La désintégration de Nidaa Tounes est le résultat de l’obsession du fils qui n’a pas hésité à passer outre toutes les instances et les principes démocratiques pour s’assurer une main mise sur le parti.
Les scandales ayant émaillé le congrès de Sousse ont, a posteriori, confirmé tous les dépassements précédents, dont le congrès illégal de Djerba et l’attaque de la réunion de Hammamet. A l’époque, le doute était encore permis sur les responsabilités et les deux parties se lançaient d’interminables accusations réciproques, mais avec ce qui s’est passé à Sousse et qui a choqué les plus hautes autorités de Nidaa, le doute n’est plus permis sur les pratiques mafieuses opérées par les sbires de Hafedh Caïd Essebsi pour torpiller tous les principes, ce qui a abouti à une véritable destruction du parti.
La colère du père, terrible dit-on, vient cependant trop tard. En effet, depuis des mois, Béji Caïd Essebsi en contradiction totale avec non seulement la Constitution qui vient d’être promulguée, mais aussi avec le principe républicain qui exclu le népotisme, n’a fait que favoriser son fils et éloigner, même parmi ses plus fidèles, ceux qui s’inquiétaient de la voie dangereuse dans laquelle s’engageait le parti qui, placé en position dominante par les électeurs, se trouvait soumis à une logique destructrice mise en place par ses ennemis politiques qui utilisèrent le fils comme un cheval de Troie.
Désormais arrivés à leur objectif, l’illusoire « tawafeq » – un unanimisme de façade qui a éliminé toute efficacité gouvernementale et positionnement politique utile – est désormais caduc, les alliances contre nature vont se désagréger et le vrai combat politique va ressurgir.
Mais avec les effets désastreux du népotisme, le national progressisme – qui avait réussi à remporter haut la main les élections de 2014 – est en miettes. Le combat risque désormais d’être inégal et les égos de 2011 sont de nouveau à l’affut pour, une nouvelle fois, desservir le message progressiste.