Mouvements sociaux : Un pays toujours en effervescence

Hajer Ajroudi

En quatre ans, la société civile tunisienne n’a pas dormi sur ses lauriers, loin s’en faut. Elle était la vraie  gardienne des grands idéaux de la Révolution et un acteur constamment en éveil, occupant toujours les premiers rangs pour concrétiser les objectifs pour lesquels les martyrs ont sacrifié leurs vies.

Malgré la tournure éprouvante qu’ont connue certains événements, la lassitude qui a gagné de larges franges de la population, le doute et parfois aussi la déception, la société civile a toujours répondu présent dans les moments les plus décisifs de ce processus post révolutionnaire. Pour défendre un droit, une liberté,  rejeter un diktat, exprimer un  refus et faire front à toute menace, elle s’est illustrée par son activisme et, surtout,  par une mobilisation de tous les instants.

Deux faits  saillants ont marqué les Tunisiens sur le plan des droits civiques et des libertés durant les deux gouvernements de la Troïka. Le premier se réfère à  l’attaque menée par des intégristes à un lieu culturel ; El Abdeleya,   œuvre de groupes  salafistes semant   la haine, et appelant  au meurtre, en proférant des  accusations d’apostasie  à tort au sujet d’œuvres d’art. Le  long sit-in salafiste de l’université de la Manouba et l’image de l’enlèvement du drapeau national a frappé de stupeur de nombreux Tunisiens qui n’ont pas trouvé une explication au laxisme du gouvernement qui a donné à ces groupes la possibilité d’investir ces lieux publics et d’imposer leur loi, par l’usage de la violence et l’intimidation.

 

Front contre l’intolérance et la violence

La mobilisation de la société civile a produit l’effet escompté.  En faisant front contre  l’incitation à la haine, à la propagation d’idées rétrogrades et de pratiques qui menacent l’ordre social et la liberté d’expression. Les visites de prédicateurs en Tunisie qui sont venus diffuser des idées salafistes et des pratiques moyenâgeuses comme  l’excision des jeunes filles,  ont été âprement combattues et dénoncées par les acteurs sociaux et les médias qui ont saisi et alerté des dangers véhiculés par ces personnes dont les visées consistent à transformer de fond en comble les fondements de la société.

Les tentatives de changer l’ordre social sont allées plus loin, en essayant de remettre en cause en 2012 les acquis engrangés par la femme tunisienne en matière d’égalité des droits et devoirs. La  société civile a exprimé pour la circonstance son refus à la constitutionnalisation d’un principe proposé faisant de la femme un complément de l’homme.
Ce mouvement de protestation s’est manifesté  suite à l’adoption par la commission des droits et des libertés de l’ANC, d’un article qui stipule que l’Etat assure la protection des droits de la femme, de ses acquis, sous le principe de la complémentarité avec l’homme au sein de la famille…, lequel contredit le principe de l’égalité homme-femme et menace les acquis historiques de la femme tunisienne.

Outre l’effervescence sociale pour la défense des libertés et des acquis, la société civile s’est illustrée par sa mobilisation pour la lutte contre l’injustice sociale, les inégalités, la précarité, la marginalisation et l’exclusion. Ces mouvements sociaux, expression d’une colère et d’un malaise profond, ont souvent été confrontés à une répression policière violente en lieu et place d’un quelconque dialogue.

L’UGTT a été très active dans l’organisation ou la participation à des  manifestations de protestation.  Tout en jouant un rôle politique au sein du Quartet, l’UGTT a continué à jouer un rôle d’interface sur le front du dialogue social avec les pouvoirs publics, forçant les gouvernements successifs de la période de transition à revaloriser les salaires dans les secteurs privé et public.

Hajer Ajroudi

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