Les propos du président de la République, Béji Caïd Essebsi, concernant Ennahdha risquent d’attiser les tensions entre Nidaa Tounes et le parti islamiste. « Le président doit, normalement, être au-dessus des partis politiques. Il doit rassembler les tunisiens et non les diviser, chose qu’il n’a pas faite », déclare à Réalités Online Mohamed Ben Salem, dirigeant au sein d’Ennahdha, ce mercredi 6 septembre 2017.
La popularité de son parti, poursuit-il, n’a pas besoin d’être prouvée, étant donné qu’il a pu convaincre un grand nombre de tunisiens. « Notre rôle ne consiste pas à convaincre nos adversaires politiques », précise-t-il. Mohamed Ben Salem considère que Béji Caïd Essebsi a divisé les tunisiens avec son annonce sur l’égalité successorale du 13 août 2017. « Pourtant, il n’y a eu aucune revendication sociale ! Son rôle, conformément à la Constitution, est de garantir l’unité de la société et de l’État, ce qui n’a pas été respecté », explique-t-il. Ennandha, d’après Mohamed Ben Salem, est bel et bien un parti civil et il lui incombe de convaincre les tunisiens de cette question.
« Entre Nidaa et Ennahdha, un mariage d’intérêt et non d’amour ! »
Peut-on évoquer les prémices d’un divorce entre Nidaa Tounes et Ennahdha ? Réagissant à cette question, le dirigeant nahdhaoui affirme que nombreux sont ceux qui souhaitent voir ce divorce se concrétiser. « Quand on parle de divorce, il y a un mariage et c’est un mariage d’intérêt qui a été organisé et non d’amour ! Un mariage pour l’intérêt de la Tunisie », précise-t-il.
Ennahdha, selon Mohamed Ben Salem, est convaincu de la nécessité de s’unir pour faire face aux problèmes de la Tunisie. « Plus il y a de bras, mieux ce sera », dit-il. C’est la conjoncture du pays, en d’autres termes, qui a poussé le parti islamiste à accepter la coalition au pouvoir. « Cette proposition n’émane pas de nous, mais de Nidaa Tounes. La Constitution stipule que c’est le parti vainqueur des élections qui est habilité à formuler ce genre de propositions », affirme-t-il encore.
Remaniement ministériel : « tout ministre corrompu doit être exclu »
Interpellé sur la possibilité de l’exclusion d’Ennahdha du gouvernement dans le cadre du prochain remaniement, Mohamed Ben Salam considère que la question n’est pas à l’ordre du jour « à sa connaissance ». Ce qui importe, enchaîne-t-il, est de présenter des propositions qui vont dans l’intérêt du pays. « Si c’est le cas, nous serons favorables à ces propositions, que nous soyons dans ou en dehors du gouvernement », assure-t-il.
Toujours pour tacler Nidaa Tounes, le dirigeant nahdhaoui rappelle que son parti a toujours défendu le gouvernement et ses projets de loi. « Durant plusieurs séances plénières, pas plus de 25 députés de Nidaa Tounes ont voté en faveur des textes de loi proposés par le gouvernement », dit-il à titre de comparaison. Et de conclure sur la question du remaniement : « nous sommes prêts à toutes les propositions. Nous vivons dans une démocratie. Quiconque est soupçonné de corruption doit être mis à la porte ».