L’année 2024 n’est pas à regretter. On n’en retiendra que les guerres. En Ukraine, à Gaza, au Liban, en Syrie, au Soudan et d’autres tensions dans d’autres régions du monde. La guerre génocidaire de l’entité sioniste contre Gaza aura mis à nu une hypocrisie insoupçonnée de l’Occident, un degré d’acceptation du crime de guerre et du crime contre l’humanité inimaginables avant le traitement inhumain infligé aux civils palestiniens par les dirigeants politiques israéliens et leur armée, l’indécence de pratiquer au vu et au su de tous le scandaleux « deux poids deux mesures » par des soi-disant démocraties légendaires, temples de la défense des droits de l’homme. Plus maintenant.
Ces idéaux ont été piétinés par leurs propres initiateurs et supposés gardiens. A la surprise des populations du Sud dont ils étaient les modèles. Plus maintenant.
Gaza et les souffrances indescriptibles des Gazaouis ont tout dévoilé. En 2024, le monde s’est réveillé sur un gros mensonge : le droit international, la justice internationale, les Nations unies et la liberté de la presse. Les plus vulnérables de ses habitants ont vu ce qu’est la loi du plus fort, la loi de la jungle : le massacre d’un peuple dans l’impunité totale et la compromission des médias, avec le soutien et la bénédiction des plus puissants, les fournisseurs des armements et de la protection au fossoyeur de l’humanité des opprimés, des colonisés et de la conscience humaine.
Dans le silence, la complicité et l’interdiction de défendre les droits des Palestiniens et de la Palestine ou de brandir son étendard.
Il y a aussi la Syrie. L’arnaque du siècle. Livrée aux sinistres organisations terroristes que l’Occident et les pays arabes ont combattues, poursuivies, diabolisées, à juste titre, pendant plus d’une décennie. Pour avoir exécuté le plan de destitution de la dynastie Al Assad, Bachar ayant refusé de composer avec les sollicitations turques anti-kurdes, semblerait-il, d’anciens chefs d’Al Qaïda et de l’EI sont aujourd’hui les maîtres de la Syrie avec la bénédiction des Etats-Unis et de l’Europe, l’Occident qu’ils ont longtemps terrorisé. Un des chefs, dont la tête était mise à prix par les Américains, est aujourd’hui couru et sollicité par tous les grands dirigeants de ce monde. Décidément, l’indécence n’a plus de raison d’avoir honte. Mais, de grâce, qu’on ne nous parle pas de révolution populaire pour l’idéal démocratique ! On a essayé les islamistes radicaux en Tunisie. Aujourd’hui, ils sont jugés pour terrorisme, pour avoir enrôlé de jeunes Tunisiens pour alimenter les rangs des djihadistes syriens, les actuels dirigeants syriens, pour détournement de fonds publics, etc. Et ce n’est pas tout. La Syrie est en train d’être déchiquetée par Israël au Sud et la Turquie au Nord. Israël a conquis de nouveaux vastes espaces après avoir anéanti les capacités militaires de la Syrie et mis à ras le sol les institutions de l’Etat syrien. Dans le mutisme total et l’insouciance affichée du nouvel homme fort de la Syrie, le chef de la « révolution » syrienne, Al Joulani, qui a promis à l’entité sioniste que plus aucune attaque ne sera lancée de Syrie contre Israël. Et le tour est joué. Bien sûr, il serait injuste de ne pas mentionner la complicité de certains pays arabes qui pensent avoir été, ainsi, débarrassés de la menace terroriste dont ils avaient la phobie. Avec des garanties occidentales.
Le Soudan n’est qu’un autre scénario du chaos que peuvent entraîner les complots concoctés par des pays étrangers dans le but de spolier les richesses naturelles ou de s’implanter dans une région stratégique. D’autres pays arabes riches seraient, eux aussi, sous la menace de complots similaires. Plus de quoi s’étonner tant que la solidarité arabe n’est qu’un slogan creux relayé dans les discours pompeux des dirigeants arabes.
Cette année 2024 a changé le monde, en pire. Un nouvel ordre mondial tente de s’imposer par la force, par les guerres, par une nouvelle doctrine selon laquelle seuls les forts doivent régner et les autres doivent disparaître. Et dans ce chamboulement, ce sont le lobby sioniste et ses nouveaux pédants de l’extrême droite qui règnent et mènent la barque vers le naufrage de la conscience humaine. Une situation à faire dresser les cheveux sur la tête de ceux qui veulent continuer de croire qu’un monde meilleur est toujours possible. Ceux-là sont taxés d’antisémitisme, licenciés de leur emploi, interpellés lors des manifestations pro-Gaza et, si besoin, jugés.
Il n’y a rien à regretter de 2024, mais le pire est à venir. Gaza est rasée, inhabitable pour les survivants dans le cas où un cessez-le-feu serita décidé en 2025. Sans oublier que l’armée israélienne ne compte pas se retirer des territoires palestiniens et que le calvaire des Palestiniens n’est pas près de se terminer. Quant aux Syriens, l’euphorie de la libération passée, ils se rendront compte, trop tard, que la Syrie n’est plus et qu’ils devront se contenter des miettes que les Israéliens auront laissé tomber, parce qu’elles ne sont pas nécessaires à leur projet du « Grand Israël ». Et de la présence militaire turque au Nord-Est dans une zone tampon indispensable pour la sécurité d’Erdogan.
L’année 2025, c’est aussi le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche avec ses excès, ses imprévisions, son audace et son arrogance. Il a promis d’arrêter toutes les guerres, celles qu’il n’a pas allumées de ses mains. Toutefois, une autre pourrait être déclenchée avec la Chine dont les prémices sont visibles autour de Taïwan, tandis qu’une autre bat déjà son plein, elle est commerciale et économique.
Y a-t-il quelqu’un capable de sauver le monde ? Où sont les gardiens de la conscience humaine, institutions, leaders politiques, philosophes, sociologues, poètes et autres faiseurs de conscience ? On se croyait à l’abri des injustices grâce aux dirigeants bien-pensants qui ont fait l’ONU, le droit international, la justice internationale. Ces maîtres, aujourd’hui disparus, ne sont plus compris par leurs successeurs. Heureusement qu’il reste encore quelques rares disciples des grands hommes d’Etat d’antan. Ceux-là s’interrogent s’il y a encore des gardiens de la conscience. L’ancien ministre des Affaires étrangères français, Dominique de Villepin, les avait, déjà, interpellés en 2003 avant l’intervention militaire atlantiste en Irak. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le 14 février 2003, il avait prononcé un discours historique, resté gravé dans les mémoires, dans lequel il disait : « Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience… ». Ce fut un temps où les hommes d’Etat avaient la parole libre et la conscience des dirigeants responsables de leurs actes.
Il n’en reste plus rien.
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