L’arrivée de Mohamed Gheriani, ancien et dernier secrétaire général du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique) dissout à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) a suscité la polémique aussi bien au sein d’Ennahdha qu’à l’extérieur du parti. Nous connaissons les raisons.
Rached Ghannouchi, président de l’ARP et d’Ennahdha, a défendu la désignation de son nouveau conseiller chargé de la réconciliation nationale ce dimanche 29 novembre 2020. C’était lors de la plénière du jour, consacrée aux débats sur le projet de loi de Finances 2021. « La direction de l’ARP est impartiale. Il n’y a donc aucun besoin d’appeler à l’impartialité. Les syndicats de base doivent garantir la paix sociale [au sein de l’institution] compte tenu de la situation étrange du pays », a-t-il déclaré.
La nomination de Mohamed Gheriani, selon Ghannouchi, est une forme d’ouverture et de diversité. Il existe, selon le Cheikh, deux manières de composer avec l’ancien régime. Ou bien la réconciliation ou bien la vengeance. « Cela ne signifie pas que la Révolution s’est tournée vers le passé : elle se concentre plutôt sur le présent. Mohamed Gheriani a présenté ses excuses au peuple tunisien et il est désormais sur les terres de la Révolution. Il n’a pas chanté les louanges du passé. Il a migré vers la Constitution et la Révolution. On doit donc ouvrir les portes à tous ceux qui veulent rejoindre la révolution, la loi et la Constitution au lieu de faire une rupture », a encore déclaré le Cheikh.
Voilà des réponses qui s’adressent, sans conteste, à Abir Moussi, présidente du Parti Destourien Libre (PDL). Celle-ci, pour rappel, a rejeté, ce dimanche, l’arrivée de Mohamed Gheriani en tant que conseiller de Ghannouchi. C’est ce même Mohamed Gheriani avec lequel elle avait travaillé avant 2011. Abir Moussi rejette, selon ses termes, « la normalisation avec les Frères ». C’est donc la principale accusation qu’elle porte contre son ancien patron.
Rached Ghannouchi, à travers sa réponse, semble vouloir dire qu’Abir Moussi, quoiqu’elle fasse, ne pourra pas empêcher l’arrivée de son futur conseiller, bon gré mal gré elle. Sa réponse s’adresse aussi aux frondeurs d’Ennahdha qui ont rejeté la désignation de Mohamed Gheriani en tant que conseiller auprès du Cheikh. « Ma décision sera appliquée malgré tout ce que vous pouvez dire et vos critiques », pourrait se dire le Cheikh, satisfait de lui-même avec son « coup de maître » de « l’ouverture ».
F. K
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