Nabiha Karaouli à Dougga : la force et la beauté d’une artiste persévérante

Les amoureux de l’artiste, chanteuse et interprète Nabiha Karaouli ont été nombreux le 3 aout 2023 au festival de Dougga. Ils sont venus pour assister à un concert plein d’émotions : de tristesse mais aussi de joie et de bonne humeur et de danse jusqu’au bout. Le concert avait duré plus de deux heures. Après sa performance, la diva Nabiha Karaouli a été d’une étendue générosité avec les journalistes. Elle avait expliqué sa démarche à une heure tardive de la nuit, avec une ample patience et un grand sens de la pédagogie sans aucun énervement ni sursaut d’humeur malgré une demande journalistique forte.
La tristesse, comme mentionné plus haut, a été au rendez-vous car la diva dès les premières notes de sa fameuse chanson Layem wilmaktoub s’est rappelée de la mort de sa mère et de la séparation avec ses frères. En ce sens, elle n’a pas réussi à retenir ses larmes, elle a été secouée de sanglots pendant un long intervalle du spectacle. Le public ainsi que la troupe musicale n’ont pas manqué, en ces moments, de la soutenir avec des applaudissements et en continuant l’orchestration afin qu’elle reprenne son rythme de croisière.
De joie et de danse, le spectacle l’a été aussi et le public avait valsé sans répit sur les mélodies de Galouli Jay, Hez Ayounek, Choftek Mara, Ya Saad ya chouchen, Wech ajba fiha, Ya Laleli et bien d’autres chansons.

Karaouli une artiste chantant la femme, ses histoires et son vécu
À examiner de près, le répertoire de Nabiha Karaouli tourne autour du vécu de la femme, de son quotidien, de ses chagrins, de ses attentes, de ses frustrations, de ses relations complexes avec l’homme et du temps qui nous éloigne des êtres chers. En témoigne sa dernière chanson qu’elle avait présenté pour la première fois en live sur la scène du festival de Dougga : Hay talit. Karaouli est l’une des artistes en vie qui détient le répertoire le plus riche de notre chanson. Elle a conservé sa fidélité au patrimoine local en ne chantant que des airs nationaux avec différents accents et diverses couleurs. Pour elle, l’ouverture sur la musique de l’autre doit enrichir la palette de l’artiste ainsi que sa façon d’interpréter les mélodies populaires. Son dessein est de laisser son empreinte comme l’a faite Saliha ou Ali Riahi, de rentrer dans l’histoire locale et son art singulier. Pour elle, la sincérité des sentiments au moment de l’interprétation de la chanson est quelque chose de cardinal.
Nabiha a été accompagnée par la troupe de Khaled Ben Aissa, fin connaisseur de son répertoire. Ce dernier a bien préparé sa troupe à l’occasion pour le plus bel endroit scénique de notre pays. Khaled Ben Aissa a fait d’ailleurs ses premiers pas avec elle, il y a maintenant 30 ans.
La singularité de Dougga est que c’est un espace chargé d’histoire et en même temps offrant une grande proximité et complicité entre l’artiste et son public.
Lieu vraiment à découvrir et à visiter surtout quand l’occasion se présente pour être en face d’un artiste véritable, sincère, humble et juste comme l’a été Nabiha. Une artiste qui n’a pas toujours rencontré le tapis rouge pour tracer son chemin, c’est plutôt le contraire qui se produit. Une chanteuse qui reste toujours capable de drainer ses fidèles malgré les péripéties.
À la conférence de presse, elle a parlé de ses tracas avec le ministère de tutelle, de sa démission, etc. ; tout cela passe. Ce qui reste c’est la production, la trace laissée et surtout la qualité de l’art livré et gravé dans la mémoire collective.

Mohamed Ali Elhaou

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