Mariem Hakimi– À l’issue de son concert à la 58ème édition du Festival International de Hammamet, Nai Barghouti a accordé une conférence de presse hier où elle a partagé au micro de Réalités Online ses réflexions sur sa performance et ses improvisations inspirées par des instruments comme le violon et le oud. La chanteuse palestinienne a souligné que son profil en tant que musicienne influence profondément son approche du chant. Pour Nai, sa voix ne se contente pas de transmettre des paroles mais s’érige en véritable instrument de musique. Cette approche artistique complexe enrichit son interprétation et constitue un défi passionnant pour ses performances sur scène.
Grâce à cette approche unique, Nai a offert à son public une expérience musicale marquante lors de son concert. Utilisant sa voix comme un instrument à part entière, elle a su captiver l’audience avec des improvisations professionnelles qui ont créé une atmosphère à la fois captivante et originale. Accompagnée de Tony Roe au piano, Khalil Khoury au qanun, Diego Alva à la guitare basse et Ruven aux percussions, vêtue d’une robe blanche palestinienne, Nai a commencé son concert, qui a affiché complet, avec « Zahrat Al Madaen », une chanson dédiée à Al-Quds, sa ville natale. La chanson évoque la ville opprimée qui conserve toujours sa beauté et son symbolisme.
Durant sa performance, Nai a brillé en mélangeant de manière exceptionnelle des influences musicales jazz et orientales, mettant particulièrement en valeur ses improvisations vocales. Elle a démontré une aisance naturelle à alterner entre les techniques de chant oriental et occidental au sein d’une même chanson, ce qui semble être inné pour elle. Le concert a été un voyage émotionnel entre joie et tristesse, mettant en lumière la cause humanitaire palestinienne avec la présence du drapeau palestinien et la symbolique d’une colombe blanche qui a volé durant l’événement. Il rendait hommage aux hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie lors de la guerre à Gaza.
Il a également rappelé l’histoire déchirante de la petite Hind, qui a trouvé la mort parmi les corps de quatre membres de sa famille, dans une atmosphère imprégnée de l’odeur forte du sang. Malgré ses appels à l’aide pour survivre, personne n’a pu la sauver. La chanson « Rajiin » était une ode dédiée à ceux qui ont perdu leur foyer et rêvent de retourner un jour. Elle portait en elle l’espoir et la nostalgie de retrouver ce qui a été perdu, rappelant les souvenirs et les liens avec la terre natale.
À travers ses paroles et sa mélodie, elle exprimait la résilience et la persévérance des personnes déplacées, ainsi que leur désir profond de retourner chez eux malgré les défis et les obstacles rencontrés.
Nai a présenté un programme où la moitié des morceaux étaient de sa propre production ; même les reprises étaient marquées par sa touche personnelle unique. En mêlant différents genres musicaux, Nai se positionne comme une arme de soft power, utilisant la musique pour transmettre des valeurs humaines et soutenir des causes humanitaires.
Il est à noter que la chanteuse a confirmé qu’une partie des revenus générés par ses concerts sera dédiée au soutien de Gaza.
Rappelons que la tournée de Nai ne se limite pas à Hammamet, mais comprend également d’autres concerts à Sousse, Monastir, et elle clôturera le festival de Hammamet avec Karim Thlibi lors du concert Imagine » (تخيل) le 03 Aout 2024.