MONSIEUR LE PRESIDENT DE TOUS LES TUNISIENS

 

Nous savons, et vous savez monsieur le Président que le drame de la politique, c’est qu’elle se venge toujours de celui qu’elle a hissé si haut ! Oui monsieur le Président, nous savons et vous savez que la politique abîme les caractères…
Nous reconnaissons et saluons en vous l’homme d’Etat que vous avez été depuis votre retour aux affaires en 2011. Premier Ministre, vous avez géré la chose publique avec intelligence et sagesse et vous avez marqué l’histoire en réussissant à transformer les premières élections libres de notre histoire. Et comme nul n’est parfait, vous avez cédé au corporatisme et vous avez offert une immunité aux avocats, certains en profiteront à outrance en laissant des souvenirs amers.
Toujours en homme d’Etat, vous avez lancé l’appel aux citoyens et aux patriotes à travers NIDA : un coup de génie, un parfait bluff qui a sauvé le pays d’un naufrage certain, le vote utile ayant fait le reste. Faut-il le rappeler, vous aviez dans votre entourage à NIDA, un certain nombre de pantins qui n’étaient pas dignes d’être vos collaborateurs, mais ce sont les règles de la politique ! Et que n’avons-nous pas vécu pendant cette période d’attente d’avant les élections ?
Lors de la campagne électorale, et après avoir vécu ce film de série 2 lors de la désignation des candidats, vos promesses électorales portaient essentiellement sur le retour de la croissance économique et sur le retour du prestige de l’Etat avec ce que cela comportait comme sécurité, comme application des lois et comme réformes urgentes et nécessaires. Nous savons monsieur le Président, et eux ils le savent, un bon nombre de députés de NIDA n’auraient jamais rêvé entrer dans l’enceinte de l’ARP sans le parti NIDA de BAJBOUJ !
Aujourd’hui et grâce à votre stature d’homme d’expérience, vous avez réussi à ramener le régime présidentiel avec toute sa splendeur, chose qui me ravit personnellement, et sans que les prérogatives que procure la constitution à l’occupant de la KASBA soient appliquées dans les faits, merci à la bonne volonté d’ENNAHDHA !
Aujourd’hui, monsieur le Président, force est de constater que la croissance est nulle, que l’Etat n’arrive pas à s’imposer convenablement, que l’UGTT est débordée par ses bases fanatiques et n’assume pas son rôle de partenaire de circonstance qui devrait être le sien, que NIDA est au bord de l’implosion puisqu’il porte en son sein les mêmes pantins d’hier, que l’ARP ne reflète pas l’ambiance d’une vie de démocrates, surtout depuis votre proposition de la loi de réconciliation qui a accentué la division entre Tunisiens. Bref, aujourd’hui monsieur le Président, vous savez mieux que quiconque, mais nous savons nous aussi, que le Tunisien a le moral dans ses chaussettes et que les menaces de tout genre le guettent de partout.
Monsieur le Président, vous n’êtes plus le patron de NIDA mais celui de tous les Tunisiens, et comme vous l’avez souvent rappelé même avant les élections, vous êtes le garant de la liberté de tous les Tunisiens, y compris du cinquième de la population qui est proche d’ENNAHDHA, ce parti qui doit assumer son nouveau rôle de partenaire, tarde à faire son mea culpa sur certaines nominations dont celle de la présidente de l’IVD qui est sous les feux de l’actualité et qui est loin de bénéficier de l’adhésion de tous les Tunisiens et notamment sur ses compétences.
Monsieur le Président, la grande majorité des Tunisiens ont mal à leur pays, la grande majorité des Tunisiens ont hâte d’avoir un rêve commun d’une Tunisie belle, propre, tolérante, ouverte… Cette grande majorité est patriote et n’attend que le déclic qui ne pourra venir que de vous, en vous adressant à la nation, en dialecte comme vous le faîtes si bien, pour appeler à l’union sacrée contre les débiles, contre les cupides et les égoïstes, contre les terroristes et les contrebandiers, contre tous ces ennemis de la patrie, qui pourtant, ne représentent qu’une infime minorité, mais une minorité agissante !
Pour réussir dans cette mission urgente et sacrée, vous pourriez agir en proposant à l’ARP une nouvelle équipe compétente, intègre et consensuelle à la tête de l’IVD, avec des moyens suffisants pour lui permettre d’aller vite vers l’efficacité, ceci vous tranquillisera pour renoncer à votre projet de loi de réconciliation. Vous pourrez obtenir de l’UGTT, à l’issue des négociations en cours, une trêve générale de trois années pour permettre à l’économie de décoller. Vous pourrez proposer au chef de gouvernement un remaniement ministériel partiel pour effectuer des corrections indispensables. Vous pourrez mettre en garde, et hors antenne, les cadres de NIDA pour qu’ils s’assument, pour qu’ils organisent leur congrès avant la fin de l’année, l’assainissement de la vie politique du pays devant passer par là !
La vie citoyenne est en désordre total monsieur le Président, et seules des élections régionales et municipales civilisées pourraient remettre les citoyens dans le feu de l’action sociétale ! Monsieur le Président de tous les Tunisiens, l’absence de réactions et de prise de décisions dans certains domaines nous explique clairement la radicalisation de notre société jadis pacifiste et heureuse ! L’adoption des décisions à demi-mesure en raison de l’arrangement entre partis, a conduit au mécontentement de tout le monde ! Ne vous a-t-on pas dit monsieur le Président que le peuple, le bon peuple en a assez de cette lenteur chronique à assumer des choix politiques justes et fermes ? Ne vous a-t-on pas dit que le terrorisme a réussi à couler le secteur du tourisme qui emporte dans ses cales des centaines de milliers d’emplois ? Et vinaigre sur la salade, on nous parle du retour « triomphal » de nos vaillants Djihadistes de Syrie ! Sous notre ciel plombé par la crise économique et les tensions de tout genre, il existe une nette perte de crédibilité de la parole politique. Monsieur le Président de tous les Tunisiens, annoncez à la nation un fort « yes we can » avec des engagements sur les réformes urgentes et des plans d’action clairs et limpides, et la nation vous soutiendra de cœur et de raison !

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