Nizar Baratli agressé par la police parce qu’il a bien fait son travail

Nizar Baratli est un receveur qui travaille depuis quelques années au péage de Menzel Jemil (Bizerte). Un homme travailleur et calme comme le décrivent ses collègues. Le jeudi 14 mai dernier il a été malmené et agressé verbalement par un policier rien que parce qu’il a bien fait son travail. Suite à cet incident, Nizar a déposé une plainte auprès du procureur de la République. Sa société a décidé d’envoyer la scène de l’agression, filmée par la caméra de surveillance du péage, au ministère de l’intérieur.

Sa faute était d’avoir bien fait son boulot

ça s’est passé  jeudi 12 mai 2015 à 10h 45 minutes. Le chauffeur du bus appartenant à la Société régionale de Transport de Bizerte (SRTB) et immatriculé 15-358765 a refusé de payer les frais de péage sous prétexte qu’il transporte des agents de sécurité.

Nizar Baratli, lui, a essayé de lui faire comprendre que cela ne le dispense pas de payer les frais. En fait, Tunisie Autoroute a fixé une liste bien déterminée des véhicules dispensés de payement des frais de péage (ambulances, véhicules transportant le personnel, véhicules militaires) comme le montre cette photo.

La SRTB  n’en fait pas partie quand bien même leur bus transporte des agents de sécurité.

La réponse du receveur a provoqué l’ire de l’un des policiers dans le bus qui n’a pas hésité à l’insulter de tous les noms en l’accusant de leur « faire perdre leur temps ». Nizar Baratli lui demande alors de se mettre devant la caméra de surveillance du péage pour le prendre en photo, question de justifier, lors du redressement des comptes,   le non-paiement enregistré par le système informatique du péage.

Le policier refuse à nouveau et demande à Nizar de lui présenter sa carte d’identité. Il l’a ensuite traîné de force dans le bus.

À ce moment là, ses collègues et un autre policier- qui fait partie de la patrouille permanente installée au péage de Menzel Jemil- sont intervenus pour le libérer.

« Nous sommes quotidiennement confrontés à ce genre d’incident avec les forces de l’ordre. Quand on demande à un policier d’être pris en photo par la caméra de surveillance du péage c’est pour justifier le manque de liquidité lors du redressement » explique, Slim Ben Taher, secrétaire général du Syndicat de base de Tunisie Autoroute (Bizerte).

Slim Ben Taher a affirmé que le même bus était passé au péage d’El Alia à 8h.34 et que l’un des agents avait accepté de se soumettre à cette procédure.

« Je ne vais pas me taire »

Suite à l’agression, Nizar Baratli a porté plainte auprès du procureur de la République mais aussi auprès de la ligue tunisienne des droits de l’homme (section de Bizerte dont il est membre). La société Tunisie Autoroute a envoyé une copie de la scène de l’agression (10 minutes) filmée par la caméra de surveillance du péage.

« Je ne compte pas me taire, je n’accepterai jamais qu’une telle humiliation passe inaperçue », affirme Nizar Bartli.

Les agents du péage de Menzel Jemil ont observé, le même jour, un sit-in d’une demi-heure en signe de protestation contre cette agression. Le syndicat a également appelé ses adhérents à porter le brassard rouge durant le 15, 16 et 17 mai et à observer un sit-in le lundi 18 mai devant l’administration de Tunisie Autoroute à Utique.

Le Syndicat des fonctionnaires de la Direction générale des unités d’intervention (SFDGUI) a publié un communiqué le samedi 16 mai selon lequel Nizar Baratli a traité les agents de sécurité de « terroristes ». Le communiqué  ajoute que le SFDGUI dénonce fermement l’attitude du receveur et qu’il compte le poursuivre en justice.

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