On se bouscule au portillon de Carthage : Candidats figurants ou trouble-fêtes ?

Stratégie claire et méthodique pour disperser les avis et les voix le jour J. Des dizaines de candidats, inconnus au bataillon, et quelques figures publiques sans réel poids politique aux côtés d’une poignée de leaders dont les chances dans la course à la Présidentielle sont on ne peut plus compromises. Qu’est-ce qui fait courir les incognitos quand les célébrités de la scène politique hésitent ou reculent devant l’implacable épée de Damoclès du décret 54 ?

Par Yasmine Arabi 

Alors que les principaux partis politiques sont en hibernation, depuis le gel puis la dissolution de l’ARP en 2021, que des personnalités politiques poursuivies (ou menacées de poursuites) pour divers chefs d’accusation sont empêchées de se lancer dans la course à la Présidentielle en raison de leur présumée implication dans des affaires judiciaires en cours d’instruction et que la morosité ambiante plombe une période électorale estivale dans laquelle toute publicité politique est interdite, 59 personnes (au moment de la rédaction de cet article) ont retiré le formulaire des parrainages dès l’annonce de la date du scrutin.
Le nombre paraît important en raison des nombreuses mises en garde relayées par les rares représentants de partis d’opposition qui continuent de faire des déclarations et d’accuser le président sortant d’écarter ses potentiels rivaux dans la course à la Présidentielle, alors que celui-ci n’a toujours pas annoncé officiellement sa candidature. Sur le terrain, de visite en visite inopinée, il n’entend rien et ne voit rien sauf les coups bas et les tentatives de déstabilisation qui entravent la concrétisation de ses décisions et menacent la sécurité de l’Etat et qu’il combat avec toujours plus de détermination et de fermeté. Comme il a pris tout son temps avant de décider d’annoncer la date de l’élection présidentielle de l’automne 2024 ignorant les appels répétitifs et insistants.

 Rappeur, médecin… sur les traces des néophytes idéologues
D’illustres inconnus, sortis de nulle part, sans ADN politique, sans visibilité, sans vision, sans programme, se portent candidats à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain, un scrutin aussi convoité que craint, suscitant plus d’inquiétudes que d’espoir chez les plus avisés. Des listes entières circulent même sur les réseaux sociaux. Sont-ils plus courageux, plus intrépides ?  Ont-ils été mobilisés pour faire les figurants ou les trouble-fêtes ? Pourquoi osent-ils là où les plus expérimentés hésitent ? Ils se lancent dans la bataille, prêts à franchir tous les filtres, en dépit des supposées menaces de faire l’objet d’enquêtes sécuritaire et judiciaire. Tout citoyen a, certes, le droit de se porter candidat à la magistrature suprême s’il répond à tous les critères d’éligibilité, mais cela ne veut pas dire que tous les citoyens peuvent devenir chef d’Etat. Autrement dit, n’est pas chef d’Etat qui veut. Il faut savoir rester humble et garder les pieds sur terre par respect pour la fonction, pour l’Etat, pour la Nation et pour le peuple.
La fonction ne nécessite pas que de l’ambition ou de la compétence, elle requiert toutes les qualités qui font un homme ou une femme d’Etat.
Il circule sur les réseaux sociaux des rumeurs pour ne pas dire des « chinoiseries » sur une éventuelle candidature du richissime, dit-on, rappeur k2rhym. De prétendus partisans opportunistes et sans doute bien rémunérés, ont mené campagne pour lui, avant le délai légal, sur le réseau social TikTok promettant monts et merveilles et surtout l’éradication de la pauvreté en Tunisie à tous ceux qui veulent bien les croire. L’appauvrissement intellectuel de la scène politique se précise d’une élection à l’autre depuis que des néophytes idéologues ont été propulsés au sommet de l’Etat au nom d’une transition démocratique de façade parachutée et corrompue. Ou encore ce cardiologue très apprécié, Dhaker Lahidheb, qui se propose comme roue de secours de dernier recours dans le cas où aucun candidat à l’élection présidentielle ne porterait ses idées. La liste risque d’être tristement plus longue tant que les compétences avérées vivront cachées, loin des projecteurs. Un branle-bas de combat sans le moindre débat ou programme politique, sans aucun profil digne de la prétention de siéger au sommet de l’Etat. Le tout dans un flou total dans lequel les partis et les personnalités politiques qui avaient pignon sur rue durant la décennie post-révolution font désormais profil bas et avancent dans un terrain miné par le décret 54 à l’affût de la moindre critique « déplacée ».
Entre-temps, le président sortant reste discret sur ses intentions de se porter ou non candidat à sa propre succession et l’Isie, sur le pied de guerre, est à l’affût des infractions électorales. Ainsi, l’Instance supérieure indépendante pour les élections a mis à la disposition des citoyens un numéro d’appel, le 1814, pour signaler les tentatives d’achat de parrainages au profit des candidats à l’élection présidentielle. Les alerteurs peuvent également s’adresser aux bureaux régionaux ou locaux de l’Isie les plus proches. Sachant que tout candidat doit présenter dans son dossier de candidature les parrainages de 10 députés de l’Assemblée des représentants du peuple ou du Conseil national des régions et des districts, ou ceux de 40 présidents de collectivités locales en exercice, sinon ceux de dix mille électeurs répartis sur au moins dix circonscriptions avec un minimum de 500 électeurs par circonscription. Cette étape des parrainages est censée déterminer le degré de crédibilité du candidat et sa capacité à convaincre les électeurs. La période électorale a démarré le 14 juillet courant, une étape cruciale dans le processus électoral, mais en raison des nouvelles règles de jeu instaurées par le processus du 25 juillet, elle sera incolore et inodore.

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