Jeudi 29 octobre 2020, une attaque au couteau à l’intérieur de la basilique Notre-Dame de Nice a fait trois morts. Vendredi 23 avril 2021, une fonctionnaire de police au commissariat de Rambouillet (Yvelines) a été tuée, au couteau aussi. Les terroristes? Deux jeunes Tunisiens. Trop, c’est trop. La colère gagne la plupart des citoyens. Une accumulation de scandales liés au terrorisme a fait déborder la coupe. De l’indignation et accablement à l’écœurement, en passant par la honte, l’humiliation, la stupeur, la colère, les Tunisiens ne se retrouvent plus dans leur pays et se défient d’une classe politique qu’ils jugent de plus en plus autiste. Habitués à ferrailler, un pied dedans, un pied dehors, nos politicards au pouvoir mettent toute leur énergie à ne pas «stigmatiser» ni «faire l’amalgame», expressions dont l’emploi abusif est, selon le philosophe Hammadi Ben Jaballah, «l’apanage de ceux, nombreux, qui ont décidé de ne rien voir, de tout laisser passer». Loin du petit jeu d’analyse sémantique, et bien dérisoire au regard de la gravité des faits, auquel se prêtent les braillards avec la complicité moutonnière de quelques médias, la situation, aussi terrible soit-elle, ne donne pas toute la mesure du désastre. Je ne suis pas un polémiste en quête de buzz, mais en cas d’impuissance politique, seule l’audace de l’élite intellectuelle pourrait se tenir droit et montrer les dents face au danger. Le terrorisme, ce ne sont pas les attaques meurtrières seulement, ce sont l’apologie du radicalisme, les discours victimaires et le dénigrement des valeurs universelles. Ces diatribes, comme les attaques terroristes, procèdent de la même mécanique des fluides haineux ; elles ne sont pas de simples bulles de savon, surtout lorsqu’elles sont prononcées par des députés islamistes. Leurs propos tenus à l’Assemblée des représentants du peuple ont marqué un tournant dans le discours intégriste en dessinant de sombres perspectives pour notre jeune et très vulnérable démocratie. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui toutes ces perversions existent dans notre pays : dans nos institutions, dans plusieurs médias, dans les tribunes politiques des islamistes et leurs idiots utiles. C’est en identifiant tranquillement et honnêtement le problème, non en le niant, qu’on a une chance de pouvoir le régler. La classe politique actuelle assiste paralysée à l’introjection de la haine dans la machine politique «démocratique» et poursuit aveuglément une obsession, celle de rendre le discours fondamentaliste «acceptable», terme qui est vite devenu un faux-nez pour justifier la remise en question de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, ces matrices idéologiques ne sont en fait qu’un quasi-appel au meurtre, tant cette rhétorique fait écho aux diatribes de ceux qui ont inspiré les attaques terroristes. Enfin, n’oublions pas le ressort de tout cela : le «victimisme», qui enrôle de force les islamistes dans un combat perdu d’avance, leur déniant tout libre arbitre. Il n’est pas plus méprisant envers les musulmans qu’un islamiste. Comment s’étonner alors si, de démission en démission de ce genre, notre pays devient, aux yeux de l’Occident, une base arrière du terrorisme international ? «La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini», avertissait le philologue et philosophe français Ernest Renan (1823 – 1892). Cette bêtise pousse certains «bien-pensants» à se rassurer à bon compte. Il ne s’agirait, d’après leurs considérations, que d’un accès de démagogie classique et sans conséquence ! Erreur fatale, car la stratégie des islamistes est limpide. Risquant d’être claquemurés, reclus et isolés, ils lancent la mobilisation générale de leurs «bras armés». Reste que dans la première ligne contre ce fléau se trouvent à la fois des intellectuels, des écrivains, des universitaires et quelques politiciens qui ont ouvert la boîte de Pandore et appellent incessamment à préserver le principe fondamental de la démocratie qui stipule que la liberté et le droit ont la même date de naissance.
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