pour justifier son refus, tout en exprimant quelques regrets de ne pas avoir exploré un nouvel univers et satisfait sa curiosité personnelle.
En 1986, il quitte ses fonctions de directeur technique national et rejoint l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie, dont il sera manageur jusqu’en 1991. Sa condamnation à de la prison avec sursis dans l’affaire des comptes de l’OM marquera la fin de son implication dans le football professionnel. Mais il restera un personnage écouté et respecté. Celui qui a fait rimer beauté avec efficacité.
Michel Hidalgo en quelques dates
22 mars 1933 Naissance à Leffrinckoucke (Nord)
1954 à 1957 Joueur à Reims
1976-1984 Sélectionneur de l’équipe de France
1984 Les Bleus remportent le championnat d’Europe de football
1986-1991 Manageur de l’Olympique de Marseille
26 mars 2020 Mort à 87 ans
« Exemplaire d’humanité mêlant la bienveillance de l’éducateur à l’affection d’un père »
Michel Platini a réagi au décès de Michel Hidalgo : « Michel Hidalgo laisse un héritage considérable à l’Equipe de France. Il a reconstruit le football français au niveau international, aux côtés de Fernand Sastres et de Georges Boulogne, et ceci après plusieurs années de crise profonde. Sa vision et son travail vibrent encore aujourd’hui dans tous les matches de notre équipe nationale. Michel, comme sélectionneur, a porté l’Equipe de France au sommet de son art, en faisant avec détermination le choix du beau jeu et en permettant à chacun d’entre nous d’exprimer toutes nos qualités et nos talents individuels.
Je garde personnellement le souvenir d’un monsieur doux, pédagogue et sincèrement humaniste. Il était exemplaire d’humanité mêlant la bienveillance de l’éducateur à l’affection d’un père. Il m’a protégé avec douceur, m’a permis de m’épanouir sur le terrain et a fait partie de ceux qui m’ont permis de devenir le joueur que je suis devenu. Michel Hidalgo restera à jamais dans mon cœur.
Il y a quelques semaines, nous lui avions organisé une petite fête avec de très nombreux anciens de l’Equipe de France. Ce moment était à la fois très émouvant et joyeux. Et j’ai pu voir dans les yeux de mes coéquipiers combien il fût important pour chacun d’entre nous. Je pense que c’est un moment qui lui a donné beaucoup de bonheur. »
(Le Monde)