Nidaa Tounes : une source de blocage et de tensions ?

Théâtre de nombreux blocages, la scène politique tunisienne peine aujourd’hui à faire ses preuves avec des partis politiques aussi nombreux que, parfois, incompréhensibles au niveau de leurs projets. Qu’en est-il du parti au pouvoir, Nidaa Tounes ? Et si le blocage venait, justement, de lui ? C’est en tout cas ce que pense Ibrahim Nacef, actuel député du bloc Al-Horra et ancien nidaïste. S’exprimant sur Réalités Online, le député est revenu sur les blocages au sein du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, ainsi que sur les tensions plus ou moins bien dissimulées entre le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le directeur exécutif auto-proclamé du parti de Béji Caïd Essebsi, Hafedh Caïd Essebsi.

Un absentéisme qui ne passe pas inaperçu à l’ARP
Le blocage, selon Brahim Nacef, se fait sentir depuis la remise au goût du jour de la question d’un remaniement. « Tout, ou presque, est à l’arrêt. Désormais, c’est aussi le cas à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Depuis 2 jours, aucun texte de loi n’est passé », a-t-il noté. Le projet de loi relatif à la sécurité sociale a tout de même recueilli les voix du Front Populaire et du Bloc Démocratique, au même titre que le bloc Al-Horra. « C’est un  projet social par excellence », dit-il.
Néanmoins, malgré l’opposition, la coalition au pouvoir est capable de faire passer ses lois, si l’on prend en compte le nombre des députés de Nidaa Tounes et d’Ennahdha. « Ceux d’Ennahdha sont généralement présents. En revanche, pour Nidaa Tounes, ils sont 20 à 25 élus présents dans les meilleurs des cas », a-t-il souligné. Aucun texte n’est passé à l’heure actuelle à cause de l’absentéisme des nidaïstes et du vote de l’opposition, rappelle Brahim Nacef, qui confie qu’il a l’impression que la situation va durer. Comment expliquer ce blocage ? En fait, selon le député, il n’est pas lié à la qualité des lois et des accords, même si certains textes ne sont pas passés à cause de l’absence d’un quorum.

« Le casse-tête Youssef Chahed » de Nidaa Tounes
Il cite, à cet effet, l’exemple du projet de loi sur la Sécurité Sociale. « On ne peut pas dire que c’est un mauvais projet. Si les textes ne passent pas, c’est parce que les désaccords politiques battent leur plein, notamment à l’approche du remaniement ministériel. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils veulent tout faire porter par Youssef Chahed », a-t-il confié.
Dans ce même contexte, le Chef du gouvernement, poursuit Brahim Nacef, constitue le point de désaccord entre Nidaa Tounes et les décideurs. « On sent l’existence de deux partis au sein d’un seul parti ! Youssef Chahed a tenté de réaffirmer son appartenance à Nidaa Tounes. Il a, dans ce cadre, même fait campagne pour le parti durant les élections municipales, ce que nous considérons comme une erreur. Même le président de la République souhaite écarter Youssef Chahed, étant donné que ce dernier constitue un futur chef du parti et un candidat potentiel aux élections présidentielles. Ils ne peuvent pas l’affirmer ouvertement, car il serait très mal vu de le faire », a-t-il expliqué.
Le député poursuit en s’interrogeant sur les raisons de présenter Salma Elloumi Rekik, actuelle ministre du Tourisme, comme la candidate de Nidaa Tounes pour la présidence du gouvernement, alors que, rappelle-t-il, rien n’est encore scellé. « Il existe une volonté de faire tomber Youssef Chahed, et tous les moyens sont bons pour cela », a-t-il soutenu.

« Sacrifier tout pour que certains maintiennent les rênes du pouvoir »
Et si le blocage de l’ARP n’était qu’une manière de bloquer le gouvernement d’union nationale ? « Bien sûr », nous répond Brahim Nacef, qui estime que Nidaa Tounes veut bloquer le pouvoir législatif dans l’objectif d’affirmer, par la suite, que l’Exécutif actuel ne bénéficie plus du soutien de l’Assemblée et qu’il est, de surcroît, incapable de faire passer ses lois.
Ce n’est certainement pas le bon moment pour qu’une telle crise éclate d’après le député. « Si on est responsable et on place l’intérêt du pays au-dessus de tout, dans ce cas, on peut dire que ce n’est pas le moment et que le remaniement n’a pas lieu d’être. Peut-être, à la rigueur, un remaniement partiel, mais pas complet. La Tunisie traverse une mauvaise passe. Par conséquent, la confiance dont elle jouit auprès des institutions mondiales s’est affaiblie. Il faut, à présent, oublier 2019 car l’intérêt du pays passe avant toutes les échéances électorales. Ceux qui ne le font pas ne sont que des personnes qui ne pensent qu’à elles-mêmes », a-t-il expliqué.
Plus encore : Brahim Nacef affirme que Nidaa Tounes était parmi ceux qui ont souhaité que les élections municipales n’aient finalement pas lieu. « Le parti n’était pas prêt. A Nidaa Tounes, on se moque éperdument de la Tunisie. Certains veulent seulement s’assurer de leur avenir en 2019. D’ailleurs, chaque député cherche à conserver sa place pour l’après 2019. Nidaa Tounes, aujourd’hui, sacrifie tout pour que certaines personnes maintiennent les rênes du pouvoir », a encore assuré le député.

 

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