L’ambiguïté plane encore sur l’affaire de l’assassinat de Mohamed Zouari, ingénieur en aéronautique tunisien, tué par balles à Sfax jeudi 15 décembre dernier. Aujourd’hui, on dispose de trois témoignages dans le cadre de cette affaire : celui de l’épouse de Zouari, de Mehdi Ben Amor, journaliste à Radio Diwane et du frère de la victime. L’épouse est intervenue sur la chaîne Aljazeera, niant en bloc que son défunt mari était un activiste au Hamas.
Elle poursuit en affirmant que Mohamed Zouari avait quitté son domicile à 13h50 le jour de son assassinat. Quelques minutes plus tard, elle avait entendu des coups de feu. Elle a, par ailleurs, précisé que son mari avait un deuxième nom, à savoir « Mourad ». Des parties étrangères seraient, selon elle, sans doutes impliquées dans l’assassinat de son mari, et d’affirmer qu’elle n’était pas au courant de son appartenance à la résistance palestinienne. Chose qui a été annoncée par l’aile militaire du Mouvement de la résistance islamique, comprenant le Hamas et Qataeb Al Qassam.
« Mohamed Zouari n’exerçait aucune activité politique »
Samedi soir, intervenant dans l’émission Labes, Mehdi Ben Amor, journaliste à Radio Diwane, a affirmé qu’il était arrivé sur les lieux du crime, une quinzaine de minutes après le meurtre. Selon lui, à l’heure actuelle, deux véhicules ont été saisis, dont une voiture de location. Les caméras de surveillance ont permis aux sécuritaires d’identifier les assaillants, composés de deux hommes et de deux femmes, dont une niqabée. « Les informations selon lesquelles Zouari était revenu de Syrie sont fausses. Quinze jours avant son meurtre, il était en Turquie. Il voyageait énormément entre la Malaisie et la Turquie », a, par ailleurs, déclaré Mehdi Ben Amor. Et de poursuivre : « il a quitté la Tunisie, pour la Libye, pour ensuite rejoindre le Soudan où il avait obtenu la nationalité soudanaise. C’est là où il avait fondé son premier commerce. Dés lors, il est parti en Syrie et y a épousé une syrienne ».
D’après le journaliste, il a fallu attendre 2013 pour que Mohamed Zouari revienne en Tunisie accompagné de son épouse, fuyant le conflit syrien. « Je peux vous assurer que Mohamed Zouari ne menait aucune activité politique, selon ses proches. C’était un homme réservé, qui voyageait fréquemment. Seulement, il ne communiquait jamais sur ces voyages. Il n’était pas connu sur la scène politique tunisienne. La preuve : le bureau régional d’Ennahdha à Sfax, suite au meurtre, a voulu obtenir des informations à son sujet, a-t-il déclaré.
D’autre part, Mehdi Ben Amor a affirmé avoir entendu des youyous après le meurtre, dans la maison de Mohamed Zouari. « Ça devait être son épouse et sa mère », a souligné le journaliste. Et d’ajouter : « il s’agissait peut-être d’une tradition. Après avoir découvert le corps inerte de Zouari, son épouse était hystérique et elle s’était mise à rire. Je ne souhaite livrer aucune interprétation. Je ne fais que décrire ce que j’ai vu et entendu ».
À titre de rappel, intervenant sur les ondes de Shems FM, Mourad Turki, procureur général-adjoint prés la Cour d’appel de Sfax, a déclaré que 8 individus ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire. Ils sont tous tunisiens, parmi lesquels il y a une journaliste.
Dans cet ordre d’idées, Shems FM a affirmé que les enregistrements des caméras de surveillance, installées à proximité de la scène du crime, auraient été truqués. L’objectif, selon le correspondant de la radio, était de supprimer les séquences montrant les détails du crime.
Le frère de Zouari dénonce le silence des autorités tunisiennes
Autre témoignage, celui du frère de Mohamed Zouari. Intervenant sur Aljazeera, il a rappelé le parcours de son frère, qui avait fui la Tunisie en 1990, comme l’avait affirmé le journaliste de Radio Diwane. « Il s’est consacré, depuis son retour en Tunisie après la révolution, à ses études. Il était très discrets. Concernant son appartenance au Qataeb Al Qassam, mon frère ne communiquait pas là-dessus. Néanmoins, il parlait régulièrement de la résistance palestinienne, sans évoquer cette appartenance », a déclaré le frère de Mohamed Zouari.
Ce dernier a, par ailleurs, dénoncé l’omerta des autorités tunisiennes, sur une affaire « menée par des criminels extrêmement professionnels ».