C’est désormais officiel : Machrou3 Tounes a annoncé son retrait du Pacte de Carthage ce jeudi 18 janvier 2018
Le parti de Mohsen Marzouk déplore l’alliance Nidaa Tounes – Ennahdha qui s’est soldée, selon lui, par un échec. Le gouvernement, par cette alliance, est incapable d’apporter des solutions au pays. Machrou3 Tounes appelle, également, à la formation d’un gouvernement de compétences nationales indépendantes non concernées par les prochaines élections. Il appelle aussi à la conception d’une loi de finances complémentaire capable de corriger les erreurs du texte actuel.
« Nous appelons à la mise en place d’un processus différent. Le pacte de Carthage actuel est dominé par l’Alliance Nidaa Tounes-Ennahdha », a déclaré Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou3 Tounes.
Ce dernier considère, par ailleurs, « qu’il est temps de corriger le processus et d’instaurer une nouvelle donne ». Malgré l’opposition de son parti au gouvernement, Mohsen Marzouk a rappelé qu’une trêve a été décidée en mai 2017, suite au lancement de la guerre contre la corruption. « C’était dans l’objectif de soutenir l’action gouvernementale et de garantir le succès de cette lutte », a-t-il dit.
Ce qui importe, poursuit-il, ce n’est pas « le papier du Pacte de Carthage », mais ses principes et la manière de les appliquer. Plusieurs partis politiques se sont retirés, rappelle Mohsen Marzouk, qui a fustigé la domination du document par l’alliance entre Nidaa Tounes et Ennahdha. « Nous appelons à la tenue d’un congrès afin de remédier à la situation », a-t-il lancé.
D’autre part, le secrétaire général n’a pas manqué de fustiger l’action gouvernementale qui manque, selon lui, d’efficacité et de vision. « On ne peut continuer à soutenir le gouvernement qui n’est plus, désormais, un gouvernement d’union nationale. Nous appelons à la formation d’un gouvernement de compétences nationales qui ne soient pas concernées par les élections. Ceux qui appellent, par ailleurs, à des élections législatives et présidentielles anticipées cherchent l’instabilité, mais pas nous », a-t-il soutenu.
« Le gouvernement actuel est une source d’instabilité »
L’appel à la formation d’un nouveau gouvernement ne risquerait-il pas de plonger le pays dans une nouvelle instabilité ? Réagissant à cette question, Mohsen Marzouk considère qu’il n’y aura jamais de stabilité avec la composition actuelle du gouvernement. « En l’espace de 6 mois, nous avons eu 3 ministres des Finances ! Peut-on appeler cela une stabilité ? », a-t-il lancé, soulignant que les dégâts seront limités par le biais de la mise en place d’un gouvernement de compétences.
Certains ministres, poursuit le secrétaire général, ont rejoint le gouvernement sous leurs casquettes d’indépendants. « C’est pour cela que nous avons voté pour eux d’ailleurs. Or, aujourd’hui, ils ont intégré des partis politiques et on leur a même demandé de s’engager dans les élections municipales ! Que se passerait-il alors s’il y avait des élections présidentielles et législatives ? Il y aurait des listes électorales et des portraits accrochés aux ministères ! Est-ce cela la stabilité? », a encore souligné Mohsen Marzouk, qui a affirmé que les tunisiens « ont vomi ces pratiques ».
Mohsen Marzouk ne s’est pas privé à l’occasion de répondre à ses « détracteurs« . A tous ceux qui l’ont accusé d’être à la solde du Qatar puis des Emirats après avoir été taxé d’être au service des américains et à ceux qui l’accusent de blanchiment d’argent en se référant aux Panama papers, il répondra : « je suis l’homme de la Tunisie, je suis à la solde de la Tunisie et je n’ai d’autre drapeau que le sien. Pour les autres je leur précise que je suis le seul à qui on n’a pas attribué la propriété d’une entreprise ou d’un compte à l’étranger contrairement à Rached Ghannouchi, Lotfi Zitoun ou encore Samir El Ebdelli »
M.F.K