L’album de la maturité
Je vais vous entretenir d’un album sorti à l’été 2013, mais Stromae débarque sur la scène de Carthage le 11 août 2014. L’occasion se propose pour chroniquer « Racine carrée ». Dont acte.
Tout d’abord
«Racine carrée», le nouvel album de Stromae, est sorti le 19 août 2013. Dans une certaine continuité tout en sachant se renouveler, il nous prouve qu’il est un véritable artiste au talent hors du commun.
Une chose est indéniable dans cet album, c’est que chaque titre nous fait vibrer d’une manière particulière. Que ce soit dans les notes, dans le vocal, ou dans les paroles, Stromae nous transmet des sensations : de la joie ou de la tristesse, parfois de la mélancolie.
Même si les sonorités sont principalement électroniques, ce qui peut donner un côté «dance» à sa musique, elle n’est en rien légère : il y a dans cet album, autant que dans le précédent, un fond, une recherche, et quelque-chose de «grave».
Des sensations, un lyrisme
Dans ses paroles, Stromae traite parfois des sujets de société, il y a une réflexion autour de la nature humaine, son évolution. On sent une volonté critique, un agacement. Le titre «Humain à l’eau», dans lequel on peut entendre «si évoluer c’est ça, moi je n’évolue pas pour un sou», illustre bien cet aspect de sa musique, au même titre que «Carmen» dans lequel il remet entre autre en question Twitter.
Certains titres sont davantage sentimentaux, plus personnels et émotifs. Même dans ce second aspect, il y a une gravité, sous forme d’une certaine désillusion, une approche désabusée du monde. Cette réplique de «Sommeil» l’illustre bien : «tu souris trop pour être heureux». C’est plutôt caractéristique de Stromae et fait de sa musique une «musique à sensations / émotions».
Bien souvent, il utilise des métaphores, des images, rien n’est jamais brut avec Stromae, il a une belle écriture, des effets de langage, ce qui donne un côté lyrique à ses textes, presque poétique par moment. Parallèlement, Stromae fait preuve d’un grand second degré, d’une touche humoristique. Ainsi, des titres comme «Tous les mêmes» ou «Ave cesaria» apportent une véritable fraîcheur à l’album, et à l’auditeur.
Capable de se diversifier son style
Avec «Racine carrée», Stromae nous prouve qu’il a réellement son propre style, unique en son genre. Mieux encore, il est capable de se diversifier au sein même de son propre style, au lieu d’en être prisonnier.
Dans cet album, chaque titre est unique. Bien qu’il utilise des sonorités «à la Stromae», il est impossible de titre «tel titre ressemble à tel autre». Non, chaque titre vous transportera dans un univers différent, une ambiance différente. C’est ce qui rend «Racine carrée» aussi agréable à l’oreille dans son intégralité.
La musicalité de cet album repose sur une simplicité fascinante au niveau des mélodies, mais une simplicité qui est paradoxalement originale et qui nous offre une musique que l’on peut clairement décrire comme «pure». Cette pureté est d’une richesse musicale exceptionnelle. Trois ans après son premier album « Chees », c’est avec ce nouvel album « Racine carrée » que Stromae a su se renouveler, sans tomber dans le piège d’une musique commerciale à cause de son succès. Le Belge Stromae s’était fait connaître en 2010 avec «Alors on danse»
Il nous propose donc à la fois un style unique, une diversité musicale rare, et des textes d’une certaine beauté, emplis de sensations ou d’humour et d’un regard critique. Ce cocktail, de plus en plus rare de nos jours, est la preuve que Stromae est bel et bien un maestro, un artiste au talent unique et indéniable, capable de nous faire vibrer de treize façons différentes en treize titres.
On peut noter que c’est un vrai plaisir d’entendre de la musique électronique avec de vrais textes, et en français qui plus est.
«Racine carrée» est sûrement l’album de la maturité, pour sa saveur particulière qui vaut le détour : une sorte de cynisme jouissif et sautillant.
«Racine carrée», album de Stromae, est sorti en août 2013, mais son auteur débarque sur la scène de Carthage le 11 août 2014.
F.B.