Le monde de la musique africaine est à nouveau en deuil. Après les disparitions de Manu Dibango et Tony Allen, le chanteur et musicien guinéen Mory Kanté est décédé d’une longue maladie ce vendredi à l’âge de 70 ans dans un hôpital de Conakry, a dit son fils Balla Kanté à un correspondant de l’AFP.
Mory Kanté s’est éteint « vers 9H45 ce matin à l’hôpital sino-guinéen », a-t-il indiqué. « Il souffrait de maladies chroniques et voyageait souvent en France pour des soins, mais avec le coronavirus, ce n’était plus possible », a-t-il ajouté. « On a vu son état se dégrader rapidement, mais j’étais surpris quand même car il avait déjà traversé des moments bien pires », a-t-il dit.
*Yéké et ses millions d’exemplaires vendus à travers le monde
Mory Kanté, surnommé le « griot électrique », a contribué à populariser la musique africaine et guinéenne à travers le monde. Né le 29 mars 1950 dans une impressionnante fratrie de 38 enfants en Guinée, Mory Kanté part chez sa tante, à Bamako au Mali, pour parfaire son éducation à l’âge de 7 ans. D’abord étudiant à l’Institut des Arts de Bamako, il préfère finalement la musique et intègre en 1971 le Super Rail Band de Bamako. C’est à ce moment que le chanteur s’essaye à différentes sonorités.
Dans les années 80, il décide de partir pour Paris et, après avoir connu le succès sur le continent africain, il s’ouvre au monde avec son titre Yéké Yéké, grâce auquel il connaît un succès planétaire. En 1988, il reçoit la Victoire de la musique du meilleur album francophone.
*Un chanteur au grand coeur
Dans les années 2000, après un certain désamour d’un public lassé, il s’était un temps orienté vers une musique plus acoustique, au sein d’un orchestre où prédominaient les cordes. Au début des années 2010, dans La Guinéenne, son premier disque depuis huit ans, enregistré au pays, il choisissait la formule du grand orchestre, celle de l’âge d’or de la musique ouest-africaine dans les années post-indépendances, avec une suite de mélodies mandingues entonnées sur des grooves occidentaux, aux accents funk, reggae, zouk.
Mory Kanté, qui fut ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO) et chanta au profit de la lutte contre la fièvre Ebola qui frappa durement la Guinée entre 2013 et 2016, était une personnalité incontournable dans son pays.
Alpha Condé, président de la République de Guinée, a tenu à rendre hommage à l’artiste via son compte Twitter. « Un parcours exceptionnel. Exemplaire. Une fierté », a-t-il écrit ce 22 mai.
D’autres personnalités comme le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, le rappeur Mokobé ou encore le footballeur international Djibril Cissé lui ont également rendu hommage.
(20minutes)