Dans une déclaration aux médias, Mohamed Salah Souilem, directeur général de la politique monétaire au sein de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a souligné que la baisse du dinar s’explique, entre-autres, par les analyses des économistes et des hommes politiques. Réagissant à ces propos dans une déclaration à Réalités Online, Moez Joudi a exprimé son étonnement. « Mohamed Salah Souilem est quelqu’un de respectable. Néanmoins, on ne peut affirmer que les économistes et les politiques sont l’une des causes de la chute du dinar. Nous sommes dans une démocratie et chacun a le droit de livrer ses analyses. Les experts économiques sont jugés crédibles par l’opinion publique et les journalistes. C’est la BCT qui est responsable puisqu’elle s’occupe de la politique monétaire », déclare l’économiste.
« Le manque de réactivité de la BCT »
D’après Moez Joudi, la défaillance se situe au niveau de la politique de communication de la BCT. « Elle est restée silencieuse pendant une semaine après la sortie médiatique de l’ancienne ministre des Finances, Lamia Zribi. Or, entre-temps, c’était le désordre et la panique sur le marché », souligne-t-il. Les organes de l’État ont failli d’après l’expert, qui estime que le silence de la BCT suite aux déclarations de Lamia Zribi a trop duré, laissant le dinar tunisien entre les griffes des spéculateurs qui, selon Joudi, ont énormément gagné sur le dos de l’État.
Chute du dinar : défaillance de la politique monétaire de la BCT depuis 2012
D’autre part, Moez Joudi estime que Lamia Zribi n’est pas la seule responsable de la dégringolade de la monnaie nationale. Cette monnaie, rappelle-t-il, reflète la santé économique du pays. « Le dinar est en train de chuter depuis 2012. De fait, nous n’inspirons plus confiance et nos entreprises ont perdu de leur compétitivité, sans compter le déficit de la balance commerciale. Les déclarations de Lamia Zribi ont juste jeté l’huile sur le feu et ont conduit à l’accélération de la chute de la monnaie. Or, elle ne pouvait se permettre de faire une telle sortie à un moment aussi délicat », explique-t-il, ajoutant que le BCT, pour sa part, n’est plus capable de soutenir le dinar. « L’institution n’intervient plus sur le marché des changes à la demande du Fonds Monétaire International (FMI) », affirme Moez Joudi.
« La méfiance des opérateurs économiques vis-à-vis de Chedly Ayari »
« Chedly Ayari devrait-il démissionner ? ». Réagissant à cette question, Moez Joudi a préféré nuancer. « Ce qui compte, c’est l’intérêt de la Tunisie ». Cependant, il n’a pas vraiment été tendre avec le gouverneur de la BCT. « Il [Chedly Ayari] n’assume pas son poste comme il se doit. La politique monétaire est défaillante et la BCT n’arrive plus à assurer son rôle de Gardien du Temple. Le gouverneur de la BCT doit être quelqu’un qui inspire confiance. Est-ce le cas de Chedly Ayari ? Posez la question aux opérateurs économiques et ils vous le diront ! Il est perçu comme quelqu’un d’archaïque », lance encore l’expert.