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Le porte-parole de la Cour d’appel de Tunis, Habib Torkhani a révélé lundi 10 janvier que le procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis a ouvert une enquête sur les circonstances du décès de l’homme d’affaires Jilani Dabboussi.
L’enquête a été ouverte pour tentative de meurtre avec préméditation, torture et mauvais traitement conformément aux articles 32, 59, 201, 202, 101 bis et 143 du Code pénal, a-t-il précisé à l’agence TAP.
« Une autorisation émise ce lundi par la ministre de la Justice, conformément aux dispositions de l’article 23 du code de procédure pénale, au procureur général près la Cour d’appel de Tunis concernant la mort de Jilani Dabboussi a permis d’ouvrir une action en justice », relève Torkhani.
« La plainte fait état de violations criantes du pacte international relatif aux droits civils et politiques commises par la Tunisie contre l’ancien député sous l’ère Bourguiba et Ben Ali, avance le fils de la victime, Sami Dabboussi. Jilani Dabboussi a été maintenu en détention préventive bien au-delà de la durée légale, fixée à 14 mois, puisqu’il y est resté deux ans et demi malgré la détérioration de son état de santé, sans procès, et en dépit des nombreuses et vaines demandes de libération provisoire déposées par ses avocats ».
*Un vrai scandale, une longue incarcération sans procès !
Rappelons que l’ancien député élu de 1981 à 1986 sous le règne de Bourguiba, puis en 1989 sous celui de Ben Ali, médecin et homme d’affaires franco-tunisien est mort subitement le 8 mai 2014 quelques heures à peine après sa sortie de prison. Il était incarcéré depuis deux ans et demi aux prisons de Bulla Régia et de Mornaguia.
Il a dû passer 31 mois d’incarcération sans procès ! Diabétique, mais en bonne santé à son entrée à l’hôpital, Dabboussi ne peut pas se soigner correctement en prison. Après un infarctus, le traitement débouche sur une insuffisance rénale et le maire de Tabarka, où il a promu un tas de festival, dont celui international de Jazz est obligé de se pratiquer une dialyse. « S’il n’était pas médecin, il serait mort dès le début », soupire son épouse, Annie. Sa fille Sarah renchérit : « C’est quand même le seul prisonnier à devoir se pratiquer une dialyse sur lui-même ! »
Il s’affaiblissait de jour en jour », se souvient Annie. Les mois passent et Jilani ne fait l’objet d’aucun procès. « Il était persuadé de son innocence, qu’il allait sortir. Les plaintes arrivaient, n’étaient suivies d’aucun fait, se souvient Sarah. Même aujourd’hui, on n’a toujours pas les papiers avec les chefs d’accusation. »
Un vrai scandale !
Le 9 avril 2019, la commission des droits de l’homme des Nations unies avait jugé ” recevable « une plainte déposée contre l’Etat Tunisien sur les circonstances ayant entouré sa mort », selon son fils.
De son côté, sa fille Sarah, médecin généraliste au quartier Croix-Rouge à Reims,
se bat depuis 2014 pour que l’Etat tunisien reconnaisse son implication dans la mort de son père.
« Jilani Dabboussi a été à la tête de la ville de Tabarka pendant dix ans. Il n’a jamais accepté d’être nommé quelque part, il ne voulait que des mandats pour lesquels il était élu », souligne Sarah.