L’ancien président provisoire de la République tunisienne, Moncef Marzouki a déclaré que « les mesures prises par le président de la République, Kaïs Saïed à son égard concernant le retrait de son passeport diplomatique et l’autorisation de le poursuivre devant la justice pour des accusations de complot contre la sûreté de l’Etat constituent avant tout des représailles et n’entrent pas dans le registre politique« .
Dans un entretien accordé à Al Jazeera.net, il a à cet égard démenti toute ingérence pour annuler le sommet de la Francophonie en Tunisie.
« Je n’ai jamais interféré avec les Français pour annuler ce sommet, et je n’ai interféré ni contacté aucune partie, a-t-il répété. Tout ce que j’ai fait, c’est d’exprimer ma position et d’écrire sur ma page facebook que tout pays démocratique qui accepte d’assister à cette Conférence signifie qu’il soutient le coup d’Etat. »
Et Marzouki d’ajouter: « Je n’ai pas dit que je suis fier d’être intervenu auprès des Français pour annuler le sommet de la Francophonie. En vérité, je suis en France pour des raisons familiales, mais j’attends le bon moment pour retourner en Tunisie. Je serai dans la rue avec les gens à mon retour en Tunisie, mais à condition que cela ne soit pas considéré comme une tentative de retour au pouvoir, car c’est là l’accusation toute faite qui m’attend. »
L’ancien chef provisoire de l’Etat a souligné la nécessité pour le président de la République, Saïed d’accepter ce qu’il appelle un retour en arrière.
« Ce n’est pas là un retour en arrière, mais le parlement doit reprendre ses activités, se réunir, accepter de rédiger une nouvelle loi électorale et élire un nouveau parlement dans le cadre d’élections législatives anticipées, libres et équitables supervisées par la commission électorale. Dans ce cas, si Kaïs Saïed obtient la majorité au parlement, il sera en droit d’organiser un référendum pour la révision de la Constitution. La seule solution consiste d’ailleurs au retour du parlement qui peut donner confiance à ce gouvernement malgré sa faiblesse, au moins pour qu’il puisse résister, discuter et négocier avec les parties étrangères, car sans reconnaissance et sans légitimité, il ne sera pas accepté à l’étranger« .
* »Le gouvernement Bouden est composé de personnalités connues pour leur loyauté envers l’ancien régime et le RCD »
« Dans ce cas, si Kaïs Saïed obtient la majorité au parlement, il sera en droit d’organiser un référendum pour la révision de la Constitution », a-t-il estimé.
« La seule solution est le retour du Parlement, qui peut donner confiance à ce gouvernement malgré sa faiblesse, au moins pour qu’il puisse résister, discuter et négocier avec les parties extérieures, car sans sa reconnaissance et sans légitimité, il ne sera pas accepté à l’étranger. C’est le peuple qui a élu ce système. Alors, laissez-le assumer la responsabilité de son erreur et assumer l’idée qu’il n’a pas fait le bon choix. Le parlement n’a pas été imposé au peuple, mais plutôt le résultat d’un processus électoral par le peuple. Donc, de nouvelles élections doivent être organisées, et le peuple doit assumer sa responsabilité cette fois en n’élisant pas les corrompus. Les élections précédentes n’étaient pas fausses et le peuple n’a jamais été forcé d’élire ce système. Mais, cette fois, il doit bien choisir et bien réfléchir avant de voter et assumer ses responsabilités« , a-t-il renchéri.
« Le gouvernement Najla Bouden est illégitime, a-t-il soutenu. Il est composé de personnalités connues pour leur loyauté envers l’ancien régime et le Parti constitutionnel démocratique (RCD).«
H.A.