Nouveau chef de gouvernement : Pourquoi pas un (e) syndicaliste ?

Par Mohamed Laroussi Ben Salah

 Mettons nous d’accord, de syndicalistes, il s’agit de ceux ou celles qui ont servi et fait leurs preuves dans les organisations de travailleurs, de patrons, d’agriculteurs, de médecins, de pharmaciens, de journalistes, de juges, d’hôteliers, de commerçants, etc.
Je ne cite pas les avocats, les ingénieurs, les enseignants, les fiscalistes, les hauts fonctionnaires et autres parce qu’on en a déjà vus.
Je ne parle pas de politiques non plus, ni de chefs de partis, ni de militants invétérés.
Pour éviter de verser dans des définitions interminables, disons qu’un (e) syndicaliste est particulièrement quelqu’un qui œuvre à la défense d’intérêts collectifs. Ça commence certes par une entreprise, mais ça va rapidement au-delà, au secteur, à la localité, à la région et au pays. Ce sont toujours les intérêts collectifs qui priment, qui guident la militance d’un (e) syndicaliste. Il ou elle est fort (e) dans le professionnel, le social, l’économique, le relationnel. Partis, il ou elle s’en fout, car le politique vient après et non avant.
C’est à travers les syndicats et les syndicalistes que beaucoup de choses ont évolué, que beaucoup de droits ont été acquis et qu’une infinité d’intérêts collectifs ont été défendus et réalisés.
Dans ce cadre précis, plusieurs syndicalistes ont assumé les hautes fonctions de premier ministre et ou chef de gouvernement de leurs pays. Certains ont échoué, mais beaucoup ont réussi et continuent de gouverner.

Des exemples
J’ai personnellement été surpris de trouver que le premier pays arabe à avoir confié la primature à un syndicaliste n’est autre que la Libye voisine. C’est en septembre 1969 que Souleymane Mahmoud Maghrabi a été nommé premier ministre par le colonel Kadhafi qui venait juste d’accéder à la magistrature suprême en renversant le Roi Idriss. Maghrabi était secrétaire général du syndicat des sociétés de pétrole et brillant dirigeant de l’Union Générale des Travailleurs Libyens, UGTL, une copie libyenne de l’UGTT de Tunisie.
En Afrique et plus exactement au Cameroun, Charles Assalé, SG de l’Union des Travailleurs Camerounais, avait officié en tant que premier ministre pendant plus de cinq ans, juste après l’indépendance du pays en 1960.
C’est en Europe qu’il y a le plus de cas de syndicalistes qui continuent même d’officier. Stefan Lofven est premier ministre de la Suède depuis 2014, Mark Drackford l’est au Pays de Galles depuis 2018 et Antti Rinne en Finlande depuis juin 2019.

En Tunisie
Depuis l’indépendance, les premiers ministres de Tunisie ont été des avocats (Habib Bourguiba, Hédi Nouira, Béji Caid Essebsi), des hauts fonctionnaires (Bahi Ladgham, Rachid Sfar, Hédi Baccouche, Mohamed Gannouchi) un enseignant (Mohamed Mzali) un médecin (Hamed Karoui), un militaire (Zine El Abidine Ben Ali) et des ingénieurs (Hamadi Jebali, Ali Larayedh, Mehdi Jomaa, Habib Essid, Youcef Chahed et Elyes Fakhfakh).
Des syndicalistes ont fait partie, comme ministres et secrétaires d’Etat, des divers gouvernements, notamment ceux formés au début de l’ère de l’indépendance. Ce furent, de l’avis de tous, des fondateurs et des bâtisseurs. La liste est assez longue mais on peut quand même citer parmi les travailleurs les noms de Mahmoud Khiari, Mustafa Filali, Ezzedine Abassi  et Lamine Chebbi ainsi que Ferjani Belhaj Ammar et André Barouche parmi les patrons. On avait compté aussi des ministres issus de la centrale agricole ainsi que de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens, UGET.

Des fédérateurs
Il a été question de faire appel ces dernières années à des syndicalistes pour diriger le gouvernement. Les noms de Si Mustafa Filali, de Houcine Abbassi et de Wided Bouchemmaoui avaient fait pignon sur rue, le premier pour sa droiture et son impartialité, les deux autres pour le glorieux Nobel de la Paix qu’ils ont arraché haut la main en 2015.
Tous avaient réussi leurs missions, particulièrement celle de fédérateurs et de bons gestionnaires d’intérêts souvent contradictoires. Wided Bouchemmaoui et Houcine Abbassi avaient dirigé le Dialogue National et brillamment réussi à converger des intérêts diamétralement opposés. Ils ont été et sont toujours les derniers à en profiter.
Des personnalités de ce genre, on en compte beaucoup, hommes et femmes d’ailleurs. A la gente politique de regarder calmement un peu plus loin que le bout de leurs nez, les intérêts personnels, les intérêts partisans et les intérêts géopolitiques.
Par pudeur, je ne citerai pas de noms mais qui cherche trouve.

Mohamed Laroussi Bensalah.

 

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