Migrants irréguliers à Médenine : le calme est de retour

Depuis quelques jours, la tension règne à Médenine. Bien que la situation est revenue au calme, mais rien n’empêche de nouveaux rebondissements. Et pour cause, une situation qui ne cesse de s’amplifier au niveau du foyer pour migrants du nom « Al Hamdi » qui dépasse actuellement de loin sa capacité d’accueil.

Rappelons que depuis quelques années, suite au renversement des régimes de Ben Ali en Tunisie et de Gadaffi en Libye, le mouvement de la migration irrégulière a pris de l’ampleur dans les deux pays. Profitant de l’instabilité qui y a régné et du manque de contrôle aussi bien des frontières terrestres que maritimes, un afflux inédit de ressortissants des pays subsahariens n’a cessé de s’acheminer vers la Tunisie et la Libye en quête d’une opportunité pour franchir la mer et passer irrégulièrement sur les côtes européennes, surtout italiennes.

Du coup, c’est tout un commerce qui s’est développé, commandé par les passeurs et les contrebandiers qui se sont activés sur ce marché profitant des malheurs des centaines de milliers de jeunes subsahariens apprêté au pire à la recherche de conditions de vie digne. Ce commerce a transformé en quelques années seulement la méditerranée en un grand cimetière ou les cadavres, les restes de membres d’êtres humains gisent partout, emporté par les courant et ne savent pas où échouer.

C’est ainsi qu’un signal d’alarme n’a pas manqué d’interpeller tous les pays des deux rives. Désormais, il devient inacceptable pour eux de laisser des êtres humains mourir comme ça. D’un point de vue éthique, c’est une intention très noble qui s’est exprimé à travers les discours politiques des dirigeants occidentaux. Mais dans les faits, c’est plutôt d’autres intentions qui n’ont rien à avoir avec l’éthique qui se sont manifestés à travers les pratiques. Pour eux, la solution est de dresser un bouclier infranchissable qu’ils ont baptisé FRONTEX et empêcher quiconque de songer à s’aventurer vers leurs frontières.

Et comme si cela ne suffisait pas, il faudrait renforcer les capacités des pays de la rive sud, la Libye en l’occurrence pour avorter toute tentative de migration irrégulière vers l’Europe. Et l’on connaît très bien les horreurs subis par ces migrants une fois interpellés en territoire libyen ou en mer.

Le cas de la Tunisie est manifestement très diffèrent de celui de la Libye. En effet, la Tunisie a adopté, dès le début, une politique des portes ouvertes. Elle n’a jamais empêché quelqu’un d’entrer dans son territoire et elle n’a jamais, depuis 2011, eu recours au refoulement, contraire au droit international.

Respectueuse des droits humains, la Tunisie a même permis l’établissement de deux foyers d’accueil à Médenine, qui répondent aux standards internationaux en la matière. L’un du nom d’Al Hamdi, d’une capacité d’accueil de 100 personnes, est réservé aux migrants irréguliers. Il est financé par l’OIM et géré par le Croissant Rouge Tunisien. Le second du nom d’Ibn Khaldoun, d’une capacité d’accueil de 160 personnes, financé par l’UNHCR et géré par ses différents partenaires dont le Conseil Tunisien pour les Réfugiés.

Les derniers mois ont connu un afflux important de migrants érythréens en provenance de la Libye. Face à cet afflux, le foyer Al Hamdi a atteint sa pleine capacité, chose qui a contraint de transférer un nombre important d’entre eux vers le foyer Ibn Khaldoun, qui est en principe réservé aux réfugiés et demandeurs d’asile. La conséquence est que les deux foyers ont atteint un stade de saturation. Ajouté à cela les arrivées des bateaux de sauvetage en mer, qui deviennent à partir du printemps de plus en plus fréquentes, on comprend bien comment la situation devient invivable.

Bien entendu, dans ce genre de situation, le malaise ne peux que régner, aussi bien parmi les concernés, réfugiés et migrants confondus, que parmi la population locale. C’est pourquoi des protestations de part et d’autre ont généré suite à un incident passager entre un migrant et un jeune tunisien. L’intervention des autorités régionales, à leur tête le gouverneur de Médenine, Mr Habib Chaouat, a pu mettre un terme à la tension, dans l’attente de solutions plutôt politiques de la part du gouvernement, par l’adoption d’une stratégie nationale de la migration et d’une loi nationale sur l’asile.

 

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