Dans une tribune au «Monde», intitulée «Halte aux discours de haine qui attisent le choc des civilisations», Moncef Marzouki, ancien président de la République Tunisienne analyse l’essor exponentiel qu’aient connu l’extrémisme et le terrorisme dans le monde.
Revenant à la récente attaque menée contre le journal français «Charlie Hebdo» Moncef Marzouki s’est indigné contre l’intolérance des français. «Dire aujourd’hui en Europe ‘je suis contre la violence jihadiste mais je ne suis pas Charlie’, ne passe pas plus que de dire dans le monde arabo-musulman ‘je condamne les caricatures mais je refuse qu’on tue les journalistes’» explique-t-il.
Par ailleurs, l’ancien président de la République pointe du doigt la méthode de traitement deux poids deux mesures de la question des victimes du terrorisme. «Les attentats terroristes n’ont jamais été aussi nombreux et meurtriers, mais les Occidentaux ne comptabilisent que ceux dont ils sont les cibles, oubliant que la majorité des victimes sont des Arabes et des musulmans» fustige-t-il.
Pour Moncef Marzouki c’est en raison des amalgames entre terroristes, islamistes musulmans et islam que l’islamophobie en Europe, aux Etas Unis, voire au Japon et en Chine, gagne du terrain chaque jour. Ainsi, l’espace médiatique doit propager un discours de la paix et non pas un discours de la haine.
Moncef Marzouki poursuit son analyse pour affirmer que «le jihadisme renforce l’islamophobie et l’islamophobie ouvre des autoroutes devant le jihadisme… La dictature renforce le jihadisme, ce dernier renforçant la dictature et cette guerre civile arabe s’exporte en Occident accusé souvent à juste titre d’être l’allié de la dictature arabe». Il s’agit d’un «cercle vicieux» selon ses dires.
Ainsi, «face à ce constat… La reprise du printemps arabe, seule alternative au face à face mortel pour tous de la dictature et du jihadisme, est un projet à long terme… car il y a vraiment péril en la demeure» déplore l’ancien président de la République.
H.M