Mongi Rahoui: « l’Etat cherche à servir l’intérêt de certains lobbies et non celui du citoyen »

Lors d’une interview accordée à Express Fm, Mongi Rahoui président de la commission des finances à l’Assemblée des représentants du Peuple, est revenu sur le programme du premier logement affirmant que plusieurs points dans le décret ministériel ont été modifiés au profit des citoyens appartenant à la classe moyenne.
Il a dans ce contexte indiqué que le programme du premier logement n’est plus destiné au profit d’un certains secteur qui est celui de la promotion immobilière. Selon Mongi Rahoui, la commission des finances à l’ARP a fait le nécessaire et a joué un rôle fondamental en vue de faire orienter ce programme au profit du citoyen et pour en faire bénéficier le plus grand nombre possible.
« Au début ce programme ne permettait aux citoyens d’acquérir des logements qu’auprès des prometteurs immobiliers et nous savons tous que les prometteurs immobiliers n’existent pas dans les régions interieures du pays. Nous avons fait de sorte que ce  programme touche tous les gouvernorats du pays et le plus grand nombre possible de bénéficiaires », a-t-il indiqué.

L’Etat cherchait à servir l’intérêt de certains prometteurs
et non celui du citoyen 

Mongi Rahoui a ajouté que la liste établie par le gouvernement contenant les noms des 36 prometteurs immobiliers concernés par ce programme premier logement a été quant à elle retirée grâce à la commission des finances et ce pour permettre aux citoyens d’acquérir leurs logements auprès des particuliers ou du prometteur qu’ils choisissent. « Le gouvernement a pensé aux prometteurs immobiliers alors que la commission des finances a pensé à trouver des solution aux citoyens appartenant à la classe moyenne »
Mongi Rahoui s’est également félicité du troisième objectif réalisé par la commission des finances. Celui relatif au retrait de l’article du décret loi complémentaire portant sur l’octroi de lots de terrains appartenant à l’Etat aux promoteurs immobiliers pour l’édification de quartiers tout en considérant le retrait de ce point comme un réel acquis. Selon Mongi Rahoui ces 3 points ont été officialisés lors d’un conseil ministériel tenu vendredi dernier.
Par ailleurs, le président de la commission des finances a appelé l’Etat à intervenir au profit du citoyens dont les revenus sont limités et ce, en vue de limiter la hausse spectaculaire des prix de vente du mètre carré. Il a ajouté que les estimations du coût sont très basses par rapport au prix de vente du mètre carré, appelant ainsi l’Etat à mettre fin au monopole qui marque actuellement le marché.

Une décision hâtive
En ce qui concerne le remaniement ministériel partiel annoncé samedi dernier par le chef du gouvernement, Mongi Rahoui a qualifié la décision de Youssef Chahed de hâtive.
Selon lui, une telle décision ne pouvait en aucune manière être prise de cette manière par un haut responsable de l’Etat, notamment dans la conjoncture assez difficile que traverse le pays. Il a ajouté que le prestige de l’Etat demande un traitement beaucoup plus sage indiquant que le chef du gouvernement aurait dû inviter Abid Briki pour s’expliquer avec lui au sujet des raisons l’ayant poussé à brandir sa décision de démission.
En ce qui concerne les réactions des partis au pouvoir qui se sont montrés étonnés d’un remaniement ministériel sans préavis, Mongi Rahoui a affirmé que ces partis et leurs représentants à l’ARP manquent terriblement de sérieux. « Ces partis disent qu’ils n’étaient pas été mis au courant de la décision de Chahed et pourtant ils vont accorder leur confiance aux nouveaux nommés« , rappelant au passage l’épisode Habib Essid à qui ils ont accordé leur confiance deux fois pour ne pas la lui renouveler la troisième fois quand il s’est retourné vers eux pour contrer ses détracteurs. « Ils ne respectent aucune déontologie. Ils ne sont pas là pour faire de la politique, ils ne commettent que des bizarreries et ils ne font que perdre leur temps » a-t-il lancé.

Le gouvernement de Youssef Chahed n’a encore rien concrétisé
Mongi Rahoui a ajouté que l’apparition de Youssef Chahed entouré de la quasi-totalité de son équipe gouvernementale lors d’une émission spéciale diffusée dans la soirée de dimanche sur la chaine Al Hiwar Ettounsi ne peut en aucun cas traduire l’union de son gouvernement. Selon Mongi Rahoui, c’est le travail gouvernemental qui est censé traduire qu’une équipe est soudée et non une présence sur un plateau de télé.
D’après le dirigeant du Front Populaire, « le gouvernement a aujourd’hui besoin de gagner la confiance du peuple ajoutant que cette dernière ne peut pas être regagnée grâce à des comportements irresponsables similaires à ceux de Youssef Chahed« . Ce genre de comportements ne fait, selon lui, qu’empirer la situation.
Par ailleurs Mongi Rahoui a indiqué que le chef du gouvernement n’a rien dit de nouveau et que son gouvernement n’a encore rien réalisé de concret. Toutes les problématiques sont toujours à l’ordre du jour et aucune solution réelle n’a été encore trouvée notamment en matière de développement régional, du chômage etc. Il a ajouté que la quasi-totalité des points évoqués hier lors de son interview datent de 2012 dont notamment le programme du premier logement, le programme de micro-financement ainsi que la question de la privatisation des banques publiques.

Il es pas question de procéder à la privatisation des banques publiques 
Mongi Rahoui a, dans ce contexte, indiqué qu’il est pas question de procéder à la privatisation des banques publiques estimant que ces derniers, ont su pendant ces 3 dernières années retrouver leur équilibre financer. Il a ajouté que la décision finale revient à l’Assemblée des Représentants du Peuple qui ne laissera jamais l’Etat vendre les banques publiques qui sont en réalité la propriété du peuple. « Ce gouvernement prouve chaque jour qu’il est en train de servir certains lobbies en s’orientant vers la vente des banques publiques au profit des libéraux. »a-t-il ajouté.
Le président de la commission des finances à l’ARP a ajouté que les banques publiques jouent un rôle primordial sur le marché économique et agissent en régulateurs et garants de l’équilibre financier.
« Tous les États qui se respectent ont des banques publiques qui régulent l’équilibre sur le marché. Cette idée de privatisation des banques de l’Etat n’émane certainement pas d’une décision souveraine mais elle est plutôt l’idée du Fonds monétaire international auquel rendent service certains conseillers à la présidence du gouvernement », a-t-il affirmé.
Mongi Rahoui a fini par dire qu’il est grand temps de chercher de nouvelles alternatives et de mettre en place un nouveau modèle de développement national qui prenne en considération les particularités de la Tunisie et du peuple tunisien.
« Nous avons un capital financier, des potentialités et un marché local à développer. Nous avons besoin d’une expansion vers les marchés extérieurs. Il nous faut une vision souveraine et patriotique que nous pouvons créer » a-t-il lancé.

H.B.H

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