Nous avons été bernés !

Par Foued Zaouche*

Nous avons été bernés, c’est le sentiment que partage l’immense majorité des Tunisiens car, plus le temps passe, plus la tromperie éclate au grand jour. On nous avait promis à coups de déclarations solennelles des élections pour la fin 2013, or des voix autorisées nous parlent à présent d’élections pour 2014. Il faut se rappeler que le 23 octobre 2012 signifiait la fin du mandat officiel de cette Assemblée constituante selon l’engagement moral signé par les principaux partis et donc la fin de cette majorité au pouvoir qui n’a cessé de louvoyer et de tenir un double langage.

Si ces gens avaient su gérer le pays avec compétence et rectitude, nul n’aurait rien eu à redire mais, depuis leur arrivée au pouvoir, ce n’est que dépenses et gabegies, improvisations et laisser-aller. L’État se délite tous les jours un peu plus sous nos yeux impuissants, la société se fracture et le fait religieux en est le point crucial. Comme les fauves choisissent les plus faibles dans les troupeaux, notre pays est à présent la proie de prédateurs parce que notre État a été déstructuré par une incompétence ou une volonté politique, allez savoir ! On parle de quelques dizaines de terroristes à Djebel Chaambi qui a mobilisé une grande partie de nos forces sécuritaires. Que se passerait-il si nous subissions une attaque en masse par les milliers de djihadistes tunisiens qui combattent à l’étranger et qui choisiraient  de rentrer ? Serait-ce ces forces désorganisées et apparemment démunies qui les affronteront ? On n’ose l’imaginer ! 

On nous parle à présent d’une police salafiste comme le relate le journal « La Presse » du 12 mai. Comprend-t-on seulement ce que cela signifie ? La fin de notre État de droit et le début de l’enfer ! Voici le résultat d’un laxisme outrageux avalisé par le cheikh Ghanouchi qui les appelait il n’y a pas si longtemps « ses enfants ». On pourrait aussi évoquer à ce sujet la fameuse maxime : « Tel est pris qui croyait prendre ». On enfante un monstre qui finit par se retourner contre ses propres géniteurs. L’Histoire est pleine de ces phénomènes. On lit sur Business News que Abou Yadh « déclare officiellement la guerre aux forces de l’ordre. ». Si cela s’avère exact, il faudra dire adieu à toutes élections « libres, claires et transparentes » comme on aime les qualifier. C’est peut-être après tout le but recherché.

Voici le résultat de ces graines de la discorde semées à tous vents par ces religieux irresponsables et au double langage. Il faudrait un sursaut national et l’union de toutes les forces vives de notre pays pour contrer ces dangers qui nous menacent. Et déjà la résistance semble s’organiser.

Sur le plan religieux, il faut souligner l’attitude fière et courageuse du cheikh Férid El Béji qui mène la résistance avec l’aide des imams tunisiens contre l’hydre wahhabite. Il fallait entendre cet homme sur Mosaïque fm le lundi 6 mai condamner les incursions de ces prédicateurs étrangers au double langage et leurs discours emplis d’hypocrisie en rappelant la grandeur de l’école zitounienne qui n’a nul besoin de ces intrus. Il a souligné les pressions que subissent les imams tunisiens de la part du ministère des Affaires religieuses qui encourage le wahhabisme et qui ne fait rien pour les défendre contre les agressions physiques dont ils font l’objet.

La résistance s’organise au sein même des forces de l’ordre. Il faut entendre les paroles admirables prononcées par monsieur Imed Belhadj Khalifa de l’Union syndicale des forces de l’ordre qui, en s’adressant aux plus hautes autorités de l’État, les a exhortées à ne prendre en compte que les intérêts supérieurs du pays et à taire tout intérêt partisan.

La résistance s’organise autour d’une presse courageuse et de journalistes admirables dont l’Histoire retiendra les noms si la Tunisie parvient à bouter hors de notre pays cette idéologie qui nous est étrangère. On ne peut pas ne pas évoquer la remarquable résistance de la société civile qui ne cesse de faire preuve d’une vigilance aiguë à toutes les ruses  et stratagèmes du pouvoir pour imposer un État partisan et non démocratique. 

Les structures de l’État tunisien tentent de résister face à ceux qui veulent leur anéantissement car à présent, la problématique est claire : soit nous sommes rayés de la carte en tant que nation, soit nous résistons aux forces qui veulent détruire le concept même de citoyen qui est le moteur d’une République qui se respecte. Un citoyen actif et solidaire, partie prenante du jeu politique et social et non un sujet abêti et obéissant, sous le joug d’une idéologie archaïque.

Malgré toutes les tergiversations du pouvoir pour finasser et retarder les échéances électorales, il faut parvenir par une mobilisation de tous à lui imposer la tenue d’élections dans les plus brefs délais. Il reste une seule inconnue : l’attitude du citoyen tunisien face à l’immense pouvoir financier dont dispose le parti Ennahdha et surtout de celui des centaines d’associations religieuses proches de ce parti qui quadrillent le pays. Nous en verrons certainement les effets lors de la prochaine campagne électorale. Certains tunisiens seront-ils tentés de négocier leur vote ? Qui peut nous assurer de la transparence réelle des opérations de vote lorsque nous savons que les nominations partisanes effectuées dans toutes les régions assure à l’actuelle majorité des complaisances administratives peut-être coupables ?

                                               Foued Zaouche

                                      Artiste-peintre et portraitiste

                                         www.fouedzaouche.com

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