Si les jeux sont fait du côté de Kaïs Saïed et de sa constitution, du côté de ses détracteurs et opposants, on n'arrive pas à digérer la victoire du "oui" prenant à témoins les énormités découvertes dans les chiffres annoncés par l'ISIE et qui jettent le soupçon sur une grotesque manipulation des résultats du référendum. La polémique autour de cette question va crescendo et si cela se confirme cela ne discréditera pas l'ISIE et son comité, c'est tout le processus initié par le président de la république qui en sortira plus qu'écorné.
Pour l'heure, Kaïs Saïed, droit dans ses bottes a tourné le dos à tout le monde, et poursuit son projet. Il a ordonné d’élaborer un projet de décret concernant les élections de la prochaine assemblée des représentants du peuple et du Conseil national régional et territorial qui, lui, requiert, un régime électoral spécifique.
Dans le même ordre d'idées il a souligné la nécessité d’élaborer un projet de texte relatif à la Cour constitutionnelle, conformément aux dispositions de la nouvelle constitution afin de garantir sa suprématie. C'était lors de l'audience accordée à la cheffe du gouvernement et qui prouve que Saïed fait abstraction de tout ce qui se passe autour de l'adoption de sa constitution notamment les éventuels recours en justice qui peuvent avoir lieu suite à la proclamation des résultats préliminaires du référendum et la remise en question des chiffres affichés par l'ISIE.
Du côté de l'opposition à ce processus, on ne chôme pas. Et Abir ne rate pas l'occasion pour se prononcer à nouveau sur ce processus.
« Si demain cette constitution entre en vigueur et qu’il arrive malheur à Kaïs Saïed, nous serons face à un vide politique dangereux ». La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, n’y va pas par quatre chemins. C’est droit au but et à l’extrême qu’elle s’échine à mettre en garde contre les dangers qui guettent le pays des suites de l’adoption de la constitution de Saïed.
Et pour cause. Selon elle, le président de la République ne peut en acune manière exercer ses fonctions conformément à sa constitution car il n’a pas prêté serment sur celle-ci. D’ailleurs elle appelle le président de la République à ne pas publier la constitution au Jort et à organiser une élection présidentielle anticipée avant septembre.
Car, et toujours selon sa propre analyse, il y a actuellement une vacance à la présidence de la république du fait du serment non-renouvelé du président de la République sur sa propre constitution. Or il est clair qu’il lui est impossible de renouveler son serment en l’absence de la chambre des représentants du peuple.
Fidèle à elle-même, et tout en rejetant le processus enclenché par Kaïs Saïed, Abir Moussi pointe les nombreuses dérives commises lors du référendum et accuse Saïed de « fraude à la volonté du peuple ».
Pour finir, elle a fait savoir que son parti va tout faire pour annuler la constitution de Kaïs Saïed au prochain parlement. Elle a annoncé qu’elle adopterait, avec tous ceux qui voudraient se joindre à son action, le draft élaboré par le doyen Sadok Belaïd pour lancer la rédaction d’une nouvelle constitution pour la Tunisie dans le consensus et sous l'égide des institutions légitimes de l’Etat.
Ennahdha rêve d’un retour aux affaires
Pour sa part, le mouvement islamiste Ennahdha est resté là où Kaïs Saïed l’a laissé. Ignorant son rejet ainsi que sa désastreuse gouvernance par le peule, il est resté coincé a 24 juillet 2021.
Et il est tout à fait logique qu’il ne reconnaisse pas tout le processus engagé par Saïed et qu’il considère que le référendum constitutionnel initié par le président de la République Kaïs Saïed est un échec.
Pour argument, le parti islamiste avance que le boycott de cette opération électorale par 75% des électeurs implique la chute de la constitution de Kaïs Saïed d'autant que Les constitutions ne passent qu’avec la participation de 50% des électeurs au moins. Chacu a sa façon de voir et cela dépend de quel côté de la barrière on se place.
Conclusion : la constitution de 2014 reste toujours en vigueur en dépit du « coup d’Etat ».
Une manière de dire qu’il est toujours dans les affaires. Lesquelles ? Wait and see.
Dieu préserve la Tunisie.
F.B