Obésité: Un problème de taille…

« C’est un problème de santé publique qui touche de plus en plus de Tunisiens »

Malbouffe, des jeunes sevrés au hamburger, l’obésité est désormais un fléau qui touche de plus en plus de Tunisiens.  Est-ce simplement dû à de mauvaises habitudes alimentaires, y-a-t-il d’autres solution que la restauration rapide pour ceux qui travaillent toute la journée ? La restauration rapide est-elle la principale cause de l’obésité… ? En Tunisie, un habitant de plus de 35 ans sur quatre est obèse.

Les enfants, premières victimes

16% des enfants tunisiens sont obèses contre 6% il y a trente ans, d’après une étude réalisée par l’institut de recherche pour le développement.

« Oui, c’est un problème qui touche de plus en plus de Tunisiens. Il touche beaucoup de jeunes enfants. On peut expliquer ces chiffres par de nouvelles habitudes alimentaires mais aussi par le manque d’activité physique. C’est important de faire bouger nos enfants. Il est évident que les enfants qui passent leurs journées devant les écrans et qui ne font aucune activité sportive sont plus exposés au risque d’obésité» selon Dr. Tahar Gharbi.

En effet, le comportement de certains parents explique ce phénomène. Beaucoup de mamans et de mamies ont du mal à attendre que l’impression que plus on gave bébé, mieux il se portera. Certains ont du mal à admettre que ça ne sert à rien d’ajouter du sucre dans les compotes de fruits puisque le fruit est déjà sucré, le bébé n’a pas besoin de plus de sucre. Certains aussi se font un plaisir fou d’écraser des biscuits très sucrés (avec un peu d’eau ou le lait du bébé), d’ajouter du miel et de les faire manger à des bébés d’à peine quelques mois …

« Oui, il faut qu’il se nourrisse, il a besoin de force »  ou encore « il faut qu’il découvre d’autres goûts » mais la meilleure qu’on puisse entendre est celle d’une maman issue d’un milieu modeste qui réplique « Les médecins ne comprennent rien, nos parents et grands parents nous ont élevés comme ça et on est en bonne santé »

Ce genre de comportement est souvent la cause de nombreux conflits entre les belles mamans et les mamans … Mamie veut parfois utiliser des méthodes à l’ancienne alors que maman est plus réticente et souhaite appliquer à la lettre ce que dit le pédiatre.

« A l’âge de neuf ans, mon fils pèse cinquante kilo … On a été voir un nutritionniste qui lui a donné un régime adapté à son âge et à son emploi du temps. Il fait aussi beaucoup de sport. Nous avons  beaucoup parlé lui et moi de ce problème, je l’ai responsabilisé et il fait de grands efforts. Il a perdu 7 kg en quelques semaines. J’en suis très fière. Avant, il mangeait des céréales très sucrées et ajoutait du sucre et du lait plusieurs fois par jour. Il ne pouvait pas résister aux sucreries. J’avais beaucoup de mal à lui expliquer en sortant de l’école par exemple qu’on ne devait pas acheter de bonbons comme ses camarades et quand je voyais son regard de chien battu, je cédais rapidement. C’est en grande partie de ma faute. Son régime est très adapté à son âge, tout est question d’heure et de quantité mais pas question de le priver et de ce fait, il ne se sent pas frustré. Parfois, sa mamie lui offre un gâteau ou un chocolat et il lui dit je veux emmener ma part avec moi, je mangerai demain parce que je ne peux pas manger l’après midi.»

Gros plan sur un rythme de vie … riche en graisse !

Il faut savoir qu’en Tunisie, les femmes souffrent trois fois plus d’obésité que les hommes.  Ce sont les femmes au foyer qui sont le plus touchées par ce fléau. On peut expliquer cela par le fait qu’elles sont plus tentées de grignoter et surtout quand elles s’ennuient.

«Même quand on prend un congé et qu’on reste à la maison, on a tendance à prendre du poids. Sans même m’en rendre compte, j’ouvre le frigo, je mange à toute heure et n’importe quoi … Je fais des gâteaux … Donc je comprends tout à fait que les femmes au foyer ont plus de chance de devenir obèses qu’une femme qui travaille », affirme Amel.

Plus la femme bouge, sort, exerce une activité physique, plus le risque de devenir obèse devient faible.

L’obésité touche beaucoup plus les habitants de la ville plutôt que ceux des campagnes. En effet, le mode de vie citadin est plus à risque de par l’offre importante dans les grandes surfaces de produits industriels riches en sucre mais aussi de par une sédentarisation plus importante.

Pour Amir «Aujourd’hui, la plupart des gens qui habitent en ville, travaillent dans des bureaux, ils n’ont qu’une heure pour manger … Souvent, ils n’ont pas le temps de faire à manger et préfèrent sortir avec leur collègue et manger dans un fast-food des repas souvent très caloriques.»

C’est dans ces fast-foods que la tentation d’acheter des boissons gazeuses est plus grande. Certains poussent le bouchon jusqu’à vous proposer des offres alléchantes, des menus avec un burger, un soda et des frites … Vous l’aurez deviné, ce n’est pas le menu le plus sain qu’on puisse manger !

Avec l’arrivée de nouvelles et nombreuses enseignes internationales du fast-food, les chiffres pourraient «gonfler» … Mais pas que les chiffres !

A quand les nouvelles campagnes de sensibilisations pour les enfants, les parents et les industriels ?

Yasmine Hajri

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