Jeudi dernier, trois étudiants israéliens étaient enlevés en Cisjordanie occupée par Israël. Depuis, Gilad (16 ans), Naftali (16 ans) et Eyal (19 ans) sont activement recherchés par les soldats israéliens déployés en grand nombre dans la bande de Gaza et au nord est de la Cisjordanie. Une opération militaire à objectifs multiples. Tour d’horizon.
L'opération « Gardiens de nos frères » rassemble 2500 soldats déployés en Cisjordanie. Elle a pour but déclaré de retrouver les trois étudiants enlevés. Selon les Israéliens, ce serait le Hamas qui aurait kidnappé les jeunes.
Depuis, Les patrouilles militaires israéliennes ont fait près de 300 arrestations dans les rangs palestiniens dans le nord de la Cisjordanie, à Naplouse, mais aussi à Hébron. Les militants arrêtés feraient partie du Fatah, du Hamas mais aussi du djihad islamique. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou s’est dit certain que les jeunes israéliens « avaient été enlevés par une organisation terroriste». Lundi dernier, un jeune palestinien a été tué par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jalazone, près de Ramallah. Il vient s’ajouter aux deux jeunes victimes palestiniennes qui ont été tués le Week-end dernier.
De son côté, le Hamas a appelé les responsables du rapt à exiger le prix le plus élevé pour la libération des trois étudiants. Aucun responsable du mouvement islamiste n’a revendiqué le kidnapping.
Un objectif politique
L’opération militaire intervient dans un contexte qui met le gouvernement israélien dans une posture inconfortable. En effet, si l’objectif initial est de retrouver les jeunes étudiants enlevés, l’action de l’armée israélienne va beaucoup plus loin.
Selon Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, Israël cherche à détruire l’unité des palestiniens. Depuis le 2 juin 2014, le Fatah et le Hamas forment un gouvernement d’union nationale, ce qui marque théoriquement la fin de la division politique palestinienne entre la Cisjordanie et Gaza. Le cabinet est soutenu par le Hamas et composé de personnalités indépendantes qu’Israël a l’intention de boycotter. On y trouve 17 ministres, dont cinq de Gaza, qui ont pour mission de préparer les élections présidentielle et législatives d’ici la fin de l’année.
La politique extérieure israélienne qui prend son sens dans l’adage « Diviser pour mieux régner » voit d’un très mauvais œil ce gouvernement consensuel palestinien. L’incursion militaire dans le territoire palestinien entend déstabiliser ce gouvernement en accusant une des parties, le Hamas, de rapt et en arrêtant ses militants. Le Premier ministre israélien l’a dit clairement en sommant, jeudi dernier, M. Abbas de « dissoudre l’union avec cette organisation terroriste meurtrière ». Par ailleurs, Israël a arrêté une cinquantaine de Palestiniens qu’elle avait libérés en 2011 en contrepartie de la libération du soldat israélien Gilad Shalit.
Un dernier fait qui n’est pas passé inaperçu, la récente élection à la présidence d’Israël, pour succéder à Shimon Peres, de Reuven Rivlin. Le 10e chef de l’État Israélien est issu du Likoud, une mouvance nationaliste de droite. Il fait même partie de l’aile dure de la droite israélienne. Il ne cache pas son parti pris pour la création du « Grand Israël » alors que Shimon Peres, souhaitait, à l’en croire, la création de deux États indépendants, Israël et la Palestine. Cette élection ne peut qu’entraver le « processus de paix» déjà en mauvaise posture.
Loris Guillaume