Un idéal artistique commun?

L’ouverture de la 48ème édition du Festival de Carthage a été 100% tunisienne avec un spectacle intitulé « Isteftah » qui a pour racine «Fatiha», «Fath», une  connotation religieuse que nous espérons de bon augure.  

 

Le spectacle prévu à 21h30 n’a commencé qu’à 22h15mn au grand soulagement d’un public venu nombreux et qui commençait à s’impatienter par les sempiternels applaudissements. Plusieurs membres du gouvernement étaient présents et c’est sans doute à cause de quelques uns qui tardaient à arriver que l’on a eu tendance à expliquer le retard.

 Un présentateur invisible prit d’un coup la parole dans un petit discours inaugural sans âme ni saveur.

Les lumières s’éteignent et la scène s’éclaire : un beau bouquet d’artistes accompagnent le chef d’orchestre Zied Gharsa qui a conduit tout au long de la soirée le spectacle. La première partie a été dédiée au « malouf » en mode « Sika tunisien », la seconde partie a été consacrée au patrimoine du terroir  en hommage  en particulier à des artistes du pays, tels feu Ali Riahi « Motreb El Khadhra » et aux grands noms de la chanson tunisienne. Un écran lumineux faisait défiler les photos d’artistes d’une époque nostalgique pour la majorité du public : Saliha, Oulaya, Safia Chamia, Jamoussi, Ahmed Hamza…Ils étaient là comme ressuscités par cette revisite de l’histoire musicale du pays.

La scène a accueilli tour à tour des chanteuses et chanteurs où les plus jeunes et les moins connus ont eu la part du lion dans le spectacle. Ils se sont produits en solo ou en duo. Les jeunes femmes portaient toutes des tenues aux couleurs vives égayant encore plus, la scène alors que leur ainées avaient des tenues beaucoup plus sobres dans les tons du noir et du gris. Une émotion en couleur planait également sur les visages de ces artistes. En effet, quel artiste quel que  soit son nom n’a pas rêvé de la scène de Carthage ? La place a été accordée en « majuscule » aux jeunes chanteurs par les plus anciens qui ont juste joué le rôle de la chorale. « Nous nous sommes effacés pour leur céder la place, affirme Leila Hjaiej. Nous voulions prouver ainsi, que les artistes qui ont répondu présents spontanément et sans calcul à l’appel,  bénéficient d’une solidarité des plus anciens pour un idéal artistique commun. C’est une première que de réunir autant d’artistes dans un même spectacle où le contenant a été plus important sans doute que le contenu. Notre objectif est d’adresser un message: « nous ne voulions plus que les artistes soient divisés et par conséquent le pays non plus»

En effet,  Ils étaient  plus de 40 artistes qui ont chanté la « tunisianité artistique ». La Révolution n’a pas été oubliée, elle a eu sa part également en consacrant la primauté aux jeunes artistes. Pendant près de deux heures, sans entracte, le public a vibré en reprenant avec les chanteurs, les anciens succès tout en lui faisant  découvrir les chanteurs en herbe dont certains ont surpris agréablement.  A la fin de la soirée qui s’est terminée encore plus haute en couleur comme si les tenues des artistes avaient pris plus de luminosité pour chanter en chœur. Le public s’est levé d’un coup complice pour accompagner les artistes chantant l’hymne national. L’émotion avait atteint son paroxysme. Une autre génération de chanteurs, assis au premier rang, ont été appelés sur scène pour leur rendre hommage, tels que Mohamed Ahmed, Soulaf, Aïcha, Mohamed El Euch, Souad Mahassen, Mohsen Rais, Noureddine Béji, Taoukik Naceur….

 

Nadia Ayadi

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