Dans un statut publié sur son profil Facebook, l’expert en économie Moez Joudi a affirmé que Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), a quintuplé son salaire, qui est désormais de 28 000 TND par mois.
Contacté par Réalités Online, L’économiste a réaffirmé ses propos. « Je le confirme. Le dernier conseil d’administration de la BCT a validé cette augmentation du salaire du gouverneur », a déclaré Moez Joudi, qui a ajouté que « Chedly Ayari a, au départ, réclamé 30 000 TND, sachant qu’il touchait le salaire d’un ministre, soit environ 4 500 TND ».
L’économiste pointe du doigt la réforme de la Banque Centrale, rappelant qu’elle ne change aucunement le statut de la banque qui demeure une institution publique. « Chedly Ayari a changé la composition du Conseil d’administration de la BCT, plaçant des personnes qui lui sont proches, qui ont fini par valider l’augmentation salariale qu’il souhaitait », a révélé Moez Joudi.
« Ce n’est pas le moment, c’est une mesure scandaleuse. Comment peut-on quintupler un salaire dans une institution publique, dans un contexte aussi difficile ? », s’est-il indigné, soulignant que ceci pourrait provoquer un effet domino dans les autres institutions de régulation. « Aujourd’hui, c’est la BCT. Un autre jour, le président du Conseil du Marché financier ou celui du Conseil de la concurrence pourraient réclamer, à leur tour, une augmentation ».
« C’est une mesure plus que scandaleuse. J’assume ce que j’ai déclaré et je demande l’ouverture d’une enquête. Ces pratiques sont inacceptables, sachant que le gouverneur de la BCT profite déjà d’un salaire de ministre et de plusieurs autres privilèges. À quoi bon critiquer le régime de Ben Ali dans ce cas ? C’est un semblant de détournement de fonds« , a déclaré Moez Joudi.
Autre élément fustigé par l’économiste : la dépendance de la BCT. « Le gouverneur continue de penser que l’institution est indépendante. Ce n’est pas du tout vrai, car c’est toujours la BCT qui finance indirectement les besoins de financement du budget de l’État. », a souligné l’expert.