Moncef Cheikhrouhou : « sans croissance, aucun investisseur ne risquera son argent! »

« L’Etat a l’obligation d’investir dans des projets lucratifs »

« Pour pouvoir trouver des solutions face à la crise, il faut se focaliser sur nos points forts », c’est ce qu’a déclaré Moncef Cheikhrouhou dans l’émission Expresso, mardi 6 septembre 2016. Le professeur d’économie à HEC Paris a souligné la réussite démocratique de la Tunisie. « Le pays s’est procuré une source de lois qu’est la Constitution. Il a organisé des élections. Tout est en construction », a-t-il précisé. Néanmoins, selon Cheikhrouhou, cette réussite sur le plan politique n’a pas connu son équivalant sur le plan économique. « Aucun des gouvernements n’a réussi à concrétiser l’objectif ultime, à savoir la croissance, et sans cette croissance, la situation des travailleurs ne pourra pas s’améliorer », a regretté l’économiste, ajoutant qu’il est vital de créer de la richesse dans les entreprises. « Sans la croissance dans les entreprises, aucun investisseur ne risquera de placer son argent en Tunisie », a-t-il déclaré.

Les contrebandiers se portent nettement mieux…
Cheikhrouhou poursuit en insistant sur l’importance de revaloriser la croissance nationale et l’économie formelle. « Les contrebandiers se portent nettement mieux que ceux qui investissent dans l’industrie ou dans le tourisme », a-t-il dit.
« Pourquoi les entreprises de l’État n’effectuent pas les calculs nécessaires afin d’éviter les déficits ? Où sont les ministres concernés et les commissions élues dans tout cela ? », s’est interrogé Moncef Cheikhrouhou.
La politique économique de l’exécutif, , est le facteur principal qui permettra à la Tunisie de sortir de la crise, à travers une bonne politique monétaire et une bonne loi des finances. L’État doit montrer l’exemple en matière d’investissement et il a l’obligation d’investir dans des projets lucratifs, car sans cela, aucun investisseur, qu’il soit tunisien ou étranger, ne placera son argent en Tunisie.
Par ailleurs, sur la question du commerce parallèle, le professeur a déclaré que les contrebandiers ne sont pas les seuls responsables. « C’est également la faute de ceux qui ont fait de Ben Guerdane un pont reliant la Tunisie à la Libye. C’est une bonne chose en soi, mais on connaît les dérives, en particulier le terrorisme ».

Miser sur l’investissement public et élaborer un bon plan d’affaires
Selon Moncef Cheikhrouhou, il est vital pour la Tunisie de mettre en place des plans d’action portant sur ses dépenses et ses rentrées afin de convaincre ses créanciers. « La Tunisie doit également miser sur l’économie numérique, mais pas que : notre administration doit également être réformée », a déclaré l’économiste.
Il a également évoqué la coopération entre les secteurs privé et public. « Il faut que les deux parties soient gagnants dans les projets entrepris : l’investisseur et l’État. On ne peut pas annoncer une grande conférence sur l’investissement alors que l’on ne dispose pas d’un plan d’affaires clair et d’un code d’investissement. La première chose qu’un investisseur va faire avant d’investir, c’est étudier ces deux éléments », a-t-il prévenu.
D’autre part, Moncef Cheikhrouhou a souligné l’importance du secteur tertiaire, qui regroupe les services et les TIC. « L’État doit absolument miser sur ce secteur afin de redonner espoir aux jeunes », a affirmé l’économiste, qui a conclu : « il faut, en toute urgence, mettre en place un plan d’affaires. Si l’on investit un million de dinars par exemple, il faut être sûr qu’il va nous rapporter des bénéfices et non le contraire ».

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