Mieux vaut en rire

Un mien ami, paix à son âme, homme de culture et journaliste talentueux s’était créé une rubrique sous le fameux pseudonyme de « Nabbar Chef » et l’explication donnée à ce choix était que la marque d’excellence du pays était le « Tanbir », pratiqué de la base au sommet.
Depuis son départ pour un monde meilleur, j’ai eu à vérifier la justesse de son choix, le phénomène étant devenu le sport favori des tunisiens et touche même certaines instances nationales en mal de légitimité.
Le communiqué rendu public par la Haica accusant le gouvernement de « non respect des principes d’équité et de transparence dans l’allocation à certains médias, sans aucun critère positif, des aides financières en cette période difficile de crise sanitaire » s’inscrit justement dans le cadre d’un Tanbir de très mauvais goût car comportant des contre-vérités qui visent à induire l’opinion publique en erreur.
Et il ne faut pas aller chercher très loin pour comprendre la raison ayant poussé cette instance à réagir de cette manière. La réponse est dans le deuxième point soulevé par le communiqué. La Haica déplore le fait de ne pas avoir été impliquée, en tant qu’instance de régulation, dans le processus d’octroi des aides et celui de la mise en place des normes fixant l’éligibilité aux aides financières.
Plusieurs questions se posent ici. D’abord de quoi se mêle-t-elle ?
Ensuite, comment le gouvernement se serait-il permis de composer avec un comité controversé pour avoir dépassé les délais légaux, la majorité de ses membres ayant dépassé les six années en infraction totale avec le décret 116, et la Haica n’a pas procédé au renouvellement du tiers de ses membres tous les deux ans, comme stipulé par le décret suscité, qui est l’unique référence légale de la Haica.
Ce qui veut dire que sa légitimité est finie, depuis assez longtemps, et qu’elle joue aujourd’hui les prolongations en se transformant en une « Recette », dont la mission est de ramasser de l’argent à travers des sanctions et des amendes infligées à certaines radios et télévisions où on ne relève aucun signe d’équité. Les sanctionnés sont généralement les mêmes ce qui dénote de l’absence de toute forme d’objectivité.
Dans son communiqué, la Haica, qui cherche à se mêler d’une question qui ne relève pas de son rôle d’instance de régulation et qui dépasse le champ de son action, accuse le gouvernement d’avoir favorisé des médias par rapport à d’autres et d’avoir ignoré les médias associatifs. L’instance s’est fait ainsi prendre en flagrant délit de désinformation.  Plus encore, ses accusations d’instrumentalisation lancées à l’égard des médias concernés par ces aides ont été mal perçues par les professionnels et leurs représentants syndicaux qui n’ont pas mâché leurs mots pour rappeler à l’instance qu’elle bénéficie de tout un budget financé par l’argent public pour couvrir ses dépenses, à savoir, des sièges prestigieux, des voitures de luxe et des salaires faramineux sans compter les recettes venant des amendes infligées aux médias.
Au moment où le secteur vit ses moments les plus difficiles, où la presse écrite est à l’agonie en raison de la pandémie et la solidarité de tous les intervenants est nécessaire pour sauver ce qui reste à sauver, Nouri  Lajmi & Co n’ont pas trouvé mieux que de se désolidariser du secteur pour des futilités. La décision des aides à fournir aux médias impactés par la pandémie a été prise par le gouvernement Fakhfakh et les négociations qui l’ont précédée ne relèvent pas des compétences de la Haica. Cette dernière a intérêt à se pencher sur la résolution de ses problèmes internes ainsi que sur sa relation avec le gouvernement, loin des médias, et à se concentrer sur la mission qui lui a été confiée à savoir la régulation du paysage médiatique.
C’est déjà une lourde tâche qui nécessite transparence, intégrité, équité, objectivité et surtout justice.
Paix à ton âme « Nabbar Chef », repose en paix, de beaux jours attendent les « nabbaras ».
Pour ma part, je préfère rire que pleurer de ce qui se passe dans nos murs.

F.B

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