Le Fonds Monétaire International (FMI) a rendu public son rapport sur la 5ème revue du programme de réformes économiques engagés par la Tunisie. La mission a débuté le 11 juillet et elle a pris fin ce mercredi 17 juillet 2019. C’est dans ce cadre qu’une conférence de presse a été organisée ce mercredi à Gammarth en présence du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane Al Abassi, et du chef de la mission du FMI en Tunisie, Bjorn Rother. Le rapport, présenté par ce dernier, a été élaboré après plusieurs semaines de travail et c’était aussi l’occasion de clôturer la visite technique du FMI en Tunisie pour cette 5ème revue. C’était l’occasion pour le représentant du FMI de revenir sur l’avancement de la Tunisie en matière de réformes économiques.
Objectif : un déficit budgétaire de 3,9% du PIB en 2019
Le pays, selon Bjorn Rother, suit désormais une logique de stabilisation macroéconomique. Il a rappelé que l’économie tunisienne a été marquée par l’accroissement des vulnérabilités, à l’instar de l’endettement public, de l’endettement externe ou encore de l’inflation (2017 et 2018). Il a souligné l’effort tunisien en matière d’ajustement budgétaire. « Le déficit représentait 6% du PIB. En 2018, cette part est descendue à 4,6% et on table pour 3,9% pour 2019 », a-t-il précisé, ajoutant que cet ajustement budgétaire a été mis en exécution par le biais d’une approche volontariste de la part de la Tunisie. L’accent, dans ce contexte, a été mis sur les investissements publics et sur les politiques sociales qui ont profité aux familles démunies.
Sur le plan monétaire, la hausse du taux directeur de la BCT a permis, selon Bjorn Rother, de diminuer le volume des crédits et, par conséquent, de faire baisser l’inflation. Concernant le dinar, celui-ci s’inscrit désormais, rappelle le responsable du FMI, dans l’optique d’une flexibilité sur le marché des changes. L’objectif, en théorie, était de soutenir les exportations par le biais d’un dinar compétitif. Or, sur ce point, force est de constater l’énorme déficit qui marque encore la balance commerciale tunisienne. Au premier semestre de 2019, celui-ci a atteint 9,8 milliards de dinars selon l’Institut National des Statistiques (INS). Sur ce point, Bjorn Rother rappelle que les mécanismes liés à la dépréciation du dinar nécessitent du temps pour que les résultats soient visibles.
Nécessité d’accélérer les réformes structurelles
D’autre part, sur le plan de la croissance économique, le FMI, selon le chef de sa mission en Tunisie, va aider à renforcer les piliers d’une croissance inclusive et bénéficiant à tous les tunisiens. Malgré ces points positifs, Bjorn Rother note l’existence d’un ensemble de risques qui pourraient peser sur l’économie du pays. Il évoque, tout d’abord, le ralentissement de la croissance économique. Pour y remédier, il insiste sur la nécessité d’accélérer les réformes structurelles, ce qui permettra au secteur privé d’incarner son rôle de moteur du développement économique. D’un autre côté, il considère que la hausse de la valeur du dinar rendra les choses plus difficiles en ce qui concerne l’amélioration de la balance courante.
Une croissance économique autour de 2%
Toujours sur le plan des risques, selon le document du FMI dont nous disposons et qui a aussi été relayé par nos confrères d’Ilboursa (lien ci-dessous), l’institution internationale souligne que la croissance sera autour des 2% au plus, et ce en raison des faibles performances de l’industrie durant les derniers mois. Elle évoque, aussi, la hausse du cours du pétrole et la croissance en berne chez les partenaires économiques de la Tunisie. « Ces tendances rendent encore plus impérieuse la poursuite de la mise en oeuvre des politiques macroéconomiques déjà engagées », lit-on dans le document du FMI relayé par Ilboursa.
D’autre part, l’effort social du gouvernement a été salué aussi bien dans le rapport que lors de la conférence de presse de ce mardi. Le FMI considère, dans ce cadre, que la politique monétaire du pays doit rester orientée vers la réduction de l’inflation qui érode le pouvoir d’achat. Elle doit aussi être orientée vers la flexibilité des paiements courants et des réserves.