La classification d’Ansar Acharia comme organisation terroriste a créé pour Ennahdha un nouvel ennemi : les salafistes. Ils se sont organisés dans un front baptisé Front des forces islamiques et nationales pour le Salut, lequel se positionne comme une nouvelle force politique.
Quelle coïncidence que celle qui a réuni dans un même hôtel, à la même heure, deux conférences de presse de deux courants politiques diamétralement opposés : les salafistes et le Front populaire (extrême gauche), mais qui ont un ennemi commun : les islamistes au pouvoir ! C’était jeudi 12 septembre à l’hôtel Africa. Le Front des forces islamiques et nationales pour le Salut annonçait sa création. Il est composé de six partis et associations : Parti de la Réforme, Parti Al Fadhila (la vertu), Parti Al Assala (l’authenticité), Parti de la Justice et du Développement, Front tunisien des associations islamiques et la Ligue nationale de la protection de la Révolution. Et la liste est encore ouverte à d’autres adhésions. Dans son communiqué constitutif, le Front a imputé la responsabilité de la situation de crise dans laquelle se trouve le pays «au gouvernement qui a préféré abandonner les acquis de la Révolution et tendre la main aux ennemis du pays». Il a par ailleurs mis en cause la classification d’Ansar Acharia comme organisation terroriste et la politique de répression contre la jeunesse salafiste et les associations islamistes, outre le refoulement des prêcheurs et la nomination des imams «selon des bases partisanes.»
Le Front se présente comme un substitut politique et religieux à Ennahdha qui n’a pas, selon lui, respecté ses promesses de faire appliquer la charia et de préserver les intérêts des salafistes. Ridha Belhaj, porte-parole de Hizb Ettahrir qui soutient cette initiative sans y adhérer, estime que la jeunesse «d’Assahwa al Islamiya» (renaissance islamiste) a été frustrée par le comportement du parti au pouvoir qui ne cesse d’entrer en confrontation avec elle, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme». C’est pour cela que les salafistes ont décidé de s’organiser en une force politique et de «se présenter aux élections», comme le confirme Mouldi Ali Elmoujahed, Secrétaire général du Parti Al Assala. Les réunions préliminaires pour créer ce Front ont commencé dès le mois du Ramadan. «Nous n’avons pas voulu nous limiter aux partis, mais l’ouvrir à des associations», souligne un membre fondateur du Front tunisien des Associations islamiques. D’où donc l’entrée de la Ligue nationale de la protection de la Révolution. «C’est un message envers le pouvoir, car nous avons senti chez lui l’intention d’abandonner les LPR», souligne-t-il. Il nous informe que le mouvement Wafa assistait aussi aux réunions.
Le nouveau Front compte organiser des actions sur le terrain pour défendre ses intérêts. «Si nous sentons un jour que ce pays est en train d’échapper de nos mains, nous descendrons dans les rues avec force. Nous ne permettrons pas que le scénario égyptien se reproduise en Tunisie !», déclare la même source.
H.Z.