Une des légendes d’Hollywood vient de disparaître. L’acteur américano-bahaméen, Sidney Poitier, premier comédien noir à avoir remporté l’Oscar de meilleur acteur pour “Le Lys des champs” en 1964, est mort cette semaine à l’âge de 94 ans, a annoncé ce vendredi 7 janvier, le ministre des Affaires étrangères des Bahamas, Fred Mitchell, île dont il était originaire.
“Nous avons perdu une icône, un héros, un mentor, un combattant, et un trésor national”, a lui écrit le vice-Premier ministre des Bahamas, Chester Cooper, à propos de l’acteur, sans mentionner pour l’heure la cause de son décès.
*“Le voyage a été long pour en arriver là”
Fils d’un agriculteur de Cat Island, alors colonie britannique, il avait déménagé à l’âge de 15 ans aux États-Unis (où il était né, en Floride, en février 1927). Pour échapper aux lois racistes de Floride, il était ensuite parti à New York. Son fort accent caribéen lui vaut d’être refusé par l’“American Negro Theatre”.
Après deux premiers films, il se fait remarquer du grand public pour son rôle principal dans le film “Blackboard Jungle” (“Graine de violence”, en français) de Joseph Mankiewicz en 1955. Avant lui, Hollywood cantonnait les acteurs noirs aux rôles de majordomes ou d’idiots du village. Grâce à ses rôles, le public a pu concevoir que des Afro-Américains pouvaient être médecin (“La Porte s’ouvre” – 1950) , ingénieur, professeur (“Les Anges aux poings serrés” – 1967), ou encore policier (“Dans la chaleur de la nuit – 1967). “Le voyage a été long pour en arriver là”, lançait-il très ému, en recevant la statuette dorée en 1964.
“L’industrie cinématographique n’était pas encore prête à élever plus d’une personnalité issue des minorités au rang de vedette”, décryptait-il dans son autobiographie “This Life”. ”À l’époque (…) j’endossais les espoirs de tout un peuple. Je n’avais aucun contrôle sur les contenus des films (…) mais je pouvais refuser un rôle, ce que je fis de nombreuses fois”.
Plusieurs fois récompensé dans sa carrière, il avait été nommé pas moins de 10 fois lors de la cérémonie des Golden Globes. Il s’était également illustré par son soutien au mouvement des droits civiques dans les années 1960, avant de devenir l’un des premiers producteurs et réalisateurs noirs à travailler à Hollywood, mais sans succès notable.
*Un Oscar d’honneur
En 2002, il avait reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et pour “ses performances extraordinaires, sa dignité, son style et son intelligence”. “J’accepte cette récompense au nom de tous les acteurs et actrices afro-américains qui m’ont précédé (…) et sur les épaules desquels j’ai pu m’appuyer pour envisager mon avenir”, répondait l’acteur remerciant “les choix visionnaires d’une poignée de producteurs, réalisateurs et directeurs de studios”.
Ce même soir, Denzel Washington devenait le second Afro-Américain à recevoir l’Oscar du meilleur acteur: “Je n’arriverai jamais à votre hauteur et j’inscrirai toujours mes pas dans les vôtres”, avait-il alors déclaré.
Marié à 15 ans (1950-1965) à la danseuse Juanita Hardy avec qui il a eu quatre filles, Sidney Poitier avait épousé en 1976 l’actrice canadienne Joanna Shimkus qui lui donna deux autres filles. En 2000, il confiait à Oprah Winfrey être resté fidèle aux principes de son père. Malgré sa grande pauvreté, il était “resté digne, même si, dans toute sa vie, il n’a jamais gagné autant d’argent que ce que j’ai pu dépenser en une semaine”. En août 2009, il avait reçu la Médaille présidentielle de la Liberté des mains de Barack Obama.
(HuffPost, avec AFP)