Après le remaniement ministériel, la Cour Constitutionnelle est devenue le nouveau terrain d’affrontement entre le président de la République, Kaïs Saïed, et le président de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) et d’Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Le Chef de l’État a, une fois encore, décidé de barrer la route au parti islamiste en rejetant le projet d’amendement de la loi relative à la Cour Constitutionnelle, censée accélérer l’élection tardive des membres de cette instance. Comment se fait-il qu’Ennahdha, qui avait tout fait pour retarder la mise en place d’une telle instance – un pilier de la démocratie – depuis 2014, souhaite aujourd’hui accélérer sa création ?
Pour de nombreux observateurs, la réponse est simple : seule la Cour Constitutionnelle est capable d’outrepasser les interprétations du président de la République de la Constitution. C’est, aussi, le seul organe de l’État capable de destituer Kaïs Saïed, ennemi juré du Cheikh, et ce Cheikh a visiblement du mal à digérer la résistance du président de la République – même si sa manière laisse à désirer à bien des égards -.
Pour des constitutionnalistes comme Amin Mahfoudh, il existe une volonté claire de mettre la main sur la Cour Constitutionnelle. « Cela risque de mettre fin à la mise en place d’un État de Droit », a-t-il déclaré ce mardi 6 avril 2021 à l’agence TAP.
Au rythme actuel des choses, tout laisse à croire que la crise politique et institutionnelle risque de durer encore plus longtemps. D’une part, on a un président qui veut faire barrage à la corruption. D’autre part, nous avons un parti islamiste qui, depuis 2011, a mis en place un régime sur-mesure et qui veut encore imposer sa volonté. Entre les antagonistes, nous avons une Tunisie qui souffre, un Tunisien qui souffre… En d’autres termes, la prise d’otage du pays se poursuit.
F. K