Les terres domaniales s’étendent sur 300.000 hectares et constituent un patrimoine national inaliénable qui découle de la nationalisation des terres accaparées par les colons. Elles sont gérées par l’Office des terres domaniales, sous la double tutelle du ministère de l’Agriculture et de celui des Domaines de l’État. Ce sont certes de bonnes terres, mais une grande partie de ces terres est consacrée aux cultures extensives : céréales, vigne et oliviers, avec des rendements limités et un taux d’emploi réduit. Or l’intensification des cultures exige des investissements massifs que l’État ne peut consentir. Il serait trop facile de critiquer la gestion des terres domaniales par l’Office : en fait veiller sur l’exploitation de 300.000 hectares est un casse-tête chinois, même si les domaines en l’objet sont organisés sous forme d’exploitations autonomes ayant chacune ses moyens de production, son personnel et son budget et si des ingénieurs agronomes veillent sur le respect des aspects techniques de la production.
En réalité, l’Office ne dispose pas de gros moyens financiers et pratique la politique de ses moyens, c’est à dire ceux dont dispose l’État et qui sont très limités. Certes il y a des directions centrales communes à tous les domaines comme la direction commerciale, financière ou celle des achats qui facilitent la tâche des gérants d’exploitation. Cependant, l’investissement dans le développement du potentiel de production : implantation d’un réseau d’irrigation, construction d’étables et acquisition d’un cheptel bovin de race pour l’élevage intensif de bovins, plantations d’arbres fruitiers… sont des actions coûteuses, rentables seulement à long terme, donc difficiles à réaliser dans le cadre de l’Office, elles doivent être programmées dans le Budget de l’État.
D’où le recours aux SMDA qui doivent générer la croissance de l’agriculture ainsi que la création d’emplois dans les zones rurales.
Il faut dire que la vente des terres domaniales étant interdite par la loi, la solution médiane pratiquée par l’État consiste à consentir des locations de longue durée à des investisseurs privés, leur permettant d’investir selon un programme convenu par contrat à l’avance et de récupérer le fruit de leurs efforts durant le bail consenti. Ce sont les sociétés de mise en valeur et de développement agricole (SMDA).
Avant la Révolution, les contrats étaient conclus de gré à gré, on connaît les dérives multiples et les graves dérapages qui ont profité entre autres à certains proches de l’ancien régime. Les autorités publiques ont mis plus de trois mois pour trouver une solution de rechange à ces dysfonctionnements. C’est ainsi que 93 SMDA ont été déchus, c’est-à-dire dénonciation des contrats par l’Office pour diverses raisons : non-respect du cahier des charges, mauvaise gestion, non-paiement du loyer, etc, une liste de 45 SMDA a été diffusée à l’intention des investisseurs, éventuels candidats au bénéfice de l’exploitation des terres domaniales.
Il s’agit de 28.000 hectares à intégrer de nouveau dans le cycle de la production agricole. Un nouveau cahier des charges a été établi, avec de nouveaux critères d’attribution pour consacrer la transparence des contrats.
Il y a lieu de remarquer que l’opération a suscité un engouement considérable parmi les centaines de candidats à l’affut de “cette aubaine” qui s’offre à eux. Il y a lieu de remarquer que les fermes proposées à la location sont parmi les exploitations qui recèlent les potentiels de production agricole les plus riches, situées dans des zones à pluviométrie abondante, dotées de sols riches comportant, souvent des cultures irriguées et des plantations fruitières et parfois des étables pour abriter les troupeaux, même si souvent le machinisme agricole ou les arbres fruitiers ont souffert ces derniers mois, de l’abandon ou des pillages organisés par des groupes d’inconnus.
C’est ainsi que 560 dossiers de cahiers des charges ont été retirés mais seulement 418 dossiers de candidature déposés auprès de l’Administration. Il faut croire que certaines conditions, plutôt strictes, ont rebuté plusieurs dizaines de candidats comme les cautions bancaires ou encore les qualifications professionnelles des candidats.
Il faut dire que trois commissions autonomes ont été constituées pour sélectionner les candidats et des numéros ont été affectés aux dossiers déposés pour cacher les noms des candidats et administrer une certaine dose de transparence au choix des heureux bénéficiaires.
Une commission d’évaluation de l’ensemble du dossier et du candidat lui-même, une commission habilitée à juger les critères administratifs et financiers du dossier, une commission focalisée sur les critères techniques.
Il semble que les résultats ont été proclamés, espérons-le en toute équité et objectivité.
Plus important que les critères de sélection et le caractère contraignant du cahier des charges ou encore le montant du loyer, c’est le suivi rigoureux de l’exécution des programmes d’investissement qui importe le plus, c’est aussi le respect strict des emplois à créer et des qualifications professionnelles prévues, ainsi que l’application de la réglementation sociale en vigueur, c’est la qualité de la gestion financière et fiscale.
A-t-on prévu des équipes de contrôleurs compétents et incorruptibles pour veiller sur tout cela ?
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BEI : 2 accords de prêts
La Banque européenne d’investissement à travers le FEMIP, (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement prioritaire), confirme une fois de plus son soutien à la Tunisie en accordant deux nouveaux crédits d’un montant total de 90 ME, soit près de 190 MD. Les accords ont été signés le 20 décembre à Tunis par M. Lamine Doghri, ministre du Développement et de la coopération internationale et Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la BEI en présence de M. Mehdi Jomâa, ministre de l’Industrie, pressenti pour être le futur chef du gouvernement.
