Le forum « Réalités » a consacré le débat de la soirée du 23 avril 2015 à un thème crucial, à savoir le « Partenariat Public-Privé » comme vecteur important pour l’impulsion de l’investissement européen en Tunisie au cours de la prochaine étape. Le projet de loi attendu, depuis maintenant un certain temps, a dû rester dans les tiroirs de l’ANC et figure parmi les projets prioritaires qui seront soumis à l’ARP (assemblée des représentant du peuple). Il est en même temps un projet qui provoque une vive polémique, notamment au sein de l’UGTT, qui le confond à une volonté de l’Etat de se débarrasser d’un pan de l’activité économique au profit du secteur privé.
A cet effet, Mme Laura Baeza, ambassadeure de l’Union européenne en Tunisie a fait une intervention intitulée : « comment libérer le potentiel de l’investissement européen en Tunisie à travers les PPP? »
Préoccupation majeure pour relancer les économies, aussi bien en Europe qu’en Tunisie, cette question, figure en bonne place dans le calendrier du nouveau Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Mme Laura Baeza a fait savoir que ce dernier a lancé, au début de son mandat un « plan d’investissement pour l’Union européenne » visant à accroître l’investissement et mettre l’Europe sur la voie d’une reprise économique soutenable et durable.
Et d’ajouter que « Ce souci est partagé par la Tunisie qui considère la relance de l’investissement comme l’une de ses priorités et l’a incluse dans le programme de son gouvernement pour les 100 premiers jours. »
Pour l’ambassadeure de l’UE à Tunis, le changement d’appellation du ministère du Développement et de la coopération internationale en ministère du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, en fournit la preuve. « Ce n’est pas un changement sémantique mais un signal politique fort donné à la communauté internationale, que la Tunisie place désormais l’investissement au cœur de ses politiques », affirme-t-elle.
Le stade avancé atteint dans l’élaboration d’un nouveau code, portant encouragement de l’investissement, est un signal positif, d’autant plus que ce projet sera axé sur la simplification des procédures pour mieux dynamiser les investissements, comportant des incitations destinées particulièrement aux régions les plus défavorisées.
Pour Mme Laura Baeza, ce forum intervient à point nommé pour examiner de plus près ce nouvel instrument. Dans un contexte difficile pour les finances publiques et de baisse d’investissements, le Partenariat public privé (PPP) se présente comme modalité de financement et de réalisation de projets à intérêt public avec un apport déterminant du secteur privé en termes d’innovation, créativité, efficacité et rentabilité.
Les PPP pourraient, en effet, stimuler les prestations des services publics tout en réduisant les pressions budgétaires comme cela a été démontré dans de nombreux pays en Europe.
Pour l’ambassadeure européenne, « faciliter le partenariat entre le public et le privé est aussi un bon moyen d’attirer de nouveaux investissements européens en Tunisie. Mettre en place un cadre juridique adéquat pour les PPP permettra de rétablir la confiance sans laquelle rien ne peut se faire et d’attirer de nouveaux IDE européens en Tunisie. »
Il faut préciser que cette thématique a été incluse parmi les mesures du 3e Programme d’appui à la relance (PAR3) doté de 110 millions d’euros, pour inciter le gouvernement à introduire des réformes économiques et de gouvernance à même de soutenir la relance économique du pays.
L’ambassadeure a indiqué que ce dossier a été à l’ordre du jour de la dernière réunion du conseil UE-Tunisie pour l’entrepreneuriat qui a eu lieu les 12 et 13 mars 2015 ici à Tunis. Cette conférence a permis d’échanger des points de vue et expériences en Europe et dans plusieurs pays et régions du monde.
Mme Laura Baeza a indiqué que « les membres du Conseil et les participants ont mis en exergue la nécessité d’accélérer l’adoption du projet de loi par l’ARP et de développer les PPP en Tunisie qui pourraient permettre d’améliorer les services fournis aux citoyens dans les régions. »
Au cours de ces discussions une question a polarisé l’attention : bien choisir et étudier les premiers projets de PPP pour qu’ils soient des « success stories » capables de mobiliser l’intérêt du secteur privé et le rassurer.
L’ambassadeure a conclu son intervention en estimant que, « le PPP n’est pas le seul outil : le code d’investissement doit aussi jouer un rôle important dans la promotion de l’innovation et de la montée en gamme du « made in Tunisia ».