Les travaux de la 39e session de la Conférence des Chefs de Missions Diplomatiques et Consulaires tunisiennes à l’étranger ont été clôturés dans la soirée d’hier mercredi 31 juillet 2024 à l’Académie Diplomatique Internationale de Tunis (ADIT). Placée sous le thème « Le rôle de la diplomatie tunisienne face aux Divers Défis », cette conférence était l’occasion pour mettre l’accent sur les dimensions stratégiques de la Diplomatie tunisienne à la lumière de la multiplication des défis mondiaux et sur son rôle efficient pour les relever dans divers domaines.
Tenue en présence de plusieurs ministres et pour la première fois, d’ambassadeurs étrangers accrédités dans notre pays, cette conférence a permis d’aborder divers sujets, dont notamment : le rôle de la diplomatie dans l’appui de la sécurité alimentaire et énergétique et l’aide des industries nationales, le développement des mécanismes de communication et de coordination afin d’améliorer les services consulaires et lutter contre la migration irrégulière, l’exploitation du patrimoine civilisationnel et culturel au service de la Tunisie, la rationalisation de la gestion financière et administrative.
Lors d’un point de presse organisé en marge de la clôture de cette Conférence, Nabil Ammar, Ministre des Affaires Étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Etranger, a affirmé que cet événement représentait une opportunité précieuse pour transmettre les messages politiques clés du pays. Selon lui, ces messages doivent être communiqués de manière cohérente à la fois aux Tunisiens et aux acteurs internationaux. Le ministre a souligné que les messages transmis étaient clairs depuis son discours d’ouverture prononcé en présence des ambassadeurs accrédités dans notre pays. « La Tunisie a le droit d’exprimer ses positions de manière ouverte. Notre pays n’a jamais nui à d’autres nations et défend ses propres intérêts sans compromettre ceux des autres. L’approche adoptée par le président Kais Saied permet à la diplomatie tunisienne d’être à l’aise et efficace. La Tunisie ne doit pas adopter un discours flatteur vis-à-vis de ses partenaires étrangers, mais plutôt exprimer ses besoins et ses positions de manière honnête et directe. » a-t-il affirmé.
S’agissant des principaux défis auxquels fait face la diplomatie tunisienne, le ministre des Affaires Etrangères a affirmé que les discussions ont permis de structurer ces défis autour de trois axes majeurs à savoir la coordination, la communication et le suivi.
Selon le ministre, une coordination accrue entre toutes les structures de l’État est essentielle pour adresser les préoccupations internationales de manière unifiée. Le ministre a appelé à une révision du discours diplomatique, suggérant qu’il est temps d’adopter une approche plus assertive et réaliste. La position du président Kais Saied doit se refléter dans chaque déclaration et action des responsables tunisiens.
« À tous les niveaux de responsabilité, il est impératif d’adopter un discours uniforme. Tout comme le ministère des Affaires étrangères reflète fidèlement le discours du président de la République, tous les autres départements ministériels doivent en faire autant. Une coordination accrue est indispensable, car il ne suffit pas que chacun travaille de son côté et adopte une approche distincte de coopération. Cette cohérence est essentielle ; sans coordination, il est impossible d’atteindre les objectifs souhaités. « a-t-il noté.
S’agissant du deuxième axe, à savoir la communication, le ministre a souligné que l’absence de communication entraîne une perte significative pour le pays. En ne communiquant pas sur leurs actions, les responsables perdent une occasion précieuse de montrer leur travail et de gagner en crédibilité. Selon lui, si la Tunisie ne prend pas l’initiative de communiquer et de fournir ces éléments, ce sont les partenaires qui imposeront leurs propres agendas, ne servant ainsi que leurs intérêts. « Nous avons également insisté sur l’importance de la communication. Si vous travaillez mais que vous ne communiquez pas sur vos actions, vous perdez tout et ne gagnez rien. Les autres ne savent pas ce que vous faites, et c’est une grosse perte pour la Tunisie. Il suffit de dire ce que nous sommes en train de faire. Tous nos partenaires veulent travailler et collaborer avec nous. Il suffit de leur présenter des projets, une vision, des plans, et ils sont prêts. Si on ne leur fournit pas tout ça, ce sont eux qui le feront, et ils ne feront que servir leur propre agenda. Nous devons prendre conscience qu’en Tunisie, nous avons toutes les composantes de la réussite, mais nous devons y croire et communiquer à ce sujet. »a-t-il expliqué.
Concernant le troisième axe, le ministre a souligné l’importance cruciale du suivi. « Nous devons impérativement assurer un suivi rigoureux, vous pouvez entreprendre ce que vous voulez, mais sans suivi à court et moyen termes, ça sera difficile d’atteindre les objectifs souhaités. Il faut apprendre à se poser des questions : où en sommes-nous aujourd’hui ? Avons-nous avancé ? Si non, pourquoi ? » Le ministre a insisté sur le fait que le suivi est essentiel ; il ne suffit pas de parler de ce que nous faisons, il faut également en évaluer les résultats. »a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, le ministre a fait remarquer que les Tunisiens à l’étranger réussissent parce qu’ils bénéficient de trois éléments fondamentaux : la coordination, la communication et le suivi. « Ce sont les mêmes personnes qui réussissent moins en Tunisie, car ces éléments ne sont pas toujours présents. Nous devons faire des progrès dans ces domaines et comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas » a-t-il expliqué.
Selon Nabil Ammar, pour réussir, il faut adopter une mentalité de coordination, de communication et de suivi. Ces éléments clés sont souvent négligés, mais ils sont essentiels pour atteindre les objectifs souhaités.
Par ailleurs, le ministre a considéré que les relations avec les acteurs internationaux doivent être davantage assainies. « Nous ne sommes pas sous tutelle. Nous pouvons gérer nos affaires seuls. Ce n’est pas une question de force ; nous respectons tout le monde et nous méritons le respect en retour. C’est la base de notre diplomatie : nous n’intervenons pas dans les affaires des autres, et nous ne voulons pas que les autres interviennent dans nos affaires. »a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, il a souligné que certains Tunisiens étaient en partie responsables de la nature de ces relations avec les acteurs étrangers. « Le mindset des Tunisiens doit changer: nous ne devons pas nous attendre à être sauvés par l’étranger. Tous les opérateurs de la coopération internationale servent les agendas de leurs pays respectifs. Il n’y a aucune partie qui cherche à nous faire échouer. Nos partenaires ont intérêt à voir la Tunisie réussir et être un pays stable, mais cela ne doit pas signifier que nous leur laissons tout décider à notre place, ni leur faire croire que nous ne pouvons rien faire sans leur appui et aide.« a-t-il ajouté.