Observatoire de l’aménagement du territoire: Pour quoi faire ?

Le ministre de l’Equipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, Mohamed Salah Arfaoui, a annoncé récemment lors d’une réunion, la création d’un observatoire de la dynamique de l’aménagement du territoire. Cette réunion a groupé plusieurs hauts fonctionnaires de son département ainsi que les premiers responsables des agences nationales  et entreprises publiques relevant de sa sphère de compétences et de ses alentours immédiats. De quoi s’agit-il ? Pourquoi une structure étatique de plus, alors que l’on déplore déjà l’excès de bureaucratie, et qu’il existe déjà une direction générale de l’aménagement du territoire avec laquelle il pourrait être en double-emploi ?
A quoi sert l’aménagement du territoire et comment faire pour coordonner les compétences et les activités relevant de plusieurs départements ministériels ?
Le ministre a commencé par rappeler en quoi consiste la responsabilité de l’aménagement du territoire. Il s’agit de concevoir une vision, de mettre au point une stratégie et d’élaborer des plans pour optimiser l’utilisation efficiente du territoire national dans le but de booster le développement intégral et équitable de toutes les régions du pays.
A propos des priorités à prendre en considération parmi les actions à entreprendre par le futur observatoire des dynamiques de l’aménagement du territoire, le ministre a cité l’étude du développement intégral et équitable des régions dans le but de réduire les disparités et de créer des conditions favorables à l’investissement grâce à l’exploitation optimale des ressources naturelles et matérielles et des capacités dont dispose chaque région.
L’aménagement territorial constitue un outil essentiel pour organiser l’affectation de tel ou tel espace à tel équipement ou telle fonction de nature à harmoniser l’implantation des grands projets d’infrastructures de base et des équipements publics avec les grandes agglomérations urbaines et les concentrations de logements.
L’implantation d’un port, le choix de la trajectoire d’une autoroute, la sélection du site et l’aménagement d’une zone industrielle, l’implantation d’une zone touristique ou encore la création d’une ville nouvelle, sont des actions d’aménagement du territoire.
L’objectif du législateur consiste à concilier les préoccupations du développement régional avec une croissance économique efficiente dans ces régions et la cohésion sociale de la nation.
La compétitivité du territoire national doit être harmonisée avec le respect des principes du développement durable : préserver nos ressources naturelles qui sont limitées tout en respectant la dignité de l’homme.
Le ministère de l’Equipement a été amené à créer cet observatoire suite aux conclusions d’une étude menée en 2014 en collaboration avec les experts de l’AFD, selon laquelle plusieurs lacunes ont été constatées dans notre politique d’aménagement du territoire en supposant que nous en avions une jusqu’ici.
En effet, plusieurs dysfonctionnements et problématiques ont été constatés par cette étude.
Les plus importantes étant les disparités régionales constatées sur tous les plans. D’abord, la répartition déséquilibrée de la population : 67% de la population vivent sur le littoral, dont 24% dans la capitale Tunis.
Les zones rurales se dépeuplent et perdent leur jeunesse et leurs compétences, ce qui ne favorise pas l’implantation d’activités économiques et de projets de développement.
Ensuite, 87% des installations industrielles et des équipements socio-collectifs se trouvent dans les zones littorales, là où se concentrent la création de richesses et donc la création d’emplois. C’est pourquoi ce sont des régions attractives, alors que les zones intérieures sont plutôt répulsives.
90% des activités touristiques sont implantées sur le littoral, ce qui crée de l’emploi mais accentue le différentiel de développement avec les régions intérieures.
L’extension urbaine, qui se fait aux dépens des superficies cultivables, est très rapide. Cela est d’autant plus grave qu’il s’agit des sols les plus fertiles et souvent de périmètres irrigués et de plantations fruitières.
L’exode rural est intense et la population dans le Nord-Ouest perd de ses effectifs.
Par ailleurs, les quartiers urbains des grandes villes sont de plus en plus surpeuplés et pollués.
Le réseau de transport en commun de voyageurs dans les grandes villes n’arrive pas à satisfaire les besoins de la population.
Il y a donc des réformes de structures à réaliser en la matière avec de nouvelles dispositions et des mesures à prendre sur les plans technique, institutionnel, réglementaire et juridique, au niveau de la direction générale de l’aménagement du territoire.
C’est pourquoi l’observatoire doit assurer un suivi permanent de la dynamique pour déceler les moindres indices d’évaluation dans l’urbanisation, les implantations économiques et industrielles, les réalisations d’infrastructures de base… Il doit disposer d’une banque de données informatisées et élaborer un système d’information géographique fondé sur des moyens technologiques modernes pour publier des résultats destinés à rétablir l’équilibre régional. 

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