Moteurs de la croissance et réconforts sociaux

 

Si le gouvernement a pour ambition de redresser la situation socio-économique du pays, redonner confiance aux investisseurs et espoir à la population, des changements sensibles doivent intervenir dans le paysage économique du pays et dans le quotidien des citoyens au terme de la période de grâce des 100 sinon 180 jours.

Il ne s’agit pas d’un tour de baguette magique mais plutôt de décisions volontaires et de mesures vigoureuses à prendre dans des secteurs clés de l’économie et de la vie sociale qui donneraient des résultats immédiats et concrets. Il y a également un besoin urgent de messages et de signaux forts à émettre à destination aussi bien des acteurs économiques que de la population.

Il est un fait certain que la relance des investissements nécessaires à la reprise de la croissance et, par conséquent, à la création  d’emploi, nécessite plusieurs mois sinon des années pour engendrer des résultats positifs alors que la population exige des résultats immédiats.

Quels sont les moteurs susceptibles de produire des effets instantanés ou presque  sans recourir à des investissements et sans patienter longtemps ? Le secteur des phosphates est victime depuis quatre ans de perturbations permanentes qui empêchent l’extraction et le transport des phosphates ainsi que l’approvisionnement des usines du Groupe chimique qui fabriquent et exportent des produits chimiques à valeur ajoutée.

En 2010, la CPG produisait 8 millions de tonnes de phosphates par an, elle engendrait des bénéfices de 2 à 3 milliards de dinars en devises, selon le cours mondial des phosphates, ce qui permettait d’alimenter le Budget de l’État. Actuellement bien que les effectifs en personnel aient été triplés, la production n’avait pas dépassé en 2014 les 4 millions de tonnes. La CPG risque la faillite et le pays a déjà perdu ses meilleurs clients à l’export.

Si le gouvernement mettait rapidement de l’ordre dans la CPG, le Budget de l’État et les réserves en devises du pays reprendront des couleurs dans les trois mois. Pour cela, il faut faire preuve de fermeté vis-à-vis des perturbateurs et des parties qui les exhortent à provoquer des troubles. L’autorité de l’État pourrait reprendre des galons en saisissant cette opportunité.

La relance du secteur touristique pourrait se faire, sauf actions terroristes spectaculaires et imprévues, en saisissant l’opportunité de la nomination d’une nouvelle ministre du Tourisme pour sceller un partenariat actif et stratégique entre l’ONTT et les professionnels du secteur (FTH, FTAV et compagnies aériennes).

Il s’agit non seulement de promouvoir l’image de notre pays sur les marchés les plus intéressants comme la France, l’Allemagne et l’Italie qui sont en fait, ceux qui sont les plus défaillants depuis quatre ans, mais aussi de résoudre des problèmes lancinants depuis des années comme celui de l’endettement des hôtels, des zones touristiques sinistrées comme le tourisme saharien et celui de Tabarka,… les résultats seraient tangibles au bout de 6 mois sans investissements spectaculaires. L’emploi ainsi que les recettes en devises s’en ressentiront de façon sensible.

La promotion des exportations peut également donner des résultats spectaculaires en 6 mois grâce à l’exploitation de la nouvelle image de notre pays “Start-up de la démocratie”. Il faut dire que le CEPEX ne ménage aucun effort dans ce sens, ce qui ne manquera pas de booster le secteur productif qu’il soit agricole, industriel ou de services et de provoquer des créations d’emplois, puisque le potentiel de production existe, il suffit de mettre le turbo sur la conquête des marchés extérieurs

Une lutte efficace contre l’inflation s’impose d’urgence pour calmer la fièvre des revendications, car elle permettra de restaurer une partie du pouvoir d’achat perdu par le consommateur, sans recourir aux importations coûteuses en devises. Cette lutte peut commencer par des contrôles intensifs des revendeurs de fruits et légumes avec des sanctions sévères contre les fraudeurs, mais aussi des accords négociés rapidement avec les professionnels par secteur d’activité. Les circuits informels doivent être démantelés et les “barons de la spéculation” confondus par les contrôles des entrepôts frigorifiques.

La lutte contre la pollution de l’environnement à commencer par l’enlèvement quotidien des ordures ménagères par les services municipaux ainsi que les gravats des chantiers de construction par le ministère de l’Equipement, revêt un caractère d’urgence. Cela permettra en un mois, si le programme est mené avec rigueur, de changer le paysage urbain et d’améliorer l’hygiène publique qui a subi un coup dur.

Pour les zones touristiques, elle revêt un caractère salutaire.

Une lutte sans merci contre la contrebande aux frontières avec les deux pays voisins dans les deux sens doit être engagée sans délai. Il s’agit d’empêcher les produits compensés de sortir illégalement du pays, car ils alourdissent le Budget de l’État sans profiter à ceux qui en ont vraiment besoin.

Ajoutons à cela les importations clandestines qui ne contribuent pas aux finances publiques et concurrencent l’économie réelle, celle qui crée de l’emploi et paie ses impôts. La police et la douane doivent renforcer les contrôles sur les routes également, faire la chasse à la corruption dans les ports et aux points de passage mais aussi sur les routes secondaires et les pistes agricoles.

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