Paradoxes

Par Ridha Lahmar

Notre pays est de condition modeste, mais notre comportement est celui d’une nation riche. Nous vivons une crise politique et socioéconomique aiguë qui, au lieu de nous inciter à travailler plus et à produire mieux, à rationaliser notre consommation, à adopter un régime d’austérité, nous voit continuer à prendre des vacances, à dépenser sans compter, à organiser des réceptions somptueuses, à emprunter à l’étranger pour consommer.

Alors que le prix du carburant, compensé par l’État, augmente sans cesse, nous importons plus que jamais de grosses berlines luxueuses et des 4×4 gourmands, notamment sur le marché parallèle financé par le trafic de devises.

Les villas cossues se multiplient avec des sources de financement non identifiées, alors que nos besoins portent surtout sur des logements sociaux et économiques. Les promoteurs construisent surtout des milliers de logements de standing.

Les voitures 4 chevaux à privilège fiscal destinées à l’origine à la classe populaire coûtaient 10.000D il y a quelques années, aujourd’hui elles frôlent les 20.000D et ne sont même plus à la portée de la classe moyenne.

Notre pays compte 1300km de côtes, il est tourné vers la mer du nord au sud, la tradition de la pêche remonte à 3000 ans, nous exportons du poisson, mais les prix du poisson et des fruits de mer vont jusqu’à 40D le kg. Personne ne s’en plaint alors que ce ne sont même pas les pêcheurs qui en profitent, mais plutôt les intermédiaires, gacharas et grossistes.

À propos de la prise en considération de la valeur travail, tout reste à faire dans notre pays.

En effet, en tant que pays en voie de développement nous devrions travailler plus que les pays riches pour essayer de rattraper le gap qui nous sépare des nations industrialisées. Or, ce que l’on constate, c’est que dans l’administration publique par exemple où la productivité, la ponctualité et le taux de présence laissaient déjà à désirer, on a tendance à travailler moins. C’est déjà la semaine de 5 jours qui est pratiquée plutôt que celle de 6 jours.

La séance unique estivale héritée de la colonisation bat son plein durant les deux mois d’été en plus du Ramadan.

Durant le mois saint, une période de piété dédiée à l’abstinence et à la frugalité est devenue le mois de tous les dérapages culinaires et gastronomiques : on consomme beaucoup plus et… on travaille beaucoup moins.

Au point où en est le rythme actuel de l’inflation, on est parti pour une accélération négative alors qu’il faudrait briser la spirale infernale de la course-poursuite entre les salaires et les prix pour calmer quelque peu la progression de l’inflation.

Bien sûr, il est très urgent de réduire l’impact néfaste de la contrebande sur les recettes fiscales et la compensation. Les enseignants, passionnés par leur noble mission éducative, revendiquant la retraite à 55 ans, alors que dans d’autres pays la durée de la vie active progresse de 60 vers 65 ans et plus pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, chez nous, on prétexte la “pénibilité du travail” pour partir à la retraite plus tôt afin de mieux se consacrer au “cours particuliers” si rémunérateurs. Cela n’est pas suffisant apparemment et il faudrait réduire l’horaire hebdomadaire déjà “si lourd” de 20 heures à 18 heures par semaine pour les instituteurs. Or, cela a déjà été fait. On a probablement oublié de demander l’extension des vacances d’été, de printemps et d’hiver en plus de celles du milieu de chaque trimestre. Il faudrait peut-être raison garder et aller de temps en temps donner des cours à l’école et dans les lycées afin de permettre aux élèves d’acquérir des connaissances.

Côté gestion budgétaire : l’État, les entreprises économiques et les ménages sont logés à la même enseigne.

Tous vivent au-dessus de leurs moyens. Le train de vie de l’État dépasse ses recettes, alors c’est la fuite en avant : on emprunte. Les entreprises et les ménages s’endettent pour couvrir leurs besoins au lieu de réduire les frais et de pratiquer l’austérité en attendant des jours meilleurs.

Il y a une différence et une erreur d’approche selon la méthode et la logique cartésiennes.

Au lieu de rationaliser et de classer les dépenses par ordre de priorité on s’endette tout en maintenant le même train de vie.

L’État a pour devoir de mettre un frein à la progression de la consommation et à la compensation qui l’encourage, car le budget de la Caisse générale de compensation prévu au Budget 2013 pour 4,2MD (soit 20% du Budget de l’État) finira par atteindre en fait 5,9 MD fin 2013, ce qui est presque 30% du Budget. C’est prohibitif d’une part et d’autre part cette Caisse profite beaucoup plus à la classe privilégiée qu’aux pauvres et à la classe moyenne.

Tout cela fait que dans une économie mondialisée fondée sur la compétition, notre pays est voué à une compétitivité décroissante lourde de conséquences sociales.

C’est pourquoi nous devons nous remettre en question et mettre fin à tous les dysfonctionnements constatés à la faveur du déclenchement de la Révolution du 14 janvier 2011.

 

 

BCT :

Nouvel emprunt japonais de 376 MD

La BCT vient de lever un emprunt Samouraï sur le marché financier intérieur japonais de 376 MD sous forme obligataire avec la garantie de la Banque japonaise de coopération internationale (JBIC). Il s’agit de la 2e opération réalisée dans le cade du partenariat de Deauville, la première ayant consisté en décembre 2012 en 473 MD, l’enveloppe globale étant 50 milliards de yens.

Les deux opérations ont été similaires : deux institutions financières japonaises jouissant d’une grande crédibilité sur le marché international de capitaux, Mitsubishi Morgan Stanley Sécurities et Daïwa securities, ont piloté l’opération.

Il faut dire que la conjoncture politique et économique qui prévaut en Tunisie n’est pas spécialement favorable aux emprunts et, malgré ce climat instable, l’opération a été menée avec succès grâce au prestige des chefs de file et à la garantie de la JBIC.

Il y a lieu de remarquer que la BCT a mené une campagne de promotion active en juillet, ce qui a amené 30 investisseurs institutionnels japonais de différentes tailles, activités et spécialisations : banques, assurances, fonds d’investissements… à souscrire à cet emprunt.

La BCT, faut-il le souligner, bénéficie d’une crédibilité certaine sur le marché japonais qu’elle fréquente depuis 1994.

La maturité de l’emprunt a été fixée à dix ans avec des coupons annuels de 2,4%. 

Cet emprunt va favoriser la liquidité en devises de la BCT dont les réserves connaissent une réduction sensible depuis début 2011.

 

La KFW finance une station de dessalement SONEDE   

La coopération entre l’Allemagne et la Tunisie se porte bien puisque la KFW, la banque de développement allemande, continue à financer des projets économiques en Tunisie malgré la crise politique et économique qui frappe notre pays. En effet, un accord de prêt a été signé récemment entre le ministère du Développement et de l’Investissement extérieur et la KFW d’un montant de 120 MD pour le financement d’une station de dessalement de l’eau de mer à Djerba et à réaliser par la SONEDE.

La capacité de cette station est de 50.0003 par jour, extensible à 75.000 dans une deuxième étape. La croissance démographique de l’île ainsi que le développement du tourisme justifient cette opération. 

En deuxième lieu, il y a le souci de ménager l’exploitation de la nappe phréatique à l’intérieur du pays, qui alimente l’approvisionnement de la population en eau potable, ainsi que l’amélioration de la qualité de cette eau.

Il faut dire que cette station va bénéficier à l’approvisionnement d’une population de 20.000 habitants, approvisionnement qui connaît des difficultés durant les périodes de pointe de l’été chaque année.

Il y a lieu de remarquer que l’évolution de la consommation d’eau potable dans notre pays sera marquée à l’avenir par la rareté des ressources renouvelables en eau douce disponibles, soit 460 m3 par an et par habitant en 2011.

 

Tourisme : adoption d’un plan d’action urgent

Le ministère du Tourisme vient d’adopter un plan d’action en urgence destiné à relancer l’image de la destination Tunisie qui a reçu ces dernières semaines plusieurs coups de griffe suite aux évènements terroristes et sécuritaires, dont les assassinats politiques et la crise des institutions. Ce plan a été élaboré en coopération étroite avec les représentants de l’ONTT sur les marchés émetteurs de touristes. Il comporte plusieurs volets, dont le renforcement de la communication numérique relative à la situation politique et sécuritaire dans le pays suite aux derniers événements.

Il y a également l’invitation des tours opérateurs, des responsables des agences de voyage et des responsables des circuits de distribution et de commercialisation des produits.

À ce propos, la diffusion des déclarations des touristes qui ont visité la Tunisie revêt une importance particulière, celle de l’authenticité du vécu et de la spontanéité des témoins oculaires.

Le ministre du Tourisme a recommandé aux responsables du marketing et de la commercialisation du siège d’organiser une veille permanente et stratégique, relative au comportement des marchés émetteurs, d’être en contact étroit avec les professionnels du secteur et les représentants du tourisme tunisien à l’étranger pour une fiabilité de la circulation de l’information. L’attention sera particulièrement portée sur l’opportunité des campagnes de promotion futures à organiser en Europe.   

 

La BAD finance deux projets intégrés dans le Sud

D’après une étude faite par la BAD, les économistes ont constaté que 65% des investissements des activités économiques et des services publics sont implantés dans les zones côtières, ce qui accentue la pauvreté des zones intérieures.

Pour essayer de “changer les choses” la BAD est disposée à financer deux projets de développement agricole intégré après avoir approfondi les études et l’évaluation des coûts. L’un au nord et Gafsa et l’autre au sud et Gabès dans le but de réduire les disparités régionales et la pauvreté.

Il s’agit de créer des infrastructures rurales : 29 forages profonds pour l’irrigation et l’alimentation de la population en eau potable, implantation de 17 piézomètres pour le contrôle de l’évolution des nappes ainsi que le développement des activités agricoles : plantations fruitières irriguées, amélioration des parcours… 

Le projet comporte également la création de micro-exploitations au profit de jeunes promoteurs avec renforcement des capacités des bénéficiaires, acquisition de véhicules et équipements informatiques pour la gestion de l’ensemble du projet. Des audits annuels seront organisés pour évaluer l’état d’avancement de la réalisation du projet.

L’irrigation portera sur 180 ha avec électrification des puits, celle d’appoint portera sur 200 ha avec aménagement de pistes rurales sur 118 kilomètres et amélioration des parcours pour l’élevage extensif sur 700 ha.

La réalisation des deux projets prendra plusieurs années, car cela nécessitera plusieurs phases.

Ridha Lahmar 

 

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