On sait depuis des décennies, depuis au moins le massacre de Deir Yassin en 1948, que les sionistes ne respectent rien ; ni les enfants, ni les femmes, ni les vieux, ni les arbres, bref rien qui soit vivant et palestinien. Ces derniers jours, ils ont prouvé que même les morts, dans leur cercueil, ne sont pas à l’abri de leur sauvagerie bête et aveugle.
Il faut croire que leur dernière victime, Chirine Abu Akla, symbole de la femme palestinienne cultivée et courageuse, même morte, dérange les responsables israéliens au point de leur faire perdre tout sens de la dignité et du sacré : dans quel pays de cette planète, les cortèges funèbres sont-ils la cible de la brutalité policière la plus vile ?
Quel intérêt pour la police israélienne d’étaler, aux yeux du monde, son mépris pour les droits de l’homme les plus élémentaires : frapper les amis et les membres de la famille de la journaliste jusqu’à faire tomber à terre son cercueil est le comble de la barbarie et restera une souillure de plus sur le front d’un Etat sioniste dont le palmarès en matière de violation des droits humains ferait rétrospectivement pâlir d’envie les caciques du régime hitlérien.
Le meurtre de Chirine, quelle que soit l’issue de l’enquête en cours, est le résultat du déferlement de violence israélienne à Jenin : mener des opérations militaires de cette envergure dans un territoire palestinien occupé ne pouvait que se solder par des drames.
Assuré de la complicité passive du Monde dit libre, Israël, Etat voyou par excellence, continuera à nous déconcerter par ses talents criminels et son manque de discernement ; reniant même les enseignements des pères du sionisme, comme Ben Gourion ou Weizman, appelant à la nécessité d’une coexistence pacifique avec les Palestiniens, l’Etat hébreu s’entête, dans une sorte de suicide moral, à vouloir humilier au quotidien un peuple après l’avoir soigneusement spolié et ghettoïsé. Je ne suis pas certain que Théodore Herzl aurait réuni le Congrès de Bâle en 1897, s’il savait que l’aventure sioniste virerait à l’infamie meurtrière.
Continuer à se couvrir du sang palestinien à Gaza ou à Jenin, s’ingénier à souiller l’esplanade des mosquées, à avilir un peuple sans défense, en un mot persister à user de méthodes dignes des nazis n’apportera à Israël ni la paix, ni la sécurité et encore moins la considération des peuples de cette planète ; les dernières études sur l’image de ce pays à travers le monde auraient de quoi faire réfléchir, s’ils en sont capables, ses responsables sur l’urgence d’une inflexion de leur politique.
Les Palestiniens, victimes de la veulerie de la communauté internationale et du complot ourdi contre leurs droits depuis la Déclaration Balfour et tant d’autres impostures pseudo-juridiques, n’ont qu’un seul choix : continuer à se dresser contre la barbarie sioniste au prix de leur sang, celui de Chirine et des dizaines de milliers de victimes palestiniennes qui l’ont précédée.
Qui sait, peut-être un jour, des politiciens israéliens lucides comprendront que le naufrage moral de leur nation, son discrédit et l’absence de perspectives d’avenir doivent les conduire vers d’autres choix moins sordides que la lente extermination d’un peuple aux droits imprescriptibles.
Peut-être verrons-nous un jour où une victime palestinienne sera considérée l’égale d’une victime ukrainienne et où le droit international sera brandi à la face d’Israël avec la même véhémence que celle de la Russie.
Ce jour-là, lorsque le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, ne se contentera pas d’être seulement troublé par la violence de la police israélienne mais osera la condamner sans détour, alors peut-être des images comme celles de l’enterrement de Chirine s’effaceront sans pour autant que ne soit oublié son sacrifice.
Sami Mahbouli
*Avocat et éditorialiste