Les relations entre Paris et Alger connaissent une nouvelle zone de turbulence. Le Premier ministre français François Bayrou a annoncé, mercredi 26 février, la volonté de son gouvernement de revoir l’ensemble des accords franco-algériens, invoquant des manquements dans leur application, notamment en matière de rapatriement des ressortissants en situation irrégulière.
Cette décision fait suite à l’attaque au couteau survenue à Mulhouse, où un Algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) a tué une personne et blessé sept autres. Selon François Bayrou, ce drame est le résultat direct du refus de l’Algérie de reprendre ce ressortissant, malgré quatorze tentatives de réadmission. « Nous ne pouvons plus tolérer de telles situations », a-t-il déclaré lors d’un point presse.
Un délai d’un mois à six semaines a été fixé pour renégocier ces accords, avec la présentation imminente à Alger d’une liste de personnes à expulser jugées « particulièrement sensibles ». Le Premier ministre n’exclut pas, en cas d’impasse, une remise en cause totale de ces accords, y compris ceux de 1968 régissant le statut particulier des Algériens en France.
Une réaction virulente d’Alger
Face à cette annonce, le gouvernement algérien a dénoncé une « provocation » et accusé la France de vouloir instrumentaliser l’Algérie à des fins politiques internes. Le ministère algérien des Affaires étrangères a fustigé une décision dictée par un climat politique marqué par la montée de l’extrême droite, avertissant que toute mesure jugée hostile entraînerait une réponse « stricte et immédiate ».
Alger a également exprimé son « étonnement » face aux nouvelles restrictions imposées aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens souhaitant se rendre en France. Le gouvernement affirme n’avoir reçu aucune notification préalable de ces mesures, ce qui contreviendrait aux accords bilatéraux en vigueur.
Un durcissement de la politique migratoire française
Parallèlement à cette tension diplomatique, François Bayrou a réaffirmé la volonté de son gouvernement de renforcer le contrôle des flux migratoires. Une « force frontière », déjà expérimentée à la frontière franco-italienne, sera généralisée afin d’améliorer la surveillance et les expulsions. Un audit interministériel a également été commandé pour revoir la politique de délivrance des visas, en fonction du niveau de coopération des pays d’origine.
Dans ce contexte, la mise en œuvre du Pacte européen sur l’asile et la migration, prévue pour mi-2026, devient une priorité pour l’exécutif français. Ce texte prévoit un renforcement du filtrage aux frontières ainsi qu’un partage des responsabilités entre les États membres de l’Union européenne.
Un avenir incertain pour les relations franco-algériennes
Alors que les tensions entre Paris et Alger ne cessent de s’intensifier, l’issue de cette crise diplomatique reste incertaine. Si la France souhaite durcir le ton sur l’immigration, l’Algérie rejette toute pression et prévient que toute décision unilatérale pourrait avoir des répercussions sur les relations bilatérales. À l’approche des négociations, les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir des accords franco-algériens.