Oussama Mellouli, le nageur tunisien qui n’écoutait pas sa douleur

Etre champion olympique est une chose. Le redevenir quatre ans plus tard dans une autre catégorie de sa spécialité – la natation pour Oussama Mellouli – en est une autre. Pourtant, le Tunisien, désormais âgé de 37 ans, a réussi cette performance ne réunissant qu’un cercle très restreint d’athlètes.
Son premier titre olympique, Oussama Mellouli le décroche à Pékin, en 2008, dans une catégorie – le 1 500 mètres nage libre – où il avait déjà obtenu quelques résultats, dont une médaille d’or aux Jeux africains de 2003 à Abuja (Nigeria). La victoire est d’autant plus remarquable que le nageur souffre alors d’une double hernie discale depuis de longues semaines. Une blessure éprouvante qui l’a privé de compétitions avant Pékin et le fait douter dans les derniers instants.
« La douleur était là, même si je faisais le maximum pour l’ignorer, ou du moins la relativiser. Lors de la course sur 400 mètres nage libre, j’ai fini à la cinquième position et cela m’a alerté », se souvient-il dans un entretien avec Le Monde Afrique. Avant la finale du 1 500 mètres nage libre, Oussama Mellouli tente une nouvelle fois de faire abstraction de ce mal qui le ronge.
« Lors de ma carrière, quand je dois faire face à une difficulté, je puise dans mes ressources mentales, explique-t-il. Oui, 1 500 mètres c’est long, surtout dans ces conditions. Et encore plus quand on a face à soi des adversaires de très haut niveau. »
*Fêté comme un héros national
Parmi eux, l’Australien Grant Hackett, double champion olympique en 2000 et 2004, ou le prometteur Canadien Ryan Cochrane. « Ils n’étaient pas au courant de mes ennuis physiques. J’ai su doser mes efforts et, sur les dernières longueurs, j’ai pu passer devant eux avec un très beau temps (14’40’’84) », précise-t-il.
Quand il touche le bord du bassin, Oussama Mellouli met fin à quarante années d’attente pour la Tunisie, puisque le dernier – et premier – titre olympique datait de 1968, obtenu à Mexico par le spécialiste des courses de fond, Mohammed Gammoudi, sur 5 000 mètres. A Tunis, quatre décennies plus tard, Oussama Mellouli est fêté comme un héros national.
Mais le nageur en veut toujours davantage. Quatre ans après, à Londres, il remporte une nouvelle médaille d’or sur 10 kilomètres en eau libre, lui le spécialiste du bassin. « Mon staff technique m’avait influencé en me disant que j’avais les qualités pour réussir dans cette catégorie. C’était quelques mois avant les jeux », relate-t-il.
Le champion se laisse convaincre et commence à disputer des compétitions. Mais à Londres, comme en 2008, il doit faire face à un imprévu, cette fois-là quarante-huit heures avant la course. Affaibli par un virus sans doute contracté lors d’un entraînement dans la rivière Serpentine, à Hyde Park, le nageur se retrouve alité : « Je n’étais pas bien, j’avais de la fièvre et je n’ai même pas pu m’échauffer normalement avant le départ. »
*Mental d’acier
Son mental d’acier, qui lui avait déjà permis de surmonter ses douleurs dorsales en Chine, se révèle une nouvelle fois décisif dans l’eau londonienne. « J’avais élaboré une stratégie pour ma course, en tenant compte de mon état de santé, qui consistait à m’échapper à mi-parcours. Il fallait que je gère mes efforts, jusqu’à ce que je me sente capable d’accélérer. J’étais bien, animé par la volonté d’aller chercher cette médaille d’or. Je ne ressentais plus les effets de ce virus, la fatigue avait disparu, c’était magique », se souvient-il.
Il ne lâchera plus la première place et, avec un temps de 1 h 49 min 55 s, il devance de plus de trois secondes l’Allemand Thomas Lurz, alors que le Canadien Richard Weinberger termine à la troisième place. « Ce titre était peut-être encore plus fort que le premier, obtenu sur une distance que je connaissais et maîtrisais parfaitement. Quelques mois avant Londres, je n’imaginais pas concourir sur 10 kilomètres », explique le Tunisien.
A Tokyo, il va dû disputer ses sixièmes JO. Pourtant, le 20 juillet, il annonçait y renoncer. Non pas à cause d’un problème physique mais d’un différend financier avec la fédération tunisienne. Il va participer aux 10 kilomètres en eau libre le 5 août, lui qui assurait, il y a encore quelques jours, avoir « toujours envie de battre des records ».
Un compatriote lui a emboîté le pas : à seulement 18 ans, Ahmed Ayoub Hafnaoui a remporté à la surprise générale, dimanche 25 juillet, le 400 mètres nage libre.
(Le Monde)

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