Il s’agit de financer deux projets-clefs qui auront un impact direct sur la vie quotidienne des Tunisiens. D’une part, le développement économique et social des collectivités locales pour un montant de 50 ME, accordé à la Caisse de prêts aux collectivités et d’autre part, la dépollution et la réhabilitation du lac de Bizerte pour un montant de 40 MD.
Dans son intervention le Vice-président de la BEI a affirmé que son institution est un partenaire de confiance de la Tunisie, soutenant les PME et renforçant les infrastructures sociales et éducationnelles, elle contribue à la croissance économique et à l’amélioration du marché de l’emploi.
La dépollution du lac de Bizerte améliore les conditions de vie de la population, favorise le tourisme et la pêche et attire les investissements futurs.
Prêt coréen : acquisition de 8 locomotives
K-EXIM, la banque coréenne qui finance les exportations a contribué de façon sensible au financement de l’acquisition par la SNCFT de 8 locomotives électriques destinées à renforcer la desserte de la banlieue sud de Tunis.
Deux raisons pourraient justifier ce choix, d’abord, les trains coréens coûtent, à performances égales, 30% moins cher que leurs concurrents. Ensuite, la diversification des sources de financement et des conditions de crédits plus favorables.
C’est ainsi que le coût total du projet s’élève à 40.274.226 euros : 85% de ce montant sont destinés aux 8 locomotives.
Le crédit porte sur 25.674.820 euros alors que le reliquat est financé par la JICA, Agence japonaise de coopération économique.
Le crédit coréen est remboursable sur 10 ans, avec un délai de grâce de deux ans et porte un intérêt annuel de 2,8%.
En effet, la banlieue sud de Tunis connaît une croissance démographique et urbaine rapide puisqu’elle s’étend jusqu’à la cité Erriadh, entre Hammam Chott et Soliman, alors qu’elle était depuis toujours desservie dans des conditions de transport ferroviaire plutôt pénibles. Les huit nouvelles locomotives permettront d’améliorer le confort, la rapidité, la fréquence et capacité de transport, en renforçant le parc actuel de locomotives électriques de la SNCFT qui en a vraiment besoin.
UE : Don de 209 MD
Deux dons totalisant 209 MD ont fait l’objet de deux conventions signées entre le ministre du Développement et de la coopération internationale Lamine Doghri et Mme Laura Baeza, chef de la Délégation de la commission européenne à Tunis, la semaine dernière.
La première porte sur un montant de 150 MD, dont la moitié sera débloquée avant fin décembre 2013 et l’autre moitié en 2014, destinée à consolider le programme d’appui à la relance économique. Il s’agit de financer l’amélioration de la gouvernance démocratique et socio-économique. C’est le 3e volet du programme qui a été financé en 2011 et 2012.
En ce qui concerne les actions économiques, ce sont les réformes structurelles destinées à améliorer le climat des affaires, favoriser l’investissement et la compétitivité de l’économie nationale.
La 2e convention qui s’élève à 59 MD est destinée à renforcer les ressources et les capacités des collectivités locales, surtout celles des régions défavorisées.
La convention évoque la mise à niveau des capacités techniques : équipements de nettoyage et engins destinés aux travaux d’entretien de la ville.
Il s’agit de renforcer les capacités institutionnelles : rationalisation des dépenses, optimisation des ressources fiscales et non fiscales, renforcement des ressources humaines. Cela permettra l’amélioration des conditions et du cadre de vie dans les villes de l’intérieur. En 2014 le programme d’appui sera porté à 220 MD.
Ainsi, le soutien de l’UE à la Tunisie se poursuit dans cette phase difficile de transition qui s’éternise.
Un plan d’urgence pour le tourisme saharien
La crise du tourisme saharien a atteint son apogée en 2013 avec une régression de 15% des entrées soit 147.000 à fin novembre et une baisse de 16% des nuitées.
Cette situation a engendré la fermeture de 17 hôtels dans la région, suite à des difficultés financières et de commercialisation, ce qui a provoqué la perte de 2000 emplois environ.
La répercussion sur le secteur touristique, commercial et de services dans les gouvernorats de Tozeur et de Kebili sont catastrophiques. Le tourisme de congrès et évènementiel qui ont fait la réputation du tourisme saharien à Nefta et Tozeur avec les tournages de films célèbres comme la Guerre des étoiles, sur le site de Onk Jmel, les incentives des grandes marques de cosmétique et les présentations de collections de haute couture, ont disparu. Ils ont été remplacés par des excursions de courte durée à partir des zones touristiques balnéaires.
La qualité des prestations de service est passée du 4-5 étoiles aux 2-3 étoiles avec une baisse des prix. La fermeture du Musée privé Dar Chraïet a porté un sérieux coup à l’attractivité du produit ainsi que la suppression des vols réguliers directs à vocation internationale. Le plan d’urgence destiné à sauver le tourisme saharien et arrêté par l’ONTT porte sur trois ans. 2014-2016 et un budget de 18 millions de dinars a été décidé dans ce but.
L’AFT a réservé un terrain de 5 ha, destiné à abriter un centre de congrès conforme aux normes internationales avec une capacité de 1000 congressistes.
Un plan de propreté et d’aménagement des circuits et pistes touristiques a été décidé. Il est prévu d’adopter un plan de communication avec adoption d’un logo et d’une signature distinctive. La relance de l’activité de l’aéroport de Tozeur-Nefta est à l’étude. L’ONTT prendrait à sa charge la compensation des vols quotidiens Tunis-Tozeur et le ministère du Transport, celui des vols hebdomadaires directs, deux capitales européennes-Tozeur.
Ridha Lahmar