Les signataires du pacte de Carthage 2 parmi les chefs de partis politiques et des organisations nationales, se sont réunis ce lundi 14 mai 2018 pour trancher quant au sort du gouvernement d’union nationale conduit par Youssef Chahed, sa composition et les différents points de vue relatifs à certains dossiers économiques et sociaux en suspens entre la centrale syndicale et la partie gouvernementale.
« Nous inaugurons aujourd’hui cette séance tant attendue, mais pas avant de féliciter le peuple tunisien pour le succès des élections municipales, et ce, bien qu’il y ait des hauts et des bas quant à son analyse et son évaluation. Mais il faut avouer que l’achèvement de ces élections en lui même est un bon signe. Il y a eu des perturbations et des points de vue diversifiés quant à sa tenue notamment dans les rangs des partis politiques. Mais ce qui importe le plus, c’est que ces élections ont finalement eu lieu, chose qui nous a permis d’adresser un message fort au monde faisant preuve de l’attachement de la Tunisie au processus démocratique. Les félicitations qui nous ont été adressées d’ici et de là sont la preuve que la Tunisie est aujourd’hui sur la bonne voie… Le peuple tunisien est aujourd’hui convaincu que seules les élections et les urnes pourraient conduire la Tunisie vers davantage de progrès et de réussite. Malheureusement, la réussite de la Tunisie en matière de transition démocratique n’a pas conduit vers une réussite sur les plans économique et social. Mais ceci ne veut pas dire que nous sommes sur la mauvaise voie. » a lancé le président de la République Beji Caid Essebsi lors de son allocution de bienvenue.
Le chef de l’Etat a rappelé que le pacte de Carthage 1 a réalisé des résultats satisfaisants. « Toutefois, j’ai remarqué un certain flou par rapport au contenu de ce document et de ses principes. Bref, les élections ont donné lieu à des résultats bien déterminés. Et selon les règles de la démocratie, c’est aux majoritaires de prendre le pouvoir tout en tenant à respecter les minorités. Mais, nous, nous avons choisi une autre voie, dont les résultats n’étaient pas réellement satisfaisants aux yeux des tunisiens, chose qui avait été à l’origine d’appels à la tenue de nouvelles élections législatives et présidentielles partielles. C’est dans ce contexte que l’idée de la formation d’un gouvernement d’union nationale a vu le jour. » a-t-il expliqué.
Il a ajouté que le pacte de Carthage représente toutes les institutions qui pourraient former une ceinture politique au gouvernement. « Ces institutions ont toutes exprimé leurs points de vue. Ces derniers ne sont pas tous en harmonie… Nous souhaitons que la centrale syndicale soit acteur dans cette opération, mais pas avec tous les problèmes qu’elle a. Certains parmi ses problèmes avec le gouvernement ne doivent pas être impliqués dans cette démarche. Pareil pour les autres signataires du pacte de Carthage. » a-t-il ajouté.
Il a précisé qu’après la mise en place du plan d’action, il y aura la définition des priorités que le gouvernement s’engagera à réaliser. Il a ajouté que des compromis doivent être trouvés afin de pouvoir exécuter les priorités. « Ce document compte déjà les plus importantes priorités. Il serait préférable de réviser ce document en coordination avec les différentes parties. Nous ne souhaitons exclure aucun point de vue, ni partie. Le deuxième pacte de Carthage est dans un premier temps, une révision du Pacte de Carthage dans sa première version. »
Le président de la République a appelé l’ensemble des signataires du Pacte de Carthage à donner leurs propositions et leurs points de vue par rapport aux différentes questions, tout en appelant chacun d’entre eux à tenter de trouver des consensus avec les autres signataires et à ne pas se contenter de ses propres avis. « Certains nous proposent de changer le gouvernement. Ce n’est pas le plus important, il faut tout d’abord se mettre d’accord sur la politique qu’on doit appliquer et puis nous allons voir qui est le plus apte à l’appliquer »a-t-il ajouté.
Notons que selon Hakaek Online, les représentants de la commission du Pacte de Carthage 2 ont tranché leur position par rapport au gouvernement Chahed. En effet, il aurait été décidé de maintenir Youssef Chahed tout en formant un gouvernement partisan miniature à représentativité parlementaire. Ce gouvernement qui sera privé de participer aux élections de 2019, aura à exécuter la feuille de route du pacte de Carthage 2.
Le mouvement Ennahdha, aurait refusé selon la même source, de changer le gouvernement dans son intégralité, tout en exprimant son attachement à Youssef Chahed. Le parti islamiste explique sa position par la période assez courte qui nous sépare des prochaines élections qui se tiendront en 2019. Le pays a selon lui, besoin d’une certaine stabilité politique.