Notre amie, la Syrie

Pour la Tunisie, il n’est pas question de confondre le bon grain et l’ivraie : la Syrie est un pays souverain, indépendant et son peuple est libre de choisir son président. Cette position de respect des Etats et des peuples et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays reflète l’esprit constant et indéfectible de la diplomatie tunisienne depuis les années de l’indépendance sous la direction du leader Habib Bourguiba. Avec la seule et unique triste parenthèse de la décennie noire de l’innommable « printemps arabe » au cours de laquelle on a eu à voir un président provisoire désigné par un parlement islamiste sous la coupe du mouvement Ennahdha, et non élu par le peuple tunisien, autoriser en février 2012 la tenue de la première Conférence internationale des « Amis de la Syrie », les pays qui ont soutenu et encouragé la chute du régime d’Al Assad par les armes, dans un contexte d’implantation de la Démocratie occidentale dans les pays arabes par le feu. Il s’ensuivit une longue et interminable guerre civile sanguinaire, même quand l’armée régulière avec l’aide de Moscou a réussi à reprendre le contrôle d’une grande partie du territoire syrien. Treize années plus tard, voilà ces « rebelles » de retour, armés jusqu’aux dents, des « djihadistes », comme les qualifient les médias occidentaux ou, mieux encore, « l’opposition » syrienne, sans jamais oser les désigner de « terroristes », bien qu’il ne soit un secret pour personne que ces groupes islamistes armés sont un melting pot d’organisations terroristes, du genre Al-Qaïda, Jabhet Ennosra et d’autres, à la solde d’agendas étrangers inamicaux à l’égard de la Syrie. Et sans doute à l’égard de toute la région du Proche et du Moyen-Orient. Ce qui explique le retour intempestif de cette guerre en Syrie avec la prise par surprise d’Idlib, d’Alep, de Hama par les factions armées et leurs desseins non cachés de progresser dans leur avancée pour prendre le contrôle d’autres villes et villages syriens.
La guerre est donc repartie avec, notamment, des bombardements intensifs syro-russes et la promesse du président syrien que l’Etat syrien fera le nécessaire pour éradiquer le terrorisme en Syrie.
Le retour de la guerre en Syrie vient au moment où le pays a retrouvé un semblant de stabilité et repris son siège à la Ligue des Etats arabes en 2023, après onze ans d’exclusion. Sauf que c’est la région arabe qui n’est plus stable depuis le 7 octobre 2023. La guerre à Gaza étendue au Liban semble contaminer les pays voisins, aujourd’hui la Syrie, demain peut-être l’Irak. Pour le plus grand bonheur de l’entité sioniste et Benyamin Netanyahu en particulier qui, après avoir assassiné le leader historique du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, et plusieurs de ses cadres politiques et militaires, emporté par l’euphorie d’une « probable » victoire prochaine à Gaza, a dévoilé du haut de la tribune des Nations unies les desseins de son gouvernement d’extrême droite d’annexion de territoires libanais, syriens, jordaniens, irakiens, saoudiens et égyptiens, en plus de Gaza et de la Cisjordanie occupée, dans le cadre du projet sioniste du Grand Israël. Si bien que ce qui se passe en Syrie ne peut être étranger à ce que manigance l’entité sioniste dans la région, d’autant que selon une information du journal israélien Haaretz, reprise par des médias arabes, les « djihadistes », qui ont pris d’assaut Idlib et d’autres villes syriennes, sont soutenus militairement et logistiquement par Israël et la Turquie, essentiellement.
L’implication de la Turquie étant directe pour certaines sources d’information adverses et tacite pour d’autres, du même camp atlantiste.
Le complot orchestré aurait pour objectif de couper la route syrienne à l’acheminement des armements iraniens vers le Hezbollah, la résistance libanaise qui a été un mur infranchissable devant les soldats israéliens dans leurs multiples tentatives d’intrusion dans les terres libanaises et mis des villes comme Tel Aviv, Haïfa et Akka sous les feux de ses missiles de différentes portées.
Une autre information fait également état d’une tentative par l’aviation militaire israélienne d’empêcher des avions iraniens de transborder une cargaison d’armements vers la Syrie pour soutenir l’armée régulière syrienne. Le président syrien Bachar Al Assad met en garde, de son côté, contre une tentative de « redessiner la carte » de la région. Israël n’a pas gagné la guerre à Gaza, cherchant à présent une issue de sortie diplomatique pour ses otages détenus dans l’enclave détruite, ni celle qu’il mène au Liban, malgré la signature d’un cessez-le-feu. C’est une raison pour Netanyahu et ses soutiens inconditionnels pour étendre, ou contribuer à étendre, le brasier dans la région et brouiller les cartes dans une région arabe marquée par des divisions et par des rapports différenciés avec l’entité sioniste.
La situation est inquiétante et pas seulement dans la région où se déroule la guerre, les appels à la désescalade ont fusé de toutes parts, d’autant que l’entité sioniste cherche à conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas pour la libération de ses otages.
Pour la Tunisie, et en vertu de ses principes inébranlables, la stabilité de la Syrie et l’intégrité de son territoire sont des lignes rouges tout comme le droit des Palestiniens à un Etat indépendant.

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