Lassâad Ben Hassine n’a pas la langue dans sa poche. Tout le monde le sait. Dans une interview accordée au journal Echourouk, le 19 mai, il n’y est pas allé par quatre chemins. Alors encore à la tête de la Maison du Roman, Ben Hassine a mis à nu les défaillances dont souffre l’institution qu’il dirigeait, notamment le manque de financement. Il a pointé du doigt le ministère de tutelle qui semble avoir d’autres chats à fouetter. Le romancier n’a pas ménagé la ministre des Affaires culturelle Hayet Ketat Guermazi en lui disant ses quatre vérités. Pour Ben Hassine, la ministre agit “sans planification et fait la sourde oreille aux réclamations des professionnels du secteur”. A-t-il franchit la barre ? Il semble que oui. La réponse de la ministre n’a pas tardé… Quelques jours plus tard, Ben Hassine se trouve envoyé sur les roses.
Il se peut que son limogeage de la “Maison du Roman” le 27 mai, ait surpris tout le monde, mais pas lui, absolument. En tout cas, le directeur écarté sait, jusqu’à présent, raison garder. Il fait toujours silence radio. Par sagesse ou par impuissance ? Peu importe, pour lui, le mal est déjà fait.
Mais quelle mouche a piqué Mme Hayet Ketat Guermazi pour qu’elle prenne une telle décision à l’encontre d’une “référence” dans son domaine ? Il l’a sévèrement critiquée ? Et alors ? C’est ce que fait tout le monde aujourd’hui dans ce pays ! C’est devenu un sport national. A priori, rien ne justifie cette “éviction” du premier responsable d’une “Maison” qui rassemble artistes, créateurs et critiques.
Qualifiée d’excessive, injustifiée, précipitée et surtout revancharde, cette mesure inopinée a suscité un tollé général dans les rangs des artistes et acteurs culturels. Une effervescence qui s’est traduite par le lancement, par un collectif d’artistes, d’une pétition en ligne dans laquelle plus d’une centaine de signataires dont des personnalités de premier plan du secteur culturel, ont exhorté “les hautes autorités de l’Etat” à revenir sur cette décision et exprimé leur refus de “la politique de répression des voix libres”. Mme la ministre, le ver est dans le fruit.
A bon entendeur !