Les relations de la Tunisie avec le FMI prennent les tournures d’un feuilleton haletant aux multiples rebondissements. Une série comme savent en faire les maîtres du feuilleton avec ce qu’il faut comme montée d’adrénaline, de suspense, de tensions, avec souvent des moments de rupture mais avec une fin heureuse. Et, la dernière visite du fonds n’a pas échappé à cette tradition et à cette écriture palpitante avec des moments difficiles, des instants de désespoir et enfin le dénouement heureux.
Après une visite longue de plusieurs jours, la délégation du fonds a annoncé qu’elle est parvenue à un accord avec le gouvernement. Cet accord est important dans la mesure où il ouvre la porte à un décaissement d’une nouvelle tranche du prêt du fonds après l’accord du Conseil d’administration.
La dernière visite du Fonds et l’accord avec le gouvernement suscitent de ma part quatre commentaires. Le premier concerne son importance dans le contexte de la crise économique et particulièrement des difficultés abyssales de nos finances publiques. Nous avons souligné à plusieurs reprises la nécessité de parvenir à un accord avec l’institution de Bretton Woods pour au moins trois raisons. La première est que cet accord est nécessaire pour le déboursement des différentes tranches du prêt du Fonds pour notre pays et qui constituent un apport important pour soulager nos finances publiques à la dérive. La seconde raison qui explique l’importance de cet accord est qu’il ouvre la porte aux autres institutions multilatérales comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque européenne d’investissement ou l’Union européenne pour débourser leurs appuis budgétaires à notre pays. La troisième raison derrière l’importance de cet accord concerne la perception des investisseurs étrangers et les agences de notation qui, en l’absence d’une entente avec le FMI, auront tendance à formuler une appréciation négative de notre pays. Pour l’ensemble de ces raisons, l’accord avec le FMI est important et celui obtenu lors de la dernière visite est encore plus important du fait de la gravité de la situation économique et de la crise politique qui aurait été déclenchée suite à un échec.
Le second élément est relatif aux retards enregistrés dans la mise en place de nos engagements auprès des institutions internationales. Ces retards rendent les négociations âpres et difficiles et nous mettent toujours au bord de l’abîme. Il est de ce point de vue essentiel d’accélérer l’exécution de nos engagements et surtout de définir une stratégie claire de négociation afin d’assurer un déroulement plus simple et moins heurté de ses missions.
Le troisième élément à souligner à ce propos concerne les différentes mesures et actions à mettre en place avant le passage de notre pays devant le Conseil d’administration. Il s’agit d’éléments et d’engagements importants que nous devons mettre en œuvre dans les plus brefs délais pour accélérer ce passage et in fine le déboursement de cette tranche.
Le quatrième élément essentiel concerne les politiques où notre capacité de négociation connaît quelques difficultés. Il faut souligner que le FMI, parallèlement aux grands équilibres macroéconomiques et à l’accélération du rythme des réformes, met l’accent également sur les politiques et particulièrement les politiques monétaires et de change. A ce niveau, l’institution de Bretton Woods suggère fortement à notre pays de faire un tournant restrictif dans la politique monétaire et de laisser flotter le dinar afin de doper notre compétitivité et nos exportations. Or, ses recommandations de politique économique, parallèlement à une pertinence contestée, pourraient peser lourdement sur l’effort de croissance que nous avons enregistré depuis le début de l’année et renforcer la fragilité des dynamiques de croissance.
L’accord entre le gouvernement et la délégation du FMI après sa dernière visite de revue, est une importante nouvelle dans un contexte de crise sans précédent de nos finances publiques. Cependant, les recommandations de politique du FMI, notamment pour la politique monétaire et la politique de change, pourraient annihiler les efforts de croissance de notre économie